mercredi 7 juillet 2010

Un militant pour la paix par la non-violence condamné à deux ans de prison par Israël

Saed Bannoura – Imemc News
publié le mardi 6 juillet 2010.
5 juillet 2010
Après avoir déjà passé 11 mois en détention, sans jugement ni chefs d’accusation, un animateur de la lutte non violente contre le mur, Adeeb Abu Rahma, a été traduit devant un tribunal militaire israélien qui l’a condamné à deux années supplémentaires en prison pour avoir organisé des manifestations non violentes, pleinement légales, dans le village de Bil’in.
Le tribunal a condamné Abu Rahma le 30 juin 2010, sur l’accusation d’ « encouragement à la violence », pour s’être livré à « une activité troublant l’ordre public » et « s’être rendu sur une zone militaire fermée », comme Bil’in l’a été déclaré pour chaque vendredi de 8 h à 20 h afin d’empêcher les manifestations non violentes hebdomadaires. Adeeb vit et habite dans le village, il est donc condamné pour avoir été présent dans sa propre maison.
En fait, Adeeb Abu Rahma, qui est l’un des principaux partisans à Bil’in pour la non-violence, s’est engagé à maintenir cette discipline même quand les manifestations sont agressées avec violence par les forces israéliennes. L’un de ses parents, Bassem Abu Rahma, a été tué l’an dernier durant une manifestation non violente, quand les forces israéliennes ont lancé sur lui une grenade lacrymogène à grande vitesse directement sur la poitrine, à bout portant. Lorsque les autorités militaires ont fait leur enquête sur l’incident, elles ont conclu que le soldat qui avait lancé la grenade avait agi dans le cadre des directives militaires et il n’a été ni réprimandé ni puni.
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Adeeb Abu Rahma brandit un drapeau, au centre de la photo (Active Stills)
En dépit de cette violence, et du vol de la terre du village de Bil’in jugé illégal par la Haute Cour israélienne il y a plusieurs années, Adeeb Abu Rahma est resté attaché à la règle de la non-violence, et il encourage tous les villageois à se tenir avec lui dans les manifestations non violentes contre le vol de leur terre pour y construire le mur d’annexion israélien.
La condamnation d’Abu Rahma et d’un certain nombre d’organisateurs non violents conduit certains de ces militants à accuser les autorités israéliennes de tenter de réprimer les manifestations légitimes et non violentes dans le but de pousser le peuple palestinien à la violence et au radicalisme. Ils pointent les écrivains anticolonialistes tel que Frantz Fanon, qui a publié beaucoup sur l’emploi de cette tactique dans d’autres entreprises coloniales, comme en Algérie et en d’autres parties de l’Afrique.
Adeeb Abu Rahma est chauffeur de taxi et il a onze enfants, il est connu pour sa générosité et une présence constante dans les manifestations hebdomadaires de Bil’in contre le mur d’Israël, et pour son engagement dans la résistance populaire non violente.
Selon la Campagne « Stop the Wall », « la condamnation fait partie d’une stratégie israélienne pour réprimer et criminaliser le combat populaire non violent contre l’occupation et le mur ».
Le cas d’Adeeb Abu Rahma est en lien avec les aveux forcés de quatre jeunes de Bil’in – 14, 15 et 16 ans – arrêtés durant un raid nocturne par les soldats israéliens et qui furent obligés de déclarer qu’Adeeb leur avait dit de jeter des pierres sur les soldats. Interroger des jeunes pour les obliger à de faux aveux est considéré comme un crime par le droit international et la Quatrième Convention de Genève, dont Israël est signataire.
Depuis cinq ans, les gens de Bil’in sont engagés dans un combat permanent contre le mur et l’occupation israéliens. D’autres villages, comme Ni’lin, Al-Ma’asara, Budrus, Jayyus, An-Nabi Saleh, Iraq Burin et Al-Wallaja l’ont rejoint dans ce combat.
Selon les informations produites par Addameer et Stop the Wall, 1 566 Palestiniens ont été blessés et 16 ont été tués entre 2005 et 2009 lors de manifestations non violentes dans les Territoires occupés. Depuis 2002, dans les villages de Bil’in, Ni’lin, Al-Ma’asara et Budrus, 176 Palestiniens ont été arrêtés.
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