lundi 7 juin 2010

"Les peuples ne sont pas impuissants face aux politiques"

Publié le 6-06-2010

Bravo les cinémas Utopia qui ont réagi au carnage israélien en déprogrammant un film israélien, et qui s’en expliquent face aux critiques. Si chacun, à son niveau, réagissait de cette manière, cela ferait longtemps qu’Israël aurait abandonné sa politique de terreur.

Les cinémas Utopia déprogramment un film israélien, en expliquant : "Il passera lorsque le blocus de Gaza sera levé"
"A 5 heures de Paris", film israélien qui se déroule dans la banlieue ouvrière de Tel-Aviv, ne sera pas diffusé sur les écrans des cinémas d’Art et Essai Utopia. Interrogé par France Info, un représentant de Memento Films, le distributeur du film, considère que cette déprogrammation n’est "pas une bonne idée". Il juge "déplacé" de "stigmatiser les peuples pour ce que font leur gouvernement".
Sur Le Post, Anne-Marie Faucon, co-fondatrice du réseau français de cinémas indépendants Utopia, explique sa démarche.
Pourquoi avez-vous choisi de déprogrammer A 5 heures de Paris ? Est-ce une décision politique ?
C’est une décision politique. Au moment où nous rédigions notre gazette pour présenter nos films, nous avons appris l’agression du navire par l’armée israélienne. On s’est dit ’Qu’est-ce qu’on peut faire ?’ Nous avons alors décidé de déprogrammer le film, qui est par ailleurs un bon film, ni politique, ni polémique. Nous avons aussi pris la décision de projeter Rachel, une oeuvre cinématographique dont l’action est située à Gaza. Cette projection sera suivie d’un débat."
Utopia a longue tradition de liberté d’expression et d’ouverture au débat d’idées. Est-ce que cette annulation de programmation ne va pas à l’encontre de vos principes ?
"Non, absolument pas. On peut toujours passer A 5 heures de Paris un jour ou l’autre. Nous le programmerons lorsque le blocus de Gaza sera levé. Notre démarche est un appel à la réflexion et à la liberté. C’est aussi un message aux réalisateurs israéliens, pour les inciter à réfléchir à ce qui se passe dans leur pays. Les cinéastes qui travaillent avec des fonds israéliens cautionnent, dans un sens, la politique de leur pays."
Le distributeur d’A 5 heures de Paris estime que votre démarche "stigmatise les peuples pour ce que font leur gouvernement". Que répondez-vous ?
"Il faut arrêter d’imaginer que les peuples sont impuissants face aux politiques. Les Israéliens votent, ce sont eux qui ont élu un gouvernement d’extrême-droite. Ils sont donc partie prenante de ce qui se passe. Les individus peuvent réagir, c’est d’ailleurs ce que nous faisons en déprogrammant le film. Si tout le monde tire le signal d’alarme, ça peut avoir une incidence. Les peuples ne sont pas impuissants face aux gouvernements."
http://www.lepost.fr/article/2010/06/04/2099839_les-cinemas-utopia-deprogramment-un-film-israelien.html
CAPJPO-EuroPalestine