mercredi 15 septembre 2010

Réalisme

Partant du fait que la poursuite du conflit palestino-israélien nuit à la sécurité et aux intérêts des Etats-Unis au Moyen-Orient et, au-delà, dans le monde islamique en général, le président Barack Obama a décidé de parrainer la reprise des négociations de paix entre l’Autorité palestinienne et le gouvernement israélien et de s’y investir personnellement en vue d’un accord-cadre d’ici un an.
Mais l’échec d’Obama à exercer suffisamment de pressions sur l’Etat hébreu pour qu’il gèle la construction dans les colonies de peuplement juif en Cisjordanie et à Jérusalem-Est et lève le blocus inhumain imposé à la bande de Gaza a vite douché les espoirs qui étaient portés sur lui dans le monde arabo-musulman depuis son investiture en janvier 2009, et surtout après son discours au monde islamique prononcé au Caire en juin de la même année. Les Arabes, quoique convaincus des bonnes intentions du locataire de la Maison Blanche, pensent désormais que celui-ci est incapable d’apporter des changements réels à la politique proche-orientale des Etats-Unis et qu’il cède trop souvent au Congrès pro-israélien et au lobby juif américain.
La reprise le 2 septembre à Washington, sous la pression des Etats-Unis, des pourparlers palestino-israéliens a renforcé cette conviction, puisque cette relance du processus de paix s’est faite aux dépens des Palestiniens qui se sont vus refusés tout rappel des principes garantissant un règlement juste du conflit. Cédant aux pressions de Tel-Aviv qui rejette ce qu’il appelle des conditions préalables, Washington a accepté d’omettre toute référence aux principes du règlement de la question palestinienne reconnus par la communauté internationale, dont les Etats-Unis.
Dans son approche du conflit palestino-israélien, le président Obama tient sans doute compte des sentiments pro-israéliens répandus chez l’opinion publique américaine. Plus important : 40 % des contributions financières aux candidats de son parti démocrate proviennent de membres de la communauté juive américaine. Cette réalité prend tout son sens à l’approche des élections partielles du Congrès en novembre prochain. Les observateurs américains s’accordent à dire qu’au moins d’ici là toute forte pression sur Israël serait exclue. Ces pressions présidentielles sont pourtant nécessaires pour forcer l’Etat juif à faire les concessions nécessaires à un règlement global et durable.
Il serait finalement erroné de placer trop d’espoirs sur Obama. Dans sa tentative de mieux servir les intérêts de son pays et d’améliorer sa stature dans le monde arabo-musulman, le président américain a entamé un processus de désengagement militaire d’Iraq et relancé le processus de paix palestino-israélien en insistant sur le rôle de médiateur honnête des Etats-Unis. En faisant cela, Obama n’a pas modifié la politique américaine traditionnelle au Moyen-Orient. Au contraire, il a voulu mettre un terme à la politique radicale de son prédécesseur George W. Bush, propulsée par les néoconservateurs, qui fait l’exception et non la règle dans la politique étrangère des Etats-Unis au Moyen-Orient et ailleurs. Obama rejoint ainsi les politiques réalistes et pragmatiques suivies par Bill Clinton et George Bush père.
Dr Hicham Mourad