lundi 18 août 2014

Révolté par les crimes de l’Etat d’Israël, un Juste rend sa médaille

Un citoyen néerlandais de 91 ans, décoré de la médaille des Justes par l’Etat d’Israël pour avoir sauvé de la mort un enfant juif pendant la deuxième guerre mondiale, a renvoyé sa décoration, pour protester contre les massacres de l’armée israélienne à Gaza.
Plus précisément, Henk Zanoli, y a perdu six membres de sa famille élargie, l’une de ses petites-nièces étant mariée à un Palestinien de la bande de Gaza, Ismael Ziadah, du camp de réfugiés d’al-Bourej.
Le samedi 20 juillet, un missile tiré par un avion israélien sur le domicile de la famille Ziadah a tué six de ses habitants : la mère de Ziadah, Muftiyah (70 ans) ; trois des frères d’Ismael, nommés Omar, Youssef et Dhjamil ; l’épouse de Djamil, Bayan, et le garçon de ce couple, Shaaban, 12 ans.
Henk Zanoli, tout comme sa mère aujourd’hui décédée, avait eu un comportement particulièrement courageux sous l’occupation allemande des Pays-Bas, où la chasse aux juifs persécutés battait son plein.
Lui-même, adolescent à l’époque, ainsi que sa mère, savaient en effet qu’ils prenaient un risque considérable en cachant l’enfant juif Elhanan Pinto, alors âgé de 11 ans, qui grâce à eux échappa aux rafles et survécut jusqu’à la libération du pays en 1945.
Henk Zanoli, un homme d’honneur
Le risque d’être découverts, et alors d’être exécutés en même temps que l’enfant Pinto, était en outre décuplé par le fait que la famille Zanoli était déjà surveillée par la Gestapo. Le père de Henk, résistant de la première heure, avait été arrêté dès 1941 et il mourut en captivité, au camp de concentration de Mauthausen. Le beau-frère de Henk venait d’être exécuté pour faits de résistance, et l’un de ses frères avait une fiancée juive, déjà arrêtée et déportée vers les camps de la mort.
Pour leur courage, Henk et sa mère (celle-ci à titre posthume), avaient été déclarés Justes parmi les Nations, une distinction décernée par le mémorial israélien de Yad Vachem pour honorer les personnes ayant lutté contre l’extermination des juifs par les nazis.
La cérémonie de remise de la médaille avait eu lieu en 2011 à l’ambassade d’Israël aux Pays-Bas, à La Haye.
Et c’est à cette même ambassade que jeudi, Henk Zanoli, qui avait exercé le métier d’avocat durant sa vie professionnelle, a renvoyé la médaille, accompagnée d’une lettre où il exprime sa colère et son dégout pour les crimes de l’Etat israélien.
« Il est particulièrement choquant que notre famille, dont vous connaissez le passé, soit aujourd’hui confrontée, à quatre générations de distance, à l’assassinat d’une partie des siens à Gaza », écrit-il à l’ambassadeur dans une lettre publiée par le quotidien Haaretz.
« Dans de telles circonstances, conserver un titre qui m’a été décerné par l’Etat d’Israël serait tout à la fois un outrage à la mémoire de mère qui s’était si vaillamment battue pour la sauvegarde de la vie humaine, qu’une insulte envers tous les membres de ma famille, qui à quatre générations de distance, viennent de perdre six des leurs à Gaza, du fait des agissements de l’Etat d’Israël », poursuit-il.
Relevant que les attaques israéliennes sur Gaza « sont déjà concernées par des accusations sérieuses de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité », l’ancien avocat note que ces accusations déboucheront sur des condamnations, « pour peu qu’une justice indépendante et impartiale parvienne à s’exercer. Et si c’est le cas, la mort des miens à Gaza sera elle aussi exposée au tribunal ».
http://www.haaretz.com/news/world/.premium-1.610682
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