mercredi 1 septembre 2010

Espoir Palestinien

Que peut-on attendre des négociations directes palestino-israéliennes, qui doivent reprendre jeudi 2 septembre, à Washington ? Parviendraient-elles en un an, conformément au souhait exprimé par les Etats-Unis, à réaliser ce que 17 années n’ont pas pu faire, depuis les accords d’Oslo en 1993 ?
L’objectif de ces négociations est d’aboutir à un accord-cadre censé mettre un terme au conflit palestino-israélien. Sur quelles bases ? Les principes communément admis par la communauté internationale sont l’établissement d’un Etat palestinien indépendant et viable dans les frontières de juin 1967, y compris Jérusalem-Est, le règlement de la question des réfugiés palestiniens suivant les résolutions des Nations-Unies, le démantèlement des colonies juives en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. En contrepartie, Israël obtient des garanties pour sa sécurité et normalise ses rapports avec les pays arabes.
Cependant, Tel-Aviv, bénéficiant de l’indulgence des grandes puissances, n’entend pas, une fois de plus, souscrire à ces principes susceptibles d’assurer une paix globale et juste, donc durable. Le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne et Onu), qui a invité les deux parties à reprendre les négociations directes, a ainsi édulcoré sa position pour plaire au gouvernement de Benyamin Netanyahu. Certes, le Quartette, dans sa déclaration, a souligné que les négociations doivent mener à un accord qui mette fin à l’occupation et aboutisse à la constitution d’un Etat palestinien indépendant. Mais il s’est contenté, concernant les colonies israéliennes, de réaffirmer son engagement vis-à-vis de « ses précédentes déclarations », dans lesquelles les grandes puissances demandaient l’arrêt des constructions dans les colonies de peuplement juif en Cisjordanie. La déclaration a évité ainsi d’évoquer explicitement cette exigence, qui est rejetée par le gouvernement d’Israël. Pire, la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, lorsqu’elle a invité les parties palestinienne et israélienne à reprendre les négociations, a totalement omis de souligner le moindre principe de règlement, notamment l’arrêt de la colonisation, laissant la part belle à Israël pour imposer ses choix.
Netanyahu entend bien le faire. Il serait, selon la presse israélienne, déterminé à reprendre de plus belle la construction à Jérusalem-Est et dans les blocs de colonies en Cisjordanie, qu’Israël compte annexer à terme. Seule concession mineure au grand allié américain : Netanyahu envisage, sans l’annoncer publiquement, un « mini-gel » de la colonisation, limité aux colonies isolées, après la fin du moratoire de dix mois, le 26 septembre.
Les parrains internationaux des négociations directes feignent d’ignorer que la détermination de l’Etat juif à poursuivre la colonisation empêche tout simplement d’atteindre le but principal des pourparlers : l’établissement d’un Etat palestinien indépendant et viable.
Les Palestiniens ne sont pas dupes. Ils sont conscients qu’ils entament des négociations de paix dénuées de toute base de succès. Mais ils gardent l’espoir que ces discussions mènent finalement, grâce à l’engagement personnel du président américain Barack Obama, à quelque chose de positif, ou du moins prouvent que c’est Israël qui bloque le mouvement.
Hicham Mourad