vendredi 16 avril 2010

Les prisonniers palestiniens : une souffrance qui n’a pas de fin

jeudi 15 avril 2010 - 05h:51
Ziad Medoukh
Par l’équipe du Centre d’information francophone - Dpt de français - université Al-Aqsa-Gaza
Des noms comme : "Shatà, Be’er Shéva, Asel shéva, Shéva, Hédarim, Talmond, Nafhà, Askalan, El Ramlah, Navi Teritsa, Majido, Naqab, Ofar, Atlét" sont souvent répétés par les familles mais aussi par presque tous les Palestiniens ; ce sont des noms de prisons israéliennes.
Le lundi 12 avril 2010, le centre d’informations et de recherches francophone a visité le siège de la Croix-Rouge à Gaza qui se situe dans la rue d’Aljalaà, où les parents et les familles des prisonniers font un sit-in au sein de son siège d’une façon hebdomadaire par solidarité avec leurs fils qui sont emprisonnés dans les prisons israéliennes depuis longtemps.
Il y a environ 11 000 prisonniers palestiniens, dont de nombreux jeunes de moins de 18 ans, dans les prisons israéliennes ; et parmi eux, 800 sont de la bande de Gaza.
Une vingtaine de mères et solidaires vont chaque lundi face de la Croix-Rouge pour dénoncer les emprisonnements et dire leur solidarité avec leurs fils et pouvoir montrer et arriver à faire entendre leurs messages au monde extérieur.
L’équipe du Centre a rencontré plusieurs parents en provenance de toutes les villes de la bande de Gaza pour comprendre et expliquer le sens leur rassemblement. Ces personnes montrent des photos de leurs fils qui souhaitent les voir ; alors que notamment la majorité de ces parents sont interdits de visiter leurs fils dans les prisons israéliennes à cause de l’armée israélienne qui leur refuse des autorisations de visite.
Le Centre d’informations et de recherches francophone a rencontré plusieurs parents des prisonniers et il a écouté plusieurs histoires de leur lutte pour défier cette situation.
Il a d’abord écouté la mère du prisonnier Shadi abou l’Hssein qui est né à Khan Younis, au sud de la bande de Gaza, en 1979, et dont l’épouse a un bébé, Shadi a perdu son père le 7 octobre 2002 dans le massacre collectif par l’armée israélienne dès que les chars et les hélicoptères israéliens ont attaqué la ville de Khan Younis et ont fait tomber 14 martyrs et 147 blessés ; c’était un jour noir pour tous les habitants de Khan Younis et tous les Palestiniens.
Un jour en 2004, Shadi a essayé de visiter sa tante au nord de la bande de Gaza en passant par le check-point d’Abou Holly qui était installée entre la ville de Khan Younis et la ville de Deir El Balah, au centre de la Bande de Gaza, par l’armé israélienne avant leur retrait de Gaza en 2005. Les soldats l’ont arrêté et l’ont condamné à une peine d’emprisonnement de vingt-sept ans.
Actuellement Shadi est emprisonné à Nafha au nord d’Israël et depuis six ans aucune visite n’a été autorisée. Sa mère dit qu’elle vient chaque lundi au siège de la Croix-Rouge avec plusieurs mères de prisonniers ; notamment qu’au jour d’Aïd (qui est un jour de grande fête pour les musulmans durant lequel les Palestiniens visitent leurs proches, leurs amis et leurs voisins aussi). Mais dans ce jour-là, cette mère va toute seule au sein de la Croix-Rouge à Gaza avec sa photo pour fêter et discuter symboliquement avec son fils absent.
Cette mère nous explique, avec plein des larmes dans les yeux, qu’elle n’a ni informations, ni messages que ce soit par la poste ou par la Croix-Rouge. Alors seuls, les prisonniers de la même prison qui sont parfois libérés transmettent des messages de son fils ; sinon elle ne saurait plus rien de lui.
Nous avons aussi rencontré le père du prisonnier Imad Shahada, condamné à 47 ans.
Actuellement, Imad est emprisonné à la prison de Be’er Shéva en Israël... Son père dit que ça fait dix ans qu’il n’a pas visité son fils faute de permissions israéliennes pour le visiter, ajoutant que la mère d’Imad est morte l’année dernière sans ne l’avoir revu une seule fois depuis son arrestation.
La question qui se pose est-ce que le père de Imad aura la chance de le voir avant de mourir, ou l’histoire va-t-elle se répéter comme avec sa mère.
Et parmi le reste des femmes, enfants et hommes regroupés, nous nous sommes intéressés à une vieille femme assise sur une chaise en plastique à cause de sa fatigue parce qu’elle a passé toute la journée en créant liberté pour nos prisonniers Ce fut pour nous une rencontre inoubliable avec cette vieille femme, qui refusait qu’on l’appelle par son prénom, mais par son nom préféré, Oum Ibrahim, qui veut dire, selon la tradition palestinienne, la mère d’Ibrahim. Ibrahim son fils est prisonnier depuis longtemps dans les prisons israéliennes.
Ce sit-in est animé par les familles des prisonniers pour se manifester et dire non aux agissements inhumains israéliens non conformes aux conventions internationales contre les prisonniers palestiniens à qui il arrive même qu’on interdise de se soigner.
Tout le monde sait en Palestine, mais pas assez de gens sur la planète, qu’il y a beaucoup de prisonniers qui sont morts à cause de la politique israélienne injuste et le refus de donner les soins suffisants aux prisonniers palestiniens.
Un visage plein des rides exprime la souffrance et la fatigue d’une femme qui attend le retour de son fils condamné à 27 ans de prison avant ses 24 ans, et qui doit passer injustement toutes ces années en prison, et qui n’a pas vu sa mère depuis 3 ans. Et encore était-ce exceptionnellement, grâce à une rencontre avec un grand responsable qui est arrivé de Genève elle avait pu voir son fils par deux fois au bout de 13 ans. Quelle souffrance !!!
Quand il fut arrêté le 2 avril 1986, Ibrahim avait 26 ans, c’était la fleur de l’âge pour lui. Ton fils après les difficultés de l’avoir élevé, tu ne peux le voir à côté d’une épouse, mais en prison.
Oum Ibrahim nous a précisé « La prison est pour les héros et je suis fière de lui ; mais ce qui me rend triste c’est que je ne peux pas le voir même pour une seule minute ».
Tout le monde en Israël parle de Shalit et de la souffrance de ce soldat qui est détenu, bien traité, depuis 4 ans mais il y a des prisonniers dans les prisons israéliennes depuis 25 ans et plus. Et on en parle beaucoup moins.
Ibrahim a un jumeau qui est maintenan père et grand-père ; alors que le pauvre prisonnier jusqu’à maintenant n’est pas marié. C’est un terrible prix pour la cause palestinienne, contre la politique agressive israélienne et ses crimes quotidiens.
Oum Ibrahim ne se laisse pas abattre, elle attend encore la sortie de son fils de la prison ; c’est vrai qu’elle a 70 ans, mais elle endure et elle continue d’espérer pour son enfant.
Et comme autres exemples de la souffrance des prisonniers dans les prisons, il y a le fait que les transmissions de l’argent que les familles envoient pour eux n’arrivent pas aux prisonniers, pas plus que les vêtements envoyés. Ils ne peuvent pas non plus recevoir d’informations sur leur famille. Alors que pour ce qui est des soins, alors que le prisonnier aurait besoin d’une intervention chirurgicale, les Israéliens ne lui donne qu’un comprimé.
Oum Ibrahim expliqua encore à propos de la solidarité des familles des prisonniers en disant qu’ici, en Palestine, on trouve une solidarité assez forte, mais qu’on ne trouve pas la même solidarité ou une solidarité suffisante à l’extérieur.
Oum Ibrahim tourna la tête vers une autre femme assise aussi à coté de nous en disant « Sanaä, il faut dire ton histoire ».
A cette occasion, on a beaucoup vu, on a beaucoup écouté, mais la question importante, c’est « Quand le monde va-il réagir pour mettre fin à cette souffrance ? ».
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Diffusé par Ziad Medoukh le 14 avril 2010 - ziadmedoukh@hotmail.com
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