samedi 20 mars 2010

Situation explosive dans les territoires palestiniens : Israël sème la colère

publié le vendredi 19 mars 2010

Fares Chahine

 
Des factions palestiniennes n’excluent pas une réaction militaire en réponse aux exactions israéliennes.
L’atmosphère dans la ville sainte ressemblait hier (16 mars) à celle qui sévissait au cours de l’intifadha d’El Aqsa, déclenchée au mois de septembre 2000, après la visite provocatrice d’Ariel Sharon sur l’Esplanade des mosquées. D’un côté, des milliers de policiers et de gardes frontière israéliens, usant de balles réelles et de bombes lacrymogènes et, de l’autre, des milliers de jeunes palestiniens en colère, qui brûlent des pneus dans les rues et qui ne possèdent comme armes que des pierres. Dès le matin, des affrontements ont opposé de jeunes lanceurs de pierres et des forces de l’ordre israéliennes dans plusieurs quartiers de la ville sainte d’El Qods, dont les rideaux des magasins sont restés fermés en signe de protestation contre les actes israéliens provocateurs, et dont le plus récent a été l’inauguration, lundi, d’une grande synagogue, distante de quelques dizaines de mètres de la mosquée d’El Aqsa.
Les affrontements se sont concentrés dans le camp de réfugiés de Shoaâfat, à Oued El Joz, à El Aïssaouiya, et Selouane. Mais d’autres endroits ont connu aussi des heurts entre jeunes manifestants et soldats israéliens, comme les quartiers Hatta et Essaâdiya ainsi que la rue El Oued, tous proches des murs de la mosquée d’El Aqsa. Selon des témoins, des centaines de jeunes ont attaqué hier matin, de bonne heure, le barrage militaire implanté à l’entrée du camp de réfugiés de Shoaâfat à coups de cocktails Molotov et de pierres. Dans la localité de Selouane (Silwan), les jeunes ont attaqué l’immeuble Yonnatan où vivent des dizaines de colons juifs. A la mi-journée, plus de 50 Palestiniens ont été blessés et 15 autres ont été arrêtés par les forces israéliennes estimées à plus de trois mille soldats. Au lieu de diminuer, les affrontements, qui ont débuté très tôt le matin, devenaient d’heure en heure plus importants.
Ailleurs, dans d’autres villes de Cisjordanie, des heurts ont été signalés entre jeunes Palestiniens et forces israéliennes près de Ramallah, à Beït Lehm, dans le village de Naâline, ainsi que dans la ville d’El Khalil. D’un autre côté, la police israélienne a interdit à au moins un autobus venant de la ville de Majd El Kroum, située en territoire israélien, de rallier la ville sainte d’El Qods, dans une tentative d’empêcher les Palestiniens habitant en Israël, de nationalité israélienne, de participer à la défense de la mosquée d’El Aqsa et de la ville sainte des actes de judaïsation.
Dans la ville de Ghaza, des milliers de personnes, dont des écoliers qui ont quitté leurs bancs de classes, sont sortis dans les rues exprimer leur colère vis-à-vis des actes israéliens provocateurs, tels l’inclusion de deux mosquées dans la liste du patrimoine juif, la colonisation, surtout dans la ville sainte d’El Qods et, récemment, l’inauguration d’une synagogue à quelques dizaines de mètres de la mosquée d’El Aqsa, troisième lieu saint de l’Islam.
Les juifs ultra-orthodoxes considèrent la mise en place de la synagogue de la « Hourva » comme le lancement réel de la construction du troisième temple à la place et sur les ruines de la mosquée d’El Aqsa. Des groupes juifs extrémistes ont distribué des tracts lundi, dans la ville d’El Qods, appelant les Palestiniens à quitter la Palestine, qui, selon eux, est la propriété du peuple juif seulement. D’autres tracts parlaient de l’imminence de la construction du troisième temple.
Les responsables du mouvement Hamas appellent à une troisième intifadha en Cisjordanie occupée, y compris la ville d’El Qods. « Nous demandons au peuple palestinien de considérer ce mardi comme un jour de colère à l’égard des procédures de l’occupant contre la mosquée Al Aqsa », dit le Hamas dans un communiqué.
Le président Mahmoud Abbas et l’Autorité palestinienne refusent de reprendre toute forme de négociations avec l’Etat hébreu en cas de poursuite de la colonisation dans la ville sainte d’El Qods comme l’a affirmé, lundi, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, qui a déclaré à la tribune de la Knesset (parlement) : « Durant ces quarante dernières années, aucun gouvernement israélien n’a limité les constructions dans les environs de Jérusalem. » pour le chef du gouvernement, il y a un consensus parmi les partis politiques israéliens pour considérer ces zones comme faisant partie intégrante de l’Etat juif [1] .
Devant ces événements hautement importants et la perte probable de ce qui reste de la ville sainte et non seulement la mosquée d’El Aqsa, les représentants du peuple palestinien semblent occupés plus à approfondir leurs divisions que de se retrouver à mi-chemin pour essayer de sauver ce qui peut encore l’être. Les Palestiniens sont à la croisée des chemins. Ils doivent prouver qu’ils sont aptes à créer leur Etat indépendant avec El Qods comme capitale, sinon l’histoire les qualifiera de peuple incapable qui, de ses mains, a détruit sa cause nationale.
Publié par el Watan
ajout de note : C. Léostic, Afps