mercredi 6 octobre 2010

Proposition indécente

publié le mardi 5 octobre 2010
Constance Desloire

 
Israël a tenté de troquer avec Washington la libération d’un juif américain accusé d’espionnage contre une petite mise en sursis de la colonisation des territoires palestiniens.
Après avoir estimé, en juillet dernier, que la libération du seul soldat Gilad Shalit, otage du Hamas depuis plus de quatre ans, pouvait valoir celle d’un millier de prisonniers palestiniens, Israël a de nouveau fait la preuve de son sens particulier de la mesure, cette fois avec son principal allié, les États-Unis. Selon la radio militaire israélienne, le gouvernement Netanyahou aurait demandé à Washington la libération de Jonathan Jay Pollard, un juif américain purgeant depuis 1987 une peine de prison à vie aux États-Unis pour espionnage, en échange… d’une prorogation de trois mois du moratoire sur la colonisation, qui expirait le 26 septembre.
Ancien agent des services de renseignements de la marine, Pollard, 56 ans aujourd’hui, avait livré à Tel-Aviv des centaines de documents classifiés entre 1984 et 1985. Déjà sous Bill Clinton, les tractations autour du sort de Pollard, qu’Israël veut à tout prix faire libérer, avaient « pollué » les négociations de paix avec les Palestiniens, mais l’ancien président américain n’y avait pas donné suite. Aujourd’hui, Netanyahou voit dans cette libération un moyen de s’assurer un peu plus de souplesse de la part des membres les plus à droite de sa coalition gouvernementale, qui considèrent Pollard comme un héros.
En 2001, le Service de recherche du Congrès américain (CRS) avait examiné les arguments favorables et défavorables à la libération de Pollard. En tête des sept avantages de son élargissement, le CRS avait, sans rire, cité une « contribution au processus de paix ». À quand Pollard Prix Nobel de la paix  ?