Luce Ricard
Les Palestiniens sont privés de droits parmi les plus basiques dont le droit à l’éducation.
L’occupation israélienne en Palestine constitue un obstacle évident au développement de la Cisjordanie, nul ne l’ignore. Les check-points sont un frein à la libre circulation des personnes et notamment des travailleurs et une entrave à la circulation des biens et marchandises, portant un coup au commerce dans la région. Les Palestiniens sont privés de droits parmi les plus basiques, nous le savons également. Cependant, il est un droit souvent bafoué dont on ne parle que très peu : le droit à l’éducation.
L’article 13C de la Convention Internationale sur les Droits sociaux, économiques et culturels de 1966 stipule que "l’enseignement supérieur doit être rendu accessible à tous en pleine égalité, en fonction des capacités de chacun, par tous les moyens appropriés (..)". Or, c’est un devoir que l’Autorité Palestinienne ne peut honorer. Les étudiants comme le corps enseignant sont parfois incarcérés et sont massivement victimes de restrictions de circulation. En effet, ces derniers doivent pour la plupart quotidiennement franchir des check-points pour se rendre à l’université, check-points dont on sait que le passage n’est pas une évidence. En plus des problèmes liés à l’assiduité, étudiants et enseignants sont régulièrement victimes d’abus physiques et psychologiques lors de leurs trajets. Si ce stress pèse sur leur capacité à mener à bien leurs études, il pousse certains étudiants à tout bonnement y mettre un terme.
Si cette conséquence de l’occupation est dramatique et ne constitue pas seulement une violation de droits individuels c’est parce que l’éducation constitue la base du développement d’une société équilibrée et plus particulièrement d’une élite et d’une classe moyenne, clefs des régimes démocratiques. Les répercussions de la situation actuelle se feront sentir tant sur le court que sur le long terme. Faire obstacle au droit à l’éducation en Palestine revient à compromettre les chances pour les Palestiniens de parvenir à une société et un Etat cohérents et consolidés. Empêcher étudiants, enseignants et chercheurs de mener la carrière qu’ils entendent condamne tout simplement la Palestine à un futur aussi peu prometteur que la situation actuelle. En outre, cette question concerne pas moins de185 000 Palestiniens qui étudient actuellement dans le supérieur (4,9 % de la population), les Territoires palestiniens comptant douze universités : neuf en Cisjordanie et trois dans la bande de Gaza ainsi que trente instituts technologiques, communautaires et universitaires.
Face à ce constat, la chaire UNESCO sur les Droits de l’Homme et la Démocratie de l’Université An-Najah de Naplouse [1], en partenariat avec l’Université de Birzeit, a lancé en 2004 une Campagne pour le droit à l’éducation afin de générer une prise de conscience de cette violation sur la scène internationale. Les responsables de la campagne rassemblent les témoignages d’étudiants, publient des articles académiques, soutiennent les initiatives étudiantes pour la promotion et la conscience d’un droit à l’éducation en Palestine et coopèrent avec les institutions et organisations locales et internationales. L’urgence est aujourd’hui la reconnaissance et la protection de ce droit à l’éducation en Palestine et la formation de la génération qui sera bientôt à la tête de l’Autorité Palestinienne.
Pour en savoir plus sur les universités en Palestine, consultez le site du consulat général de France à Jérusalem.
[1] La Chaire UNESCO sur les Droits de l’Homme et la Démocratie , créée lors d’un accord entre le Directeur Général de l’UNESCO et le Président de l’Université An-Najah de Naplouse en juin 1997, a pour objectif la promotion d’un système de recherche, d’information et de documentation intégré dans le domaine des Droits de l’Homme et de la Démocratie en Palestine au sein de l’Université et plus largement une meilleure visibilité des activités liées aux Droits de l’Homme au sein de la société palestinienne.
publié par l’Institut Medea le 23/4/2010