vendredi 29 janvier 2010

Goldstone : remarques et leçons sionistes

[ 29/01/2010 - 00:12 ]
Le général Shlomo Gazit

Maintenant, nous découvrons que nous avons eu tort de ne pas coopérer avec Goldstone et de ne pas nous être préparés avant l’attaque militaire. Nous devons remercier la chaîne populaire américaine PBS qui a diffusé l’interview réalisée par Bill Moyer avec le juge Goldstone. L’interview nous a présenté l’homme, ses raisonnements et ses répliques à ceux qui le critiquent.
Commençons par l’homme. En fait, Richard Goldstone a tenté d’expliquer comment il a répondu présent lorsqu’on avait déposé une demande d’enquête. Il a répondu présent pour exposer une image et un rapport équilibrés. Il a aussi obligé le comité à enquêter sur les actions du Hamas.
J’ai eu l’impression que Goldstone était un homme qui croit fortement à son objectif, qui est de protéger les civils pendant les affrontements militaires. Il l’avait fait au Kosovo et au Rwanda. Et c’est ainsi qu’il a également essayé de le faire à Gaza.
Il a vu un affrontement entre un Palestinien petit et pauvre et un Israélien grand et gigantesque. La mission de la commission était de jeter la responsabilité sur les soldats israéliens.
Il reconnaît que l’Etat ne pourra rester muet devant les milliers de roquettes tirées sur ses villages. "Israël" avait le droit de protéger ses citoyens. L’erreur d’"Israël" est que la raison de l’opération était la vengeance et la pression sur des civils innocents, sans aucun équilibre.
Voyons maintenant les résultats du rapport. En effet, ce qui a inquiété le juge, ce sont les civils visés. Pour lui, Hiroshima fait partie du passé lointain et ne doit pas être pris comme exemple.
Les armées allemande et japonaise n’ont pas travaillé à partir de l’intérieur des villes. Mais les combattants du Hamas ne sont pas pareils. Ils vivent à l’intérieur de la ville, dans leurs maisons, au milieu de leur famille. Il n’y a pas une séparation concrète entre le combattant et sa famille civile. Toutefois, il critique cet état de cause, sans pour autant nous donner une solution : comment faire ?
Le juge voit dans l’armée israélienne une super armée. Il est vrai que quelques combattants de cette armée ont commis des erreurs, mais innocemment. Tout ce qu’"Israël" et l’armée israélienne ont fait n’avait pas été prémédité.
Par ailleurs, durant la guerre « Plomb endurci », 1400 Arabes ont été tué. Parmi eux, 600 hommes du Hamas (Hamas lui même a reconnu le nombre).
La position israélienne n’a pas parlé de la volonté de l’équipe de la commission de punir "Israël" pour son refus de coopérer avec elle. "Israël" a pu répondre à ces séries d’accusations, expliquer ses positions et même alléger les résultats du rapport.
J’ai fortement cru que nous avions eu tort de ne pas avoir participé en tant que partenaire à l’enquête. Nous avons eu la possibilité d’expliquer comment nous nous sommes retenus au long des années avant de lancer la campagne. Nous avons eu la possibilité de répliquer à toutes les accusations faites.
Enfin, un regard sur le futur.
Sur tous les champs de bataille, nous devons nous défendre et répliquer à toutes les opérations armées, de toutes sortes. Il relève de notre devoir de déduire les conséquences adéquates de l’affaire de ce rapport :
1- Il reste vital de préparer un support médiatique et politique, même si l’Organisation des Nations Unies et la plupart de ses membres ne peuvent être considérés comme amis. Il relève de notre devoir de bâtir un dossier d’accusations et de plaintes contre l’autre qui touche, encore et encore, les civils israéliens.
Et dans la crainte que les appels à l’enquête ne viennent que du côté arabe, nous devons et pouvons lancer de tels appels. Même si ces appels ne permettent pas d’ouvrir l’enquête, on dira au moins que nous l’avons fait.
2- Eh les intelligents ! Soyez vigilants quand vous parlez. Le rapport de Goldstone a cité plusieurs fois des déclarations de politiciens, de grands chefs, d’écrivains qui n’arrêtent pas de suggérer des sanctions collectives pour pratiquer une forte pression sur les habitants de la Bande. Ces propos retournent vers nous comme le retour d’une épée.
3- Dès que la décision d’une réplique militaire est prise, il est primordial de préparer une bataille politique préliminaire, de se plaindre auprès des Nations Unies, de convoquer les ambassadeurs, de prendre les mesures adéquates à l’action militaire.
4- Enfin, il faut mieux mettre en échec les enquêtes au préalable. Mais si elles débutent, il est préférable de toujours y participer et de ne pas y être opposé.
Article paru dans le journal hébreu Maariv, le 25 janvier 2010
Traduit et résumé par le CPI