vendredi 9 avril 2010

Le Bantoustan d’Abu Mazen

jeudi 8 avril 2010 - 07h:39
Iqbal Jassat - Palestine Chronicle
Comment pouvez-vous nommer un lieu géographique dont les frontières, la sécurité, les ressources naturelles, la planification institutionnelle, les travaux et l’infrastructure publics, le commerce, le développement industriel, l’air et l’accès à l’espace Internet ne sont pas sous son propre contrôle ?
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Un ghetto est un ghetto et rien qu’un ghetto !
L’appeler un « Bantoustan » serait trop poli à l’égard de ceux qui détiennent l’autorité réelle ou de fait sur toutes ces questions.
Dans le contexte sud-africain le concept de « Homeland » qui a eu pour conséquence la création de zones ethniques autonomes connues sous le nom de « Bantoustans », tout en ayant beaucoup de parallèles avec le modèle israélien d’un « état » palestinien, est quelque peu atténué !
En effet, le schéma sioniste pour un ghetto palestinien est bien pire que cela.
Il est en fait extrêmement éloigné des caractéristiques de base définissant ce qu’est la souveraineté.
Il est donc étonnant que l’autorité palestinienne [AP de Ramallah] ne comprenne pas ce que beaucoup d’étudiants de première année en Sciences politiques saisiraient facilement : un ghetto est un ghetto et rien qu’un ghetto ! Que l’AP aspire toujours à un tel ghetto en insistant sur une solution à deux-états, sachant que tout futur « état » palestinien reflétera les conditions d’un « Bantustan », est tout aussi étonnant.
Mais ce qui est vraiment stupéfiant et ironique est que la direction de l’AP sous Mahmoud Abbas attende un soutien total et sans conditions pour ce ghetto de la part d’un pays tel que l’Afrique du Sud, dont l’ANC [Alliance national Congresss] avait rejeté de telles options de « Bantustans » et avait choisi au contraire de rester fixée sur la défaite de l’Apartheid par la lutte armée.
Malheureusement pour les Palestiniens, la direction du Fatah sous Yasser Arafat a abandonné la lutte armée et a prématurément accepté une option édulcorée bien que restant à l’état de mirage. Le fait est que cette illusion est toujours en place aujourd’hui. Un « état » sans souveraineté ne peut pas être défini comme tel, et il ne peut pas non plus fonctionner comme tel.
Le ghetto ou la condition de Bantustan aura comme conséquence pour les Palestiniens de rester dans un vide politique perpétuel, tandis que le régime sioniste aura trouvé sa réponse à son éternel cauchemar « du problème démographique ».
Il n’y a là rien de neuf. En décembre 2003, Binyamin Netanyahu avait réutilisé les statistiques alarmantes de David Ben-Gurion : « Si les Arabes en Israël atteignent 40 pour cent de la population, » a indiqué Netanyahu, « ce sera la fin de l’état juif. »
« Mais 20 pour cent sont également un problème, » ajouta-t-il. « Si les relations avec ces 20 pour cent deviennent problématiques, l’état est autorisé à utiliser des mesures extrêmes. » Bien qu’il n’ait pas développé alors sur ce qu’étaient susceptibles d’être ces « mesures extrêmes », il est maintenant clair que tout le monde comprend, y compris le Président Obama, qu’elles impliquent la poursuite du nettoyage ethnique de la Palestine.
Malgré cela il semble évident que l’AP est peu disposée à analyser ses échecs et à inverser une foule de gaffes stratégiques. Clairement, l’AP a été motivée par des incitations économiques pour une grande part de son élite avec pour résultat qu’elle a tourné le dos aux défis auxquels fait face à la Palestine. Qu’elle ait succombé au jeu sioniste de la « carotte et du bâton » est évident dans le fait qu’Abu Mazen reste toujours en fonctions en dépit de la fin de son mandat présidentiel.
L’idée développée par Jonathan Cook était que le pouvoir d’Arafat, depuis son retour dans les Territoires Occupés, dépendait entièrement de la bonne volonté israélienne.
Comme l’on fait des dizaines de dictateurs arabes dans leurs propres territoires pour le compte de leurs maîtres coloniaux occidentaux, Abu Mazen et sa clique ne sont rien de plus que des sous-traitants de la sécurité israélienne. Arafat s’est finalement racheté en faisant face à l’Israël, mourant dans des circonstances mystérieuses et regagnant son ancien statut de combattant de liberté, quoiqu’à titre posthume. Les événements qui ont conduit à sa mort ont refocalisé l’attention de la communauté internationale sur la situation extrêmement difficile de la Palestine qu’il avait personnifiée.
Le message hier comme aujourd’hui est clair : à moins que l’AP ne change fondamentalement ses politiques futiles, Israël la gardera comme associée, oui ... comme associée, pour maintenir une Palestine réduite en fragments, et abandonner le rêve d’un état palestinien sur le territoire entier incluant ce qui est connu sous le nom d’Israël.
*Iqbal Jassat est président du Media Review Network (MRN) basé à Prétoria.
5 avril 2010 - Palestine Chronicle - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Nazem
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8491