lundi 7 juin 2010

Les gardiens de la révolution prêts à escorter les flottilles pour Gaza

07/06/2010
Des gardes-côtes du Hamas lors d’une cérémonie organisée en 
hommage aux neuf activistes turcs tués lundi dernier dans le raid 
israélien contre la « flottille de la liberté ». Mahmud Hams/AFP
Des gardes-côtes du Hamas lors d’une cérémonie organisée en hommage aux neuf activistes turcs tués lundi dernier dans le raid israélien contre la « flottille de la liberté ». Mahmud Hams/AFP
Un proche du guide suprême iranien a affirmé hier que les gardiens de la révolution, fer de lance du régime islamique, sont prêts à fournir une escorte aux flottilles d’aide destinées à Gaza, si l’ayatollah Ali Khamenei en donnait l’ordre. Téhéran prévoit par ailleurs d’envoyer de l’aide à bord de navires battant pavillon iranien.
Les militants du cargo humanitaire Rachel Corrie, dont le Prix Nobel de la paix nord-irlandais Mairead Maguire et son équipage, seront rapidement expulsés par Israël à la suite de l'arraisonnement du bateau irlandais qui tentait de briser le blocus de la bande de Gaza. « Toutes les personnes à bord du bateau seront expulsées après avoir signé un document par lequel elles renoncent à recourir à la justice israélienne contre cette mesure », a déclaré à l'AFP une porte-parole du service de l'immigration israélien, Sabine Haddad.
Le cargo de 1 200 tonnes transportait de l'aide humanitaire pour Gaza ainsi que onze passagers, cinq Irlandais et six Malaisiens, et huit membres d'équipage - six Philippins, un Cubain et le capitaine écossais.
Le Cubain et les six Malaisiens sont arrivés en Jordanie via le pont Allenby. Les 12 derniers devaient être rapatriés par avion plus tard. La Nord-Irlandaise Mairead Maguire, célèbre avocate de la cause palestinienne, et ses camarades devaient quitter Israël tôt lundi pour Dublin. Leur départ a été retardé en raison de leur refus initial de signer le document israélien, selon Mme Haddad.
Leur rapatriement survient au lendemain de l'abordage sans violences du Rachel Corrie dans les eaux internationales au large d'Israël, qui a contrasté avec l'assaut meurtrier du 31 mai contre le ferry turc Mavi Marmara, « navire amiral » d'une flottille humanitaire internationale.
Ce dénouement pacifique n'a pas atténué la vague d'indignation internationale déclenchée par la mort de neuf militants tués par balles lors des affrontements avec les soldats sur le Mavi Marmara, ni la pression sur Israël pour accepter une enquête internationale indépendante. Le dernier appel est venu du président français Nicolas Sarkozy qui a « invité » M. Netanyahu à accepter « une enquête crédible et impartiale ». Le patron de l'ONU Ban Ki-moon a contacté M. Netanyahu pour évoquer la mise en place d'une commission d'enquête incluant des représentants des États-Unis, de Turquie et d'Israël, selon une source gouvernementale israélienne citée par la presse locale. « Israël et les États-Unis sont en contact au plus haut niveau » à ce sujet, a indiqué à l'AFP un haut responsable gouvernemental israélien sous le couvert de l'anonymat. Le chef de la diplomatie de l'État hébreu Avigdor Lieberman se rend aujourd'hui à New York pour expliquer aux diplomates israéliens en Amérique du Nord la position du gouvernement.
Mais les dirigeants israéliens sont divisés sur l'opportunité d'une enquête internationale, la plupart préférant une investigation interne sur les ratés de l'abordage. « Nous rejetons l'idée d'une enquête internationale », a déclaré l'ambassadeur Oren. Israël « a la capacité et le droit de mener une enquête interne ».
Le gouvernement Netanyahu pourrait aussi être contraint de lever le blocus de Gaza, selon les médias. Mais M. Netanyahu a répété qu'Israël « ne permettrait pas la création d'un "port iranien" à Gaza et l'entrée libre d'armes dans ce territoire », en référence au soutien iranien au mouvement palestinien Hamas au pouvoir à Gaza.
Le mouvement « Liberté pour Gaza », à l'initiative de l'envoi de la flottille du 31 mai, a déjà annoncé une nouvelle tentative « dans les deux prochains mois » de briser le blocus de Gaza où s'entassent 1,5 million de Palestiniens sur 362 km2.
À Téhéran, un proche de l'ayatollah Ali Khamenei a déclaré hier que les gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime iranien, sont prêts à servir d'escorte pour des flottilles d'aide si le guide suprême en donne l'ordre. Selon l'agence de presse officielle IRNA, Téhéran va également tenter d'envoyer de l'aide à Gaza à bord de navires battant pavillon iranien. « L'aide humanitaire iranienne consistera en vivres, médicaments et matériel médical », a précisé hier le chef du Croissant-Rouge iranien, Abdolraouf Abidzadeh.
Parallèlement, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, doit se rendre « dans les prochains jours » dans la bande de Gaza, a annoncé hier soir le Hamas. « Les préparatifs pour cette visite ont commencé immédiatement », a ajouté un porte-parole du mouvement islamiste.