jeudi 17 juillet 2014

Le Hamas : « Pas de cessez-le-feu sans levée du blocus sur Gaza ! »

Adnan Abu Amer - Al-Monitor
Alors que l’attaque israélienne sur Gaza entre dans sa deuxième semaine, plus de 165 Palestiniens ont été assassinés, avec parmi eux 41 enfants, 23 femmes et 15 personnes âgées. De plus, 1130 Palestiniens ont été blessés, selon les informations obtenues par Al-Monitor auprès du ministère de la santé à Gaza.
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Gaza, le 3 juillet 2014 - Conférence de presse des Brigades Izz ad-Din al-Qassam - Photo : Reuters/Mohammed Salem
Au milieu de toutes ces pertes humaines, il y a des craintes croissantes d’une opération terrestre israélienne qui va encore compliquer la situation sur le terrain.
Dans la soirée du 10 juillet, Abu Abida, porte-parole de la branche armée du Hamas, les Brigades Izz ad-Din al-Qassam, a déclaré qu’une invasion terrestre offrirait l’occasion de faire libérer les prisonniers palestiniens détenus en Israël. Les Brigades al-Qassam se sont préparées pour une longue bataille pouvant durer plusieurs semaines. Abu Abida a également déclaré qu’Israël ne sera pas en mesure de décider de la fin du conflit ou de ses conditions, soulignant que la bataille donnera de nombreuses surprises.
Mahmoud al-Zahar, membre du bureau politique du Hamas, s’est exprimé dans le réseau de télévision satellitaire Al-Aqsa, dans la soirée du 11 juillet sur ​​la volonté de son organisation d’assumer la guerre. Selon Zahar, la bataille sera décisive et changera les règles du jeu, même si elle se poursuit pendant des mois.
Al-Monitor a demandé à un responsable du Hamas de premier plan résidant actuellement en dehors de la bande de Gaza, quelle était l’opinion de l’organisation concernant une opération terrestre israélienne. Le responsable en question estime qu’il est peu probable Israël envoie ses troupes dans la bande de Gaza car il en résulterait des pertes pour l’armée israélienne. « Nous ne voulons pas qu’Israël prenne cette mesure parce que cela va coûter la vie à de nombreux Palestiniens. Israël pratiquera alors une politique de la terre brûlée avant que ses soldats ne traversent les frontières de Gaza. »
« En tant que dirigeants politiques, nous sommes en communication avec les combattants à l’intérieur de Gaza, lesquels ont commencé leurs préparatifs militaires pour faire face à une opération terrestre. Ils ont des plans sur le terrain qui pourraient inciter Israël à regretter la décision d’entreprendre une telle opération : ils tueront beaucoup de soldats israéliens, cibleront des véhicules militaires et captureront des soldats pour s’en servir dans des échanges de prisonniers », a ajouté ce responsable.
En prémisee d’une opération terrestre israélienne, les Brigades al-Qassam ont tiré des roquettes « Kornet » sur des véhicules israéliens. La première a atterri à l’est de Gaza sur la base Nahel Awz, et la seconde près de Beit Hanoun, au nord de Gaza. Les Brigades prétendent avoir fait mouche.
Raafet Marra, un responsable du Hamas au Liban, a souligné lors d’une récente conférence de presse qu’il considérait une opération terrestre comme peu probable en raison de la crainte d’Israël de mauvaises surprises de la part des Brigades al-Qassam. Il a déclaré qu’Israël est également réticent à envoyer ses soldats dans un monde inconnu, car il manque de connaissances des capacités, des positions et des tactiques qui les attendent. Il a dit également qu’Israël craignait des scènes de chars détruits, de véhicules brûlés, de cadavres défigurés et de soldats morts ou capturés.
Au moment on l’on parlait le plus d’une préparation israélienne pour une opération terrestre, une information a été divulguée concernant des efforts pour imposer un cessez-le-feu. L’initiative la plus notable a été une conversation téléphonique le 10 juillet entre le président américain Barack Obama et le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Une personnalité palestinienne dans la bande de Gaza qui joue le rôle de médiateur entre le Hamas et l’Occident a révélé à Al-Monitor : « L’administration américaine a fait un effort pour calmer les tensions entre le Hamas et Israël par l’intermédiaire d’une communication indirecte avec le Hamas, en passant par le Qatar et la Turquie. Cela représente un progrès pour les États-Unis, étant donné qu’ils ont toujours considéré le Hamas comme une organisation terroriste. Les États-Unis pourraient passer outre cette classification, dans le but d’empêcher la région d’exploser ».
Il a ajouté : « L’administration Obama ne veut pas de guerres dans la région et elle tente de servir d’intermédiaire entre Israël et le Hamas pour trouver un terrain d’entente acceptable par les deux parties. Mais ses efforts sont bloqués par deux éléments : d’abord, l’obstination de l’actuel gouvernement israélien, qui n’a pour l’instant emporté aucun succès militaire, et d’autre part, l’intention du Hamas de lever le blocus de Gaza, de mettre en œuvre la réconciliation [avec le Fatah] et d’obtenir des garanties internationales pour tout cessez-le-feu à venir, ce qui pourrait alors ouvrir la porte à un futur dialogue ».
Lors de son discours à Doha dans la soirée du 9 juillet, Khaled Mechaal, responsable du bureau politique du Hamas, a indiqué qu’il avait reçu des messages en provenance de pays occidentaux et orientaux appelant à un cessez-le-feu et à l’arrêt des tirs de roquettes. Il a rejeté ces demandes parce que c’est Israël qui a lancé les hostilités, et il a souligné l’impossibilité d’un retour à la formule de la désescalade réciproque.
Dans son discours du 11 juillet à la station de télévision Al-Mayadeen basée à Beyrouth, le président de l’autorité palestinienne de Ramallah, Mahmoud Abbas, a refusé toutes les conditions préalables pour un cessez-le-feu. Il a fait savoir qu’il avait demandé que Washington fasse pression sur Israël pour qu’il cesse ses opérations militaires, et qu’il avait tenté en vain de convaincre le Hamas de cesser ses tirs de roquettes.
Al-Monitor a interrogé un responsable de l’Autorité palestinienne qui a révélé que « Israël veut revenir aux accords de la guerre de novembre 2012 - desserrer le blocus de Gaza, étendre la zone dans laquelle les habitants de Gaza sont autorisés à pêcher, et le désenclavement de la zone Est. Mais le Hamas a posé de plus grandes exigences, dont les plus importantes sont la libération de 56 prisonniers qui ont été arrêtés suite à la récente opération d’Hébron, l’autorisation d’importer des matériaux de construction à Gaza, l’ouverture du passage de Rafah, la fin des assassinats de membres du Hamas par les Israéliens et la levée du veto d’Israël sur l’accord de réconciliation (entre le Hamas et le Fatah) ».
Al-Monitor a appris d’un responsable des médias du Hamas que le Qatar, la Turquie, les États-Unis, l’Union européenne, la Russie et les Nations Unies sont à la recherche d’un cessez-le-feu entre le Hamas et Israël. L’Égypte a proposé un cessez-le-feu ce lundi, qu’Israël étudie, tandis que le Hamas insiste sur son exigence d’une levée du blocus.
Un fonctionnaire de haut rang de la Ligue arabe au Caire a informé Al-Monitor que le Hamas « a demandé de nouveaux médiateurs pour garantir un cessez-le-feu avec Israël, dont les États-Unis, la Russie et les Nations Unies, le Qatar et la Turquie, plutôt que de permettre à l’Égypte de jouer cavalier seul ». Le secrétaire d’État américain John Kerry doit se rendre au Caire mardi pour pousser à un accord de cessez-le-feu.
Une source du Hamas basée à Doha a déclaré à Al-Monitor que Meshaal « est engagé dans des négociations marathon contre la montre, avec des rencontres en vis-à-vis avec les partis européens, turcs, qataris et russes. Les États-Unis sont en communication avec lui indirectement par l’intermédiaire des médiateurs, craignant qu’Israël et le Hamas atteignent le point de non-retour, c’est-à-dire le lancement d’une opération terrestre. Meshaal a reçu une injonction de la direction politique et militaire de l’organisation basée à l’intérieur et à l’extérieur de la bande de Gaza de ne pas accepter un arrêt des combats jusqu’à ce que nous ayons obtenu pour notre peuple une levée totale du blocus, l’ouverture du poste-frontière de Rafah, la mise en place un port maritime et la fin de la campagne répressive en Cisjordanie ».
Il a conclu en disant : « La guerre de Gaza a commencé après qu’Israël soit revenu sur l’accord de cessez-le-feu de 2012. Après tout ce bain de sang et tous ces sacrifices, nous n’accepterons rien de moins que la satisfaction de chacune des revendications du Hamas. Le Hamas est prêt pour une bataille qui peut durer longtemps, et nous n’accepterons à aucun prix la fin de cette guerre avec un retour de la bande de Gaza à la politique de la mort lente. Pour cette raison, il semble qu’il est trop tôt pour parler d’un cessez-le-feu. »
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* Adnan Abu Amer est doyen de la Faculté des Arts et responsable de la Section Presse et Information à Al Oumma Open University Education, ainsi que Professeur spécialisé sur l’Histoire de la question palestinienne, la sécurité nationale, les sciences politiques et la civilisation islamique. Il a publié un certain nombre d’ouvrages et d’articles sur l’histoire contemporaine de la Palestine.
http://www.al-monitor.com/pulse/ori...
Traduction : Info-palestine.eu - al-Mukhtar