Pas de vagues. Trois mois après l’assassinat d’un responsable du Hamas à Dubaï par les services israéliens, Paris se hâte toujours aussi lentement de réagir. Et ce, malgré l’utilisation frauduleuse de plusieurs passeports français par les agents du Mossad pour éliminer Mahmoud Abdel Raouf al-Mabhouh, le 19 janvier dans sa chambre d’hôtel à Dubaï.
Alors qu’en réaction à la falsification de passeports britanniques, Londres a expulsé un espion israélien en poste dans le Royaume Uni, Paris, de son côté, n’a convoqué que le chargé d’affaires israélien en France. « On attend les résultats de l’enquête à Dubaï », répète-t-on au Quai d’Orsay.
Le 12 mars, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire « pour faux et usage de faux », après que le ministère de la Justice ait été saisi par les autorités des Emirats arabes unis. Mais l’enquête a été confiée à un obscur service de la Police judiciaire : la « Brigade de répression de la délinquance astucieuse » (BRDA), qui n’a aucune expérience en matière de lutte antiterroriste, et encore moins dans le renseignement.
« Elle ne compte que quelques pauvres fonctionnaires », sourit un ancien diplomate à Jérusalem. « Ce n’est pas avec un tel outil que l’on va connaître la vérité », regrette-t-il.
Spécialisée dans la délinquance « en col blanc », la BRDA a son siège au "Château des rentiers" dans le XIIIè arrondissement de la capitale, d’où son surnom de « Château des rentiers ». De quoi rassurer les agents du Mossad…