samedi 20 mars 2010

La vérité sur la mort de Rachel Corrie

publié le vendredi 19 mars 2010
Michel Warschawski

 
Rachel, un film de Simone Bitton, enquête sur la mort de cette militante lors d’une opération de l’armée israélienne dans la bande de Gaza.
Mercredi 10 mars débutait au tribunal de district de Haïfa le procès intenté par la famille Corrie contre le ministre de la Défense israélien. Ce procès est une plainte civile avec demande de dommages et intérêts pour le meurtre de leur fille Rachel, en 2003, causé par un bulldozer de l’armée israélienne à Rafah, dans la bande de Gaza. Ce n’est cependant pas de l’argent que veulent les parents de Rachel du tribunal israélien, mais que toute la lumière soit faite sur cet incident meurtrier.
Sous la pression du Mouvement de solidarité internationale et de la diplomatie états-unienne, l’armée avait finalement accepté d’enquêter sur la mort de Rachel Corrie pour conclure, après une enquête bâclée, qu’elle était la seule responsable de sa propre mort. Rachel faisait partie de l’ISM (Mouvement de solidarité internationale) qui, entre 2001 et 2005, a regroupé des volontaires pour servir de boucliers humains entre la population civile et les forces israéliennes d’occupation qui, à cette époque, avaient lancé une campagne sanglante de reconquête (Opération Rempart) des maigres acquis obtenus par les Palestiniens dans le cadre des Accords d’Oslo. A l’époque, des centaines de jeunes, provenant pour la plupart de pays anglo-saxons, s’étaient rendus dans les territoires palestiniens et avaient mené la vie dure aux troupes d’Ariel Sharon. Afin d’empêcher leur venue, le ministre israélien de l’Intérieur avait quasiment bloqué les frontières à tous les jeunes suspectés d’appartenir à l’ISM ainsi qu’aux missions civiles organisées par la CCIPPP (Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien) en France et autres pays francophones.
Rachel est morte assassinée alors qu’elle tentait de protéger une maison palestinienne que l’armée voulait détruire dans le cadre d’une « opération de nettoyage » autour de la frontière avec l’Egypte. Les vidéos filmées par les opposants internationaux montrent clairement que les soldats ne pouvaient pas ne pas les voir. Pourtant, le bulldozer n’a pas dévié de sa route, provoquant la mort de la jeune femme de 23 ans.
Des jeunes aux antipodes de leur image de casseurs chevelus.
L’enquête que l’armée israélienne avait bâclée, la cinéaste franco-israélienne Simone Bitton l’a reprise à zéro dans son film Rachel qui sera projeté à Tel-Aviv cette semaine, en présence de la famille Corrie. Au-delà de ses qualités cinématographiques indéniables, Rachel est une enquête rigoureuse sur la vie et la mort de Rachel Corrie, étayée par la correspondance que celle-ci entretient avec sa famille aux Etats-Unis. C’est aussi un portait émouvant de ces jeunes internationaux, motivés par un sens aigu de l’injustice et une très grande humanité, aux antipodes de l’image de casseurs chevelus largement répandue par la grande presse.
Allez voir Rachel de Simone Bitton. C’est un film qui combine tragédie et espoir, un grand reportage sur la nouvelle génération militante qui, de Seattle à Rafah, en Palestine, nous fait croire qu’un autre monde est possible.
publié par Siné Hebdo , "le journal mal élevé", hebdomadaire en vente dans les kiosques (2 euros) tous les mercredis.
Tous les articles de Siné hebdo sont sont communiqués par le
Comité Justice et Paix en Palestine et au Proche-Orient