mardi 16 mars 2010

Merkel : Pas de menace de guerre imminente contre le Liban

16/03/2010
Angela Merkel et Saad Hariri éclatant de rire au cours de leur 
conférence de presse, hier, à Berlin.Photo AFP
Angela Merkel et Saad Hariri éclatant de rire au cours de leur conférence de presse, hier, à Berlin.Photo AFP
Les frontières libanaises, le processus de paix israélo-arabe et l'Iran étaient au cœur des entretiens hier à Berlin entre Saad Hariri et Angela Merkel.

Le Premier ministre Saad Hariri a effectué hier un large tour d'horizon de la situation au Liban, dans la région et des relations bilatérales avec la chancelière allemande Angela Merkel, en présence des membres de la délégation libanaise et de plusieurs hauts responsables allemands.
« Nous avons parlé de la situation au Liban, et compte tenu des circonstances, les développements sont positifs. Nous avons également évoqué les projets allemands, la Finul, la question de la frontière avec la Syrie, ainsi que les moyens de renforcer notre coopération », a dit Angela Merkel au cours de la conférence de presse commune qui a suivi la réunion de travail.
« Nous souhaitons naturellement des développements positifs sur le terrain, mais en dépit du soutien et de l'assistance que nous sommes capables d'accorder au niveau de la formation et de l'équipement de la marine libanaise, le Liban est le miroir de la région ; voilà pourquoi nous avons longuement discuté de la situation au Moyen-Orient et de la nécessité de progresser dans les négociations de paix. L'annonce de la construction de nouvelles unités d'habitation à Jérusalem-Est constitue un sérieux revers pour les négociations indirectes entre les Palestiniens et les Israéliens. Lorsque j'ai parlé au Premier ministre israélien Netanyahu, j'ai été très claire en lui expliquant que cette démarche mettait en danger le processus de paix en entier. Le Premier ministre Hariri et moi-même sommes d'accord sur le fait qu'il existe aujourd'hui une opportunité, mais celle-ci ne va pas perdurer », a mis en garde la chancelière.
Concernant les relations bilatérales, qu'elle a qualifiées de « bonnes », Angela Merkel a jugé qu'elles pouvaient être améliorées et bonifiées à plusieurs niveaux. « Sur le plan économique, un forum se tiendra au printemps et portera justement sur ces questions. L'Allemagne fera son possible pour veiller à un développement raisonnable du Liban », a-t-elle insisté.
Quant à Saad Hariri, il a commencé par remercier la chancelière Merkel pour « le soutien et l'amitié » montrés par l'Allemagne à chaque fois que le Liban en avait besoin, et notamment lorsqu'elle a appuyé le Liban dans « son engagement à appliquer la résolution 1701 du Conseil de sécurité, en participant à la force maritime de la Finul. Je voudrais saisir cette occasion pour noter à quel point la Finul, et la participation de l'Allemagne en particulier, constitue un facteur de stabilisation pour le Liban et la région », a-t-il dit, saluant en outre l'aide de Berlin dans le contrôle et la gestion par le Liban de ses frontières avec la Syrie.
Le Premier ministre a ensuite évoqué la question israélo-palestinienne et n'a pas hésité à partager ses craintes à ce niveau. « J'entends les annonces de l'édification de nouvelles colonies à Jérusalem à chaque fois qu'un brin d'espoir renaît. Je vois des extrémistes dont le public s'élargit un peu plus chaque jour et je suis inquiet », a-t-il ajouté, relevant toutefois qu'il « n'a pas perdu la foi en la coopération et la diplomatie », à condition que la communauté internationale s'active davantage. « Sa crédibilité est en jeu. La sécurité du Liban dépend certes grandement de celle de la région, mais cette fois, le Liban ne sera pas le seul à être affecté. Tout le monde sera affecté », a prévenu le Premier ministre.
« Nous devons ranimer le processus de paix qui a désespérément besoin d'être ressuscité. L'Allemagne, du fait de son rôle au sein de l'UE et son engagement pour la paix, est un véritable partenaire dans cette mission », a-t-il conclu.
Priée d'abord de commenter les menaces israéliennes continues contre le Liban et une éventuelle nouvelle guerre, Angela Merkel a répondu : « Ayant parlé avec le Premier ministre israélien, je dis clairement que je ne vois aucun risque d'une guerre imminente contre le Liban. Je pense que nous avons réussi à stabiliser la situation sur le terrain, avec l'assistance de la Finul, qui a un rôle très important à jouer - tous les partenaires régionaux en sont convaincus. Je ferai mon possible pour expliquer clairement que la Finul doit demeurer en place tant que le gouvernement libanais considère cela nécessaire », a-t-elle dit, rappelant que « traditionnellement », l'Allemagne entretient des relations « très étroites » avec l'État hébreu, « mais également avec nos autres partenaires dans la région. C'est toute l'Europe, France et Allemagne incluses, qui serait affectée si les tensions s'intensifiaient dans la région », a-t-elle jugé, insistant de nouveau sur l'urgence d'un progrès dans l'évolution du processus de paix.
Interrogée sur l'Iran, la chancelière Merkel a rappelé avoir indiqué « clairement que nous nous apprêtons à entrer dans la phase où les sanctions devraient être prises contre l'Iran, parce qu'il a rejeté toutes les offres que nous lui avons présentées ». Quant à Saad Hariri, il a affirmé que le Liban estime que « tout pays qui aspire à l'énergie nucléaire pacifique a le droit de le faire. La position du Liban sera décidée en même temps que la position de la Ligue arabe, qui sera annoncée lorsque ces sanctions, dont nous avons beaucoup entendu parler mais que nous n'avons jamais vues, seront présentées. Le Liban prendra également en compte et en temps voulu son propre intérêt », a-t-il tenu à relever.
Signalons qu'à l'issue de sa rencontre avec Angela
Merkel, Saad Hariri a reçu en sa suite de l'hôtel Adlon le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle, puis son homologue à la Défense, Karl-Theodor Freiherr zu Guttenberg. En soirée, il a rendu visite au président du Bundestag, Norbert Lammert. Il a ensuite participé à un dîner donné en son honneur par la Fondation Korber-Stiftung.