jeudi 7 janvier 2010

Des milliers de Palestiniens privés de permis de résidence à Jérusalem

publié le mercredi 6 janvier 2010
Karim Lebhour
Le gouvernement israélien veut limiter la présence palestinienne dans la partie arabe de Jérusalem, annexée par l’État hébreu en 1967, afin de consolider sa souveraineté sur la ville

JÉRUSALEM DE NOTRE CORRESPONDANT

Le gouvernement israélien veut limiter la présence palestinienne dans la partie arabe de Jérusalem, annexée par l’État hébreu en 1967, afin de consolider sa souveraineté sur la ville

Palestinien, né à Jérusalem, Karim Joubran vit à Philadelphie (États-Unis) depuis dix ans. En arrivant à l’aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv pour une visite à sa famille, ce commerçant de 41 ans s’est vu signifier la révocation de sa carte d’identité et son statut de résident à Jérusalem. _« Ils m’ont dit que j’étais américain et que je n’avais qu’à prendre un visa de touriste pour aller à Jérusalem. Je ne suis pas un touriste ! Toute ma famille vit à Jérusalem. C’est la ville où je suis né ! »,_ témoigne-t-il par téléphone.

Pour les autorités israéliennes, les Palestiniens de Jérusalem-Est sont considérés comme de simples résidents dans l’État hébreu, dont le statut est facilement révocable. Un délai de sept ans passés à l’étranger ou l’obtention de la nationalité d’un autre pays suffisent à faire perdre ce droit de résidence.

La politique du ministère de l’intérieur à leur égard est sévère. L’an dernier, 4 577 Palestiniens ont perdu leur droit de résidence à Jérusalem. Un chiffre en forte augmentation. _« Le phénomène atteint des proportions effrayantes »,_ souligne Dalia Kerstein, directrice du Centre Hamoked, une organisation israélienne pour la défense des droits civiques. _« Ces radiations ont pour but de limiter la population palestinienne et de maintenir une majorité juive à Jérusalem,_ poursuit-elle. _Ces Palestiniens sont natifs de Jérusalem, ce ne sont pas des immigrés récemment installés. »_

Le ministère de l’intérieur israélien affirme de son côté ne faire que chasser les abus. _« L’État d’Israël continue de payer des prestations sociales à des gens qui ne vivent plus ici. Il est tout à fait normal qu’ils ne soient plus considérés comme résidents »,_ a réagi l’ancien ministre israélien de l’intérieur, Meir Sheetrit, à l’origine de cette campagne de révocations.

L’ampleur de cette politique souligne le statut précaire des quelque 250 000 Palestiniens de JérusalemEst. Après la guerre de 1967, Israël a conquis, puis annexé (à la différence du reste de la Cisjordanie) la partie arabe de la ville. Les habitants palestiniens ont massivement rejeté la citoyenneté israélienne qui leur était offerte. Soumis à la loi du vainqueur, ils sont devenus _« résidents permanents »_ de l’État d’Israël, pour lesquels s’appliquent les lois relatives aux immigrants non juifs. Ils bénéficient de la sécurité sociale et de la liberté de circuler sur le sol israélien, à la différence des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza confinés dans leurs territoires respectifs.

_« Nous sommes traités comme des immigrés, en dépit du fait que c’est Israël qui s’est imposé à nous en 1967 »,_ relève Raffoul Rofa, avocat palestinien de Jérusalem, spécialiste de ce dossier. Pour lui, les révocations de droit de résidence font partie des mesures destinées à cimenter la souveraineté israélienne sur Jérusalem, _« capitale éternelle et indivisible »_ de l’État hébreu. _« Tous les services de l’État travaillent dans le même sens. La municipalité de Jérusalem interdit les constructions de maison palestiniennes et encourage les quartiers de colonisation, tandis que le ministère de l’intérieur révoque les permis de résidence. C’est un système dont le but est de pousser les Palestiniens à partir. »_

Ceux qui choisissent de rester à Jérusalem, comme Rana, font face à une administration rétive et tatillonne. Cette mère de famille palestinienne de 35 ans a perdu son droit de résidence à Jérusalem après avoir suivi son mari, un Arabe israélien, aux États-Unis. Le couple a désormais décidé de rentrer. _« Je suis sur un visa de tourisme que j’ai déjà renouvelé une fois. Nous avons annulé un voyage en Égypte, de peur que je sois refusée à la frontière en rentrant »,_ explique la jeune femme. Depuis six mois, Rana remue ciel et terre, déterminée à recouvrer son droit de résidence. _« Je suis née à Jérusalem, comme mon père et mon grand-père. Je veux avoir le droit de vivre ici. »

CEUX QUI CHOISISSENT DE RESTER À JÉRUSALEM FONT FACE À UNE ADMINISTRATION RÉTIVE ET TATILLONNE.

http://journal-en-ligne.la-croix.co...
http://www.france-palestine.org/article13668.html