mercredi 31 mars 2010

Proche-Orient ; Constat d’échec

publié le mardi 30 mars 2010
Mohammed Larbi

 
La situation au Proche-Orient rappelle en certains points celle de 1996, avec des menaces israéliennes à l’endroit des Palestiniens accusés de durcir leurs positions, sauf qu’à cette époque, il y avait un processus de paix que le monde avait accueilli favorablement en raison des perspectives qu’il ouvrait pour la région, et le monde d’une manière générale. Cette fois, s’accorde-t-on à dire, c’est le vide sidéral, à la différence qu’une unanimité s’est faite pour aller vers la paix, et qu’Israël est accusé de bloquer toute perspective de paix.
L’Amérique, qui a entamé un nouveau processus dès janvier 2009, n’hésite plus à dire que la persistance de ce conflit menace ses intérêts. De leur côté, les pays arabes, qui avaient au début de ce mois encouragé les Palestiniens à s’engager dans des pourparlers indirects avec Israël, constatent qu’il n’est plus possible de maintenir leur offre de paix, en raison de la politique israélienne qui suscite une colère à l’échelle de la planète, et le Pape en était hier à dénoncer d’une certaine manière la politique de judaïsation de la ville d’El Qods. En 1996, il était question de suspension des relations avec Israël pour ceux des pays arabes qui en avaient noué. Le sommet a donné une chance à la paix, laquelle a connu un autre frémissement, il est vrai, mais en empruntant des chemins tortueux en raison de blocages israéliens.
Ou plus simplement de la politique israélienne, comme vient de le souligner Benjamin Netanyahu, ce qui est donc une constante en ce qui concerne les Palestiniens et les Arabes d’une manière générale. C’est certainement pour cette raison que le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a appelé, samedi, à l’ouverture du sommet arabe, les dirigeants arabes à « discuter de la possibilité existante d’un échec total du processus de paix » israélo-palestinien. Ce qui implique un changement de politique. A ce sujet, M. Moussa a révélé que le comité de suivi de l’initiative de paix arabe était « sur le point d’élaborer des plans alternatifs et des démarches pour faire face » à l’éventualité d’un échec. « Il y a plusieurs options pour une nouvelle stratégie arabe vis-à-vis du conflit avec Israël », selon un haut responsable de la Ligue arabe, se gardant de les dévoiler.
Ce qui n’a pas empêché le président palestinien, Mahmoud Abbas, d’évoquer l’éventualité de « guerres qui risquent d’éclater » si Israël persiste dans sa politique d’occupation. Et personne, apparemment, ne veut accepter une telle éventualité, à l’image du Premier ministre turc, et avant lui des Américains qui ont déjà fait savoir aux Israéliens que leur politique est dangereuse. C’est ainsi que le secrétaire à la Défense, Robert Gates, a indiqué, le 25 mars dernier, que la situation au Proche-Orient « sape les intérêts américains ». Et, fait important, même les militaires américains en parlent de la même manière, comme vient de le faire le chef du CentCom, le général David Petraeus. Une double unanimité s’est faite contre d’abord l’occupation israélienne, et d’y mettre fin ensuite. Mais par quel biais ? Toute la question est là, et il faut aussi que le concept de paix soit univoque, c’est-à-dire qu’il soit pleinement accepté par toutes les parties.