vendredi 27 novembre 2009

Ce que le “gel” israélien veut dire

26 novembre 2009

L’annonce par le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou d’un gel de la construction de nouveaux logements en Cisjordanie (à l’exception de Jérusalem-Est), a provoqué l’effet prévu. Rejet des Palestiniens, qui exigent préalablement à toute reprise de discussion un gel total, y compris à Jérusalem-Est. Emoi du camp de la colonisation prompt à considérer que M. Nétanyahou se transforme graduellement en Shimon Pérès , soit à leurs yeux en pacifiste naïf, voire béat.

Critiqué par le chroniqueur politique du Yédioth Aharonoth, Shimon Shiffer, qui trouve qu’il cède trop sans rien demander en contrepartie, M. Nétanyahou, avec cette annonce saluée par Washington et par les Européens, soigne en fait son image sans prendre trop de risque compte tenu du raidissement palestinien.

Le communiqué très détaillé de l’organisation Shalom Arshav (qui se concentre sur la dénonciation de la colonisation) concernant la portée de ce gel est de nature à conforter la droite radicale dans ses certitudes. Généralement peu amène envers le premier ministre, l’organisation non gouvernementale salue “un pas dans la bonne direction”, au bénéfice du doute, tout en mettant en évidence un certain nombre de réserves.

2771.1259250797.jpgCar Shalom Arshav estime que le fait d’exclure du “gel” les constructions déjà décidées limite en effet singulièrement la portée de l’annonce:

“Fin septembre, le Bureau central israélien de statistique a estimé que 2895 unités d’habitation étaient en construction dans les colonies de Cisjordanie”, précise Shalom Arshav. Par rapport aux années précédentes, ce niveau de construction est dans la moyenne, par exemple, à la fin de l’année 2008, le chiffre pour le nombre d’unités en construction était de 3209. Il faudra de 18 à 24 mois pour mener à leur terme les projets de nouvelles constructions dans les colonies déjà engagés.” Soit bien au-delà des dix mois de gel annoncés.

Autrement dit, ce gel ne serait visible que si rien n’était mis en chantier après cette période de dix mois pour faire la jonction avec l’achèvement des travaux mentionnés plus haut. Si on ajoute à cela le fait que le procureur général de l’Etat d’Israël estime ne pas avoir assez d’agents pour vérifier sur le terrain l’application des décisions du gouvernement…

PS: volapük diplomatique, suite (on ne s’en lasse pas).

clinton8x10_150_1.1259249812.jpgA Washington, cette décision a suscité un communiqué de la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton :

“L’annonce faite aujourd’hui par le gouvernement d’Israël contribue à aller de l’avant vers un règlement du conflit israélo-palestinien.

Nous croyons que par des négociations de bonne foi, les parties peuvent s’accorder sur un résultat qui mette fin au conflit et concilie l’objectif d’un Etat palestinien indépendant et viable basée sur les lignes de 1967, avec un échange de territoires, celui d’un Etat juif avec frontières sûres et reconnues, qui répondent aux exigences de sécurité israéliennes.

Permettez-moi de dire à tous les peuples de la région et du monde: notre engagement inébranlable pour parvenir à une solution à deux Etats vivant côte à côte dans la paix et la sécurité.

On ne mettra pas en doute les convictions de Mme Clinton, mais l’usage des termes suivants: “aller de l’avant”, “bonne foi“, “fin du conflit”, et “engagement inébranlable”, dans le contexte actuel, laisse songeur.26 novembre 2009

L’annonce par le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou d’un gel de la construction de nouveaux logements en Cisjordanie (à l’exception de Jérusalem-Est), a provoqué l’effet prévu. Rejet des Palestiniens, qui exigent préalablement à toute reprise de discussion un gel total, y compris à Jérusalem-Est. Emoi du camp de la colonisation prompt à considérer que M. Nétanyahou se transforme graduellement en Shimon Pérès , soit à leurs yeux en pacifiste naïf, voire béat.

Critiqué par le chroniqueur politique du Yédioth Aharonoth, Shimon Shiffer, qui trouve qu’il cède trop sans rien demander en contrepartie, M. Nétanyahou, avec cette annonce saluée par Washington et par les Européens, soigne en fait son image sans prendre trop de risque compte tenu du raidissement palestinien.

Le communiqué très détaillé de l’organisation Shalom Arshav (qui se concentre sur la dénonciation de la colonisation) concernant la portée de ce gel est de nature à conforter la droite radicale dans ses certitudes. Généralement peu amène envers le premier ministre, l’organisation non gouvernementale salue “un pas dans la bonne direction”, au bénéfice du doute, tout en mettant en évidence un certain nombre de réserves.

2771.1259250797.jpgCar Shalom Arshav estime que le fait d’exclure du “gel” les constructions déjà décidées limite en effet singulièrement la portée de l’annonce:

“Fin septembre, le Bureau central israélien de statistique a estimé que 2895 unités d’habitation étaient en construction dans les colonies de Cisjordanie”, précise Shalom Arshav. Par rapport aux années précédentes, ce niveau de construction est dans la moyenne, par exemple, à la fin de l’année 2008, le chiffre pour le nombre d’unités en construction était de 3209. Il faudra de 18 à 24 mois pour mener à leur terme les projets de nouvelles constructions dans les colonies déjà engagés.” Soit bien au-delà des dix mois de gel annoncés.

Autrement dit, ce gel ne serait visible que si rien n’était mis en chantier après cette période de dix mois pour faire la jonction avec l’achèvement des travaux mentionnés plus haut. Si on ajoute à cela le fait que le procureur général de l’Etat d’Israël estime ne pas avoir assez d’agents pour vérifier sur le terrain l’application des décisions du gouvernement…

PS: volapük diplomatique, suite (on ne s’en lasse pas).

clinton8x10_150_1.1259249812.jpgA Washington, cette décision a suscité un communiqué de la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton :

“L’annonce faite aujourd’hui par le gouvernement d’Israël contribue à aller de l’avant vers un règlement du conflit israélo-palestinien.

Nous croyons que par des négociations de bonne foi, les parties peuvent s’accorder sur un résultat qui mette fin au conflit et concilie l’objectif d’un Etat palestinien indépendant et viable basée sur les lignes de 1967, avec un échange de territoires, celui d’un Etat juif avec frontières sûres et reconnues, qui répondent aux exigences de sécurité israéliennes.

Permettez-moi de dire à tous les peuples de la région et du monde: notre engagement inébranlable pour parvenir à une solution à deux Etats vivant côte à côte dans la paix et la sécurité.

On ne mettra pas en doute les convictions de Mme Clinton, mais l’usage des termes suivants: “aller de l’avant”, “bonne foi“, “fin du conflit”, et “engagement inébranlable”, dans le contexte actuel, laisse songeur.

http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/