jeudi 7 janvier 2010

Premier anniversaire du massacre de Gaza : un an après, toujours l’impunité...

mercredi 6 janvier 2010 - 07h:16

Martxelo Díaz - Palestina Libre

Douze mois après les massacres commis dans Gaza, les dirigeants israéliens responsables des attaques meurtrières contre une population sans défense bénéficient d’une totale impunité, écrit Martxelo Díaz.
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Un Palestinien tient le corps de son fils, massacré sous ses yeux dans un des premiers bombardements, alors qu’il participait à une cérémonie de remise de diplôme devant un bâtiment de la police de Gaza - Photo : AFP

Douze mois après il n’y a aucune raison d’être optimiste. Le blocus israélien se poursuit et entraîne une pénurie générale dans l’approvisionnement de produits de base, condamnant la population de Gaza à la faim, la maladie et aussi à l’isolement et au silence.

Douze mois après les dirigeants responsables des attaques meurtrières contre une population totalement vulnérable restent impunis et la division entre Palestiniens perdure.

Hier [26 décembre 2009], l’armée israélienne a assassiné trois civils palestiniens dans un bombardement à Gaza puis trois autres personnes qui étaient membres de Al Fatah, à Naplouse.

A un an du massacre de la population civile de Gaza, il y a peu de raisons pour considérer la situation palestinienne avec optimisme.

Le blocus qui interdit l’entrée des produits les plus élémentaires à Gaza se poursuit avec la même dureté. Les dirigeants israéliens qui ont mené les tueries ont perdu les élections mais ils ont été remplacés par des représentants encore plus extrémistes - si cela est possible.

L’accord auquel on aspirait entre les diverses forces palestiniennes - dont celles du Hamas et d’Al-Fatah en premier lieu et qui étaient la clé pour qu’on puisse organiser des élections - s’éloigne, et les élections ont été retardées jusqu’au mois de juin.

Si le tableau était déjà noir, il est maintenant d’un noir encore plus sombre

Le rapport élaboré par le Centre Palestinien des Droits de l’Homme (PCHR) met en évidence que l’armée israélienne a commis des crimes de guerre. Le document peut être consulté sur internet : http://www.pchrgaza.org/files/Repor....

Il met en évidence que le premier principe du droit international qui a été violé est celui qui doit faire la distinction entre combattants et civils.

Dans ce contexte, le PCHR souligne d’une part qu’il ne partage pas le qualificatif d’« organisation terroriste » avec lequel Israël désigne le Hamas et ensuite que le mouvement islamiste en plus de sa branche armée - les Brigades Ezzedine al-Qassam - est composé d’éléments civils, politiques et de programmes sociaux qui ne devaient pas être pris pour cible. Mais ils l’ont pourtant été.

De la même façon la police de Gaza qui est un corps non-combattant de la ville a été victime des attaques israéliennes.

D’un autre côté, le bombardement par l’armée israélienne de zones résidentielles, sans prendre aucune mesure pour distinguer entre civils et combattants et en utilisant des bombes de deux tonnes pour détruire un seul immeuble « revenait à agir de façon non discriminatoire et sans discernement, car lancer de telles bombes allait inévitablement affecter les bâtiments environnants » souligne le PCHR.

Le rapport ajoute qu’Israël a recours à une punition collective, ce qui est interdit par la quatrième Convention de Genève, en imposant le blocus total de Gaza, une action qui demeure toujours en vigueur et qui a des effets négatifs sur l’ensemble de la population dans le territoire.

Toutes ces plaintes, comme l’utilisation du phosphore blanc, une arme interdite dans les zones de forte densité de population comme Gaza, sont vérifiées et ont été consignées.

Le problème est l’impunité dont jouissent les dirigeants israéliens qui ont conçu ce massacre

Tzipi Livni et Ehud Barak ont perdu les élections et ont été remplacés par l’aile la plus radicale du spectre politique israélien, représentée par Benjamin Netanyahu et Avigdor Lieberman.

Le drame des Palestiniens est que s’il est bien reconnu qu’ils ont été victimes d’un massacre il y a un an à Gaza, la communauté internationale est néanmoins et une fois de plus incapable de prendre des initiatives concrètes pour punir les coupables et encore moins pour simplement protéger les Gazaouites.

Il y a eu quelques tentatives, comme le mandat délivré par un tribunal de Londres contre Livni à l’annonce de la visite de la responsable du parti Kadima en Grande-Bretagne.

Bien que les initiatives isolées la plupart du temps, de certains juges n’aient pas eu des effets concrets, elles impliquent un casse-tête pour la classe politique israélienne, dont les membres sont obligés de réfléchir à deux fois avant de voyager à l’étranger à la perspective de possibles arrestations, ou de suivre les traces du dictateur chilien Augusto Pinochet.

Cela ne doit pas être un plat appétissant que de devenir une sorte de paria international, même s’ils peuvent compter sur l’appui des États occidentaux - comme cela a été le cas avec la Grande-Bretagne ou avec l’Etat espagnol, qui ont été prompts à annoncer des modifications législatives pour ne pas mettre dans l’embarras leurs alliés israéliens.

Il ne faut pas oublier que Livni, qui n’occupe actuellement aucun poste officiel, a été reçue par Nicolas Sarkozy à l’Elysée, le 3 décembre dernier.

Il pourrait s’agir d’un nouvel exercice de complicité des états occidentaux avec l’occupation sioniste, mais en même temps les populations de ces Etats ont témoigné dans les rues de leur solidarité avec le peuple Palestinien.

Le droit peut être moulé comme de l’argile, mais il est plus difficile d’étouffer des initiatives de solidarité comme le BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), qui touche de plus en plus de secteurs.

Un an plus tard, le paysage politique palestinien est toujours marqué par la division

Tandis que le Hamas dirige la Bande de Gaza, Al-Fatah contrôle les bantoustans de Cisjordanie sous la direction d’Israël.

Devant ce contexte, Mahmoud Abbas avait appelé à des élections et de façon unilatérale en janvier prochain, puis les a reportées au mois de juin.

Abbas et son entourage ont ignoré les revendications d’autres formations palestiniennes - et même de secteurs au sein de Al Fatah - qui avaient montré que le plus important, avant de lancer la convocation du processus électoral, était de parvenir à un accord dans les pourparlers inter-palestiniens qui avaient lieu au Caire.

Mais Abbas a fait la sourde oreille et n’a fait qu’approfondir l’écart qui existe entre l’inefficace Autorité palestinienne, qui ne fonctionne qu’en Cisjordanie, et la souffrance de la population.

28 décembre 2009 - Palestine Libre - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.palestinalibre.org/artic...
Traduction de l’espagnol : Inés Molina V.