mercredi 3 mars 2010

Un nouveau projet israélien menace la présence palestinienne à Jérusalem-Est

03/03/2010
Des activistes pacifistes israéliens manifestent devant la mairie 
de Jérusalem pour protester contre la construction d’un parc 
archéologique dans le quartier de Silwan, qui menace plusieurs maisons 
palestiniennes. Gali Tibbon/AFP
Des activistes pacifistes israéliens manifestent devant la mairie de Jérusalem pour protester contre la construction d’un parc archéologique dans le quartier de Silwan, qui menace plusieurs maisons palestiniennes. Gali Tibbon/AFP
Un grand « parc biblique » est à l'étude dans le quartier arabe de Silwan.

Le maire de Jérusalem, sous le feu des critiques, a reporté hier l'examen d'un projet archéologique qui menace de détruire des dizaines de maisons palestiniennes dans la partie orientale de la Ville sainte, répondant à une requête du Premier ministre israélien. « Le Premier ministre (Benjamin Netanyahu) m'a demandé de discuter et de négocier avec les habitants. J'ai bien sûr accepté, et je retarde la présentation du projet à la commission de planification pendant les discussions », a déclaré le maire de Jérusalem, Nir Barkat, lors d'une conférence de presse. Il s'agit d'un projet de grand parc archéologique, dit du « Jardin du roi » en hébreu (en référence aux jardins du roi Salomon), qui doit être construit dans le quartier arabe de Silwan, à Jérusalem-Est. Selon la radio publique israélienne, il impliquerait la démolition d'une quarantaine de maisons palestiniennes construites sans permis. Leurs propriétaires recevraient en compensation des parcelles de terrain à la périphérie du parc et des permis de construire. M. Netanyahu a estimé que la mise en œuvre d'un tel plan aujourd'hui servirait « les intérêts des groupes qui veulent provoquer des conflits et présenter Israël sous un jour défavorable à l'intérieur (du pays) et à l'étranger ». De fait, ce projet survient dans un climat déjà tendu par une décision contestée de M. Netanyahu d'inscrire au patrimoine d'Israël deux lieux saints de Cisjordanie occupée, le caveau des Patriarches à Hébron et le tombeau de Rachel à Bethléem, près de Jérusalem. Dimanche, des heurts violents ont eu lieu autour de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, un lieu saint de l'islam. L'annonce de la municipalité hiérosolymitaine a provoqué de vives protestations au sein de la population palestinienne, de la part de députés arabes israéliens et jusqu'à l'ONU. « Israël doit comprendre que la démolition de maisons palestiniennes à Jérusalem-Est détruit la confiance pas seulement parmi les Palestiniens mais, franchement, de la communauté internationale aussi », a réagi Richard Miron, le porte-parole du coordinateur des Nations unies pour le processus de paix au Proche-Orient. Selon l'ONG israélienne anticolonisation Ir Amim (« La Ville des peuples »), le projet s'inscrit dans un vaste plan de judaïsation de la partie orientale (arabe) de Jérusalem avec la création de neuf « parcs bibliques » autour de la Vieille ville. Le maire de Jérusalem a assuré que « le gouvernement israélien était au courant du projet » et que lui-même n'avait jamais eu l'intention d'aller de l'avant sans débat public. La construction des « parcs bibliques », qui seront traversés par des chemins de randonnée, a été confiée à l'Autorité de développement de Jérusalem (ADJ), une instance qui relève de l'État et de la municipalité. Dans un document présenté au gouvernement en septembre 2008, l'ADJ annonçait que l'objectif est de créer une « série de parcs entourant la Vieille ville » dans le but de « renforcer Jérusalem comme capitale d'Israël ». Les Palestiniens, pour qui la colonisation israélienne est le principal obstacle sur la voie de la paix, veulent faire du secteur oriental de Jérusalem, annexé en juin 1967, la capitale de leur futur État. Les négociations israélo-palestiniennes sont suspendues depuis décembre 2008 et leur reprise butte sur la question de la poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. En outre, la France a dénoncé hier l'annonce d'une nouvelle colonisation juive à Jérusalem-Est. Selon le quotidien Haaretz, les autorités israéliennes ont donné leur feu vert à la construction de 600 logements dans un quartier de colonisation. Paris s'est par ailleurs dit « préoccupé » par le maintien en détention du journaliste britannique Paul Martin, à Gaza, par le Hamas.