jeudi 17 juillet 2014

Gaza : un silence médiatique seulement troublé par la Belgique

Dans la Bande de Gaza, les jours se suivent et se ressemblent, chaque fois plus désespérants. Depuis 2006, année de l’enlèvement du soldat Gilad Shalit, c’est maintenant la quatrième fois que Tel Aviv lance une offensive militaire d’envergure.
Le bilan des victimes est des plus éloquents :
2006, Opération « Pluie d’été » (402morts Palestiniens et 7 israéliens).
2008/2009, Opération « Plomb durci » (1330 morts Palestiniens et 13 Israéliens).
La même année, Opération « Pilier de défense » (174 morts Palestiniens et 6 Israéliens).
Le ratio se passe évidemment de commentaires…
Et au moment où toutes les instances internationales, en ce mois sacré de Ramadan, évoquent le nécessaire dialogue, le seul auquel nous assistions demeure un dialogue de sourds. Pour l’ambassadeur de Palestine en France, Hael alFahoum,interrogé par L’Express, « Les tirs de roquette ne sont qu’unprétexte. L’escalade actuelle est la conséquence de la politiqued’occupation israélienne et de l’embargo imposé au territoire. » Côté israélien, son homologue Yaron Gamburg, rejoue toujours la même rengaine, à laquelle plus personne ne croit, peut-être même plus les Israéliens : « Israël soumet Gaza à un blocus parce que le Hamas est uneorganisation terroriste, considérée comme telle par la communautéinternationale. »
Reprenant la balle au bond, Hael alFahoum a raison de rappeler «qu’il n’y a pas pire forme de terrorisme que la punition collective infligée par le gouvernement israélien à la population de Gaza. »
Même le pourtant fort timide Premier ministre belge sortant, Elio di Rupo se risque à dénoncer «l’usage disproportionné de la force », sans toutefois aller jusqu’à dire qui en abuse et qui en subit les conséquences… C’est peu, mais au moins aura-t-il parlé, sauvant là un peu l’honneur d’une Europe n’en finissant plus de se déconsidérer sur la question.
En France, heureusement, Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-Po, rappelle sur le site Rue89, que malgré le fait qu’Israël se soit retiré de Gaza en 2005, « l’État Hébreu conserve lecontrôle des frontières terrestres (en dehors du point de passagede Rafah avec l’Égypte), de l’espace aérien et des eauxterritoriales de la bande de Gaza. Il s’agit donc d’une nouvelleforme d’occupation, à distance... »
Dialogue de sourds encore, mais dans lequel certains sont plus sourds que d’autres. « Pour lever le blocus, nous demandons l’acceptation par le Hamasde trois conditions: la reconnaissance de l’État d’Israël, celle desaccords passés entre l’Autorité palestinienne et Israël, et la fin desactivités terroristes », prétend Yaron Gamburg, déjà cité plus haut. Ce à quoi Hael alFahoum rétorque non sans raison : « Les trois quarts des membres du gouvernement israélienne reconnaissent même pas l’existence du peuple palestinien.Après l’accord de réconciliation entre le Fatah et le Hamas, nousavons mis en place un gouvernement de technocrates, reconnupar les grandes puissances, au grand regret de Netanyahu qui faittout pour le dynamiter. Israël parle de respect des accords passésmais fait tout pour entraver la paix. Chaque avancée dans lesnégociations est saluée par de nouvelles expropriations… »
Pour l’instant, nous en sommes là. Sur leurs télévisions à écran plat, les Israéliens regardent les raids sur Gaza, comme on verrait un match de football. Et en Europe, on se tait, à la modeste mais notoire exception belge.