mardi 31 août 2010

Proche-Orient : une implication multilatérale

publié le lundi 30 août 2010
Gilles Milecan

 
Rentrée ou pas, le conflit au Proche-Orient retient l’attention. Un nouvel épisode débute cette semaine à Washington. Du moins l’espère-t-on.
Le conflit au Proche-Orient est à l’agenda en permanence depuis des décennies. La rentrée de septembre 2010 ne fait naturellement pas exception. Et pourtant
Pourtant, avant la fin de la semaine, Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahou ont rendez-vous à Washington. Les leaders palestinien et israélien entameront des négociations directes. Il y a deux ans que le dialogue israélo-palestinien est suspendu.
Le pessimisme est de mise. L’entame même de la discussion n’est pas acquise. L’Autorité palestinienne réclame toujours, en guise de préalable, le gel total des colonies. Un moratoire sur les constructions est en cours. Il expire le 26 septembre. Benjamin Netanyahou parlait la semaine dernière de relancer les chantiers dans les grands blocs d’implantation mais aussi d’autoriser la "croissance naturelle" des colonies isolées. Mahmoud Abbas a fait savoir à ses hôtes américains et du Quartet pour le Proche-Orient qu’il quitterait la table en cas de redémarrage.
Une table sur laquelle les dossiers rivalisent de complexité. Les frontières du futur Etat palestinien, le statut de Jérusalem, le sort des réfugiés palestiniens, ou le sort des colonies sont autant de chapitres dont les intitulés évoquent la paralysie. Les positions respectives (lire ci-contre) relèvent davantage de l’antagonisme que de la subtile distinction.
Imaginons même que se dessine un terrain d’entente, les pressions internes auxquelles seront soumis les négociateurs constituent de sérieuses hypothèques sur leur travail. Chaque camp est loin de ne compter en ses rangs que des partisans de la paix. Au créneau dès à présent, le Hamas rejette les négociations elles-mêmes. Le mouvement islamiste, qui contrôle la bande de Gaza, s’appuie sur l’expérience de la conférence d’Annapolis, en 2007 aux Etats-Unis, lors de laquelle une paix "au bout d’un an" avait également été promise aux Palestiniens.
Depuis, l’opération "Plomb durci" menée par Tsahal a durement frappé Gaza et aggravé la situation humanitaire déjà plus que préoccupante de ses habitants. Le blocus imposé par Israël à ce territoire surpeuplé devra être levé. Ce qui semble improbable, tant le discours menaçant du Hamas permet à l’Etat hébreu de justifier son attitude.
Le sort de la population gazaouie retient l’attention partout dans le monde. Si elle pouvait, d’une manière ou d’une autre, voir son destin (re)pris en main par l’Autorité palestinienne au cours des négociations, le cours des événements pourrait aussi être infléchi. La prise de pouvoir du Hamas a été démocratique et une issue démocratique est la seule voie susceptible d’amoindrir la puissance du mouvement islamiste. Mais il s’agit sans doute ici d’une trop large bouffée d’optimisme.
Les pressions émaneront aussi de la région entière, sans doute lassée de l’enlisement de ce vieux conflit. Plusieurs entités ont cependant, elles aussi, un contentieux avec Israël. Le Liban est à nouveau une poudrière. Les semaines passées ont montré combien nerveuse est la relation avec le voisin du sud et combien pointilleux doit être le respect de la "ligne verte" tracée par l’Onu entre les deux pays. La politique intérieure bout également dans un beau chaudron, celui du tout proche acte d’accusation du procès Hariri. Le Hezbollah se pressent visé. Les appels au calme du premier ministre Saad Hariri, qui a endossé le costume de son défunt père, ainsi que les visites d’apaisement des dirigeants syrien et arabe ne semblent que différer une explosion de colère à l’encontre du parti chiite.
Dans la tribune soutenant le Hezbollah, l’Iran pèse également de tout son poids. Le président Mahmoud Ahmadinejad ne fait pas grand cas des injonctions lui intimant de mettre un terme à sa quête nucléaire. Assurant ne lorgner qu’en direction du nucléaire civil, le président iranien prend bien soin de communiquer à propos de chaque essai de missiles.
Poussé à prendre attitude dans le dossier "Proche-Orient" dès son accession à la présidence des Etats-Unis, Barack Obama marque un premier point en rassemblant Palestiniens et Israéliens autour d’une table. Mais les imbrications régionales suggèrent davantage de multilatéralité dans les discussions. Les présences du président égyptien Hosni Moubarak et du roi Abdallah de Jordanie sont symboliques à cet égard. Mais les nœuds ne se dénoueront pas sans que ceux qui tirent sur la corde ne soient impliqués, eux-aussi, directement.
publié par la Libre belgique