mercredi 4 novembre 2009

Lutte pour la survie en Cisjordanie

mardi 3 novembre 2009 - 06h:50

Phoebe Greenwood - d’après Al Jazeera

Une nouvelle route joignant Jérusalem aux colonies israéliennes dans Hébron coupe en deux les terres qui appartiennent à la famille Jaber. Cette famille cultive ces champs depuis 300 ans...

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La famille Jaber raconte que les affrontements avec les militaires israéliens sont monnaie courante.

Elle a un moment possédé 60 dunums (6 hectares), mais il ne lui en reste à présent que la moitié d’un, le reste ayant été confisqué par les colons israéliens. La famille Jaber se bat pour cultiver les terres qu’elles ont perdues.

Alors que sa famille s’affronte avec les employés israéliens de l’autorité de l’eau, dont le rôle est de détruire les systèmes d’irrigation pour les plants de tomates sous la protection des soldats israéliens, Yosri Jaber, un professeur d’école, nous explique : « Ces affrontements avec les autorités israéliennes sont une chose courante, ils se produisent tous les deux ou trois mois, voir plus. »

« Les Israéliens ne nous permettent pas d’arroser nos plantes. Nous leur payons quatre shekels (1 dollar US) pour chaque mètre cube d’eau. »

« Nous avons un régulateur d’eau, que nous partageons avec les huit autres maisons pour irriguer nos plantations et approvisionner nos maisons en eau. Nous avons payé pour cela mais nous ne pouvons pas l’utiliser. »

Dans de nombreuses zones de la Cisjordanie, les Palestiniens ne sont pas autorisés à irriguer leurs terres. L’accès à l’électricité leur est interdit, ainsi que la construction de citernes d’eau, ou de toutes nouvelles structures requérant un permis des autorités israéliennes d’occupation.

Récoltes détruites

Ces autorisations sont difficiles à obtenir. Selon la famille Jaber, les colons juifs vivant sur ce qui était autrefois leurs terres obtiennent de l’eau pour rien et n’ont pas besoin de permis pour irriguer leurs cultures.

Lors de l’affrontement dans le champ de tomates, une belle-soeur de la famille Jaber, âgé de 47 ans et souffrant d’asthme, a été jetée à terre par un des hommes qu’elle essayait d’empêcher de détruire son domaine.

Sa fille Lara, âgée de 8 ans, est en larmes alors qu’elle regarde sa mère emmenée sur une civière par les ambulanciers, eà travers une foule explosive qui pousse, crie et jette de la boue.

Les ouvriers agricoles israéliens ne participent pas à l’altercation et poursuivent leurs travaux, arrachant les canalisations d’eau et les détruisant immédiatement.

Jaber dit : « Nous avons 25 enfants qui vivent dans notre maison ; ils sont les témoins tous les jours de cette violence. C’est la tragédie dont nous souffrons. »

Approvisionnement en eau

La ville palestinienne d’Hébron, au sud-est de la Palestine et à proximité de la frontière avec la Jordanie, possède l’une des plus grandes réserves d’eau souterraine de Cisjordanie.

Selon un rapport publié par « Save the Children->http://www.savethechildren.org/] » cette semaine, les familles palestiniennes vivant dans les zones à haut risque comme celle-ci sont plus misérables, moins protégés et plus vulnérables que n’importe où ailleurs dans les territoires palestiniens sous occupation.

Le nombre de Palestiniens chassés de leurs foyers par la politique israélienne en Cisjordanie et à Gaza est en hausse, indique l’organisation caritative britannique.

Au moins la moitié des personnes vivant dans les zones que les Nations Unies considèrent « à risque élevé » ont dit avoir été chassées de leurs foyers au moins une fois depuis 2000, la dernière importante période de conflit entre Israéliens et Palestiniens [déclenchement de la réoccupation par les troupes israéliennes des zones palestiniennes dites autonomes - N.d.T].

En Cisjordanie, la plupart des maisons démolies le sont pour faire place au mur de séparation [mur d’Apartheid] qu’Israël construit pour séparer terres palestiniennes et terres annexées par Israël.

Ou les propriétés sont détruites pour de soit-disant « raisons administratives », parce que n’ayant pas de permis israélien.

En dehors de ces démolitions, le manque d’accès à des ressources de base comme l’eau, la santé et la nourriture force de plus en plus les familles les plus vulnérables à quitter leur domicile.

« Enfants traumatisés »

Selon le droit international, il est illégal pour une puissance occupante de modifier la situation démographique du territoire qu’elle occupe et les colons israéliens continuent toujours à venir s’installer en Cisjordanie.

Leurs colonies ont contribué au déplacement de dizaines de milliers de familles palestiniennes.

Salam Kanaan, qui représente « Save the Children » dans les territoires palestiniens occupés, raconte : « Sans un avenir dans la sécurité, la vie des enfants palestiniens vivant dans les zones à haut risque comme Hébron est d’avance brisée ».

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Atta Jaber raconte que le harcèlement de sa famille par les colons est quotidien.

« La peur constante d’un bouleversement, combinée à une lutte quotidienne pour des choses de base comme la nourriture et l’eau ont rendu les enfants déprimés et traumatisés. Ces enfants ont un besoin urgent d’aide et de protection. »

Atta Jaber raconte que sa famille subit le harcèlement quotidien des colons des environs : « Ils menacent mes enfants tout le temps. Ils montent sur leurs chevaux tous les soirs et tournent autour de notre maison, nous menacent. »

La famille Jaber insiste sur le fait qu’elle a dénoncé ces abus à la police israélienne, mais qu’elle ne voit aucun changement dans le comportement des colons.

Les membres de la famille Jaber ont déposé une plainte en justice contre la confiscation de leurs terres, qui a maintenant atteint la Haute Cour [israélienne], mais ils ont peu d’espoir qu’elle soit couronnée de succès.

Le juge en charge de leur dossier à la Haute Cour, affirment-ils, est lui-même un colon.

« Quel genre de vie est-ce donc ? Aucune nation, aucun peuple ne peut vivre comme ça. Ils veulent nous faire quitter nos terres, mais quoi qu’ils fassent, nous ne partirons jamais. »

« Les événements d’aujourd’hui vont se répéter, comme cela se passe tous les jours en Cisjordanie. Nous devons tout juste survivre, d’une façon ou d’une autre. »

31 octobre 2009 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/news/m...
Traduction : Claude Zurbach