mercredi 9 avril 2014

Pourquoi les négociations ont- elles échoué ?

CPI
Pour récapituler, tous les efforts fournis afin de concrétiser la réconciliation palestinienne entre les mouvements  Fatah et  Hamas ne se sont soldé par un quelconque succès. Vu  que le but principal  du président Mahmoud Abbas à travers la réconciliation est d’exclure le Hamas de la scène politique palestinienne, et de le priver des résultats des secondes élections du conseil législatif, ainsi que son exclusion du cercle d’influence de la décision palestinienne.
Depuis la victoire du Hamas aux secondes élections législatives de 2006, et depuis la formation du dixième gouvernement palestinien, l’autorité palestinienne se comporte avec ce gouvernement comme si elle entrait dans « la zone interdite ». Ce qui était demandé –selon l’imagination des partisans du Fatah- est que  le Hamas se présente dans les élections pour se donner une certaine légitimité, mais certainement pas pour les remporter et détenir les rênes du pouvoir. C’est pourquoi tous les efforts de l’autorité palestinienne et du Fatah portaient après cela sur le moyen de rectifier ce qu’ils appellent l’erreur d’avoir laissé Hamas se présenter pour la construction des décisions palestiniennes qui était réservé au mouvement Fatah et ses factions alliées sous le nom de l’OLP.
Le Fatah ainsi que l’autorité ont fait tous ce qui était en leur pouvoir afin de faire échouer le gouvernement du Hamas, les forces régionales et internationales se sont alliés, en plus d’Israël qui a utilisé tout ce qu’elle possédait de machine de guerre et de destruction, sans oublier la famine et le blocus. Quand tout cela n’a servi à rien, le président Abbas a étudié la possibilité d’écarter le Hamas de la scène politique palestinienne à travers  ce qu’on appelle les « efforts de réconciliations et la fin de la division ». Ce but était clair dans toutes les formes d’accords pour la réconciliation que Fatah a avancé. C’est cela qui rend le Hamas septique vis-à-vis de ces accords. Chaque effort de réconciliation se solde par « un énorme zéro ».
Ce qui complique d’avantage toute forme d’accord de réconciliation en ce moment, c’est que le jeu d’Abbas est devenu claire. A chaque fois que les négociations avec Israël se bloquent, Abbas se réfugie en parlant de réconciliation avec le Hamas. C’est donc devenu une tactique de négociations, mais ce n'est pas un choix patriote stratégique. L’équation d’Abbas est alors « soit les négociations avec Israël, soit la réconciliation avec le Hamas » Malheureusement la vrai équation n’est d’autre que l’équation israélienne. C’est pour cela qu’il n’y aura pas la moindre réconciliation avec le Hamas, et [cette pseudo réconciliation] ne sera pas un point fort pour le Fatah vis-à-vis  d’Israël, et il n’y aura aucun pas  d’escalade d’Abbas envers Israël tant qu’Abbas gardera une situation conflictuelle avec le Hamas.
 D’un autre côté, le Hamas n’acceptera pas d’être écarté du cercle d’influence des décisions de la question palestinienne car à la base, le Hamas a brandit les slogans de la libération de la Palestine et a payé pour cela le prix exorbitant de la vie de ses partisans et de ses leaders. Le Hamas craint que l’affaire ne soit délaissée ou que des minorités s’en chargent dans les chambres de négociations avec l’occupant.
De plus, le mouvement du Hamas ressent qu’en ce moment il est visé en tant que mouvement de résistance suite à l’escalade de l’animosité envers les mouvements d’islam politique dans la région, surtout après le coup d’état en Egypte, et suite à l’hostilité claire de la part des pays du golf contre ce mouvement y compris le Hamas. C’est pourquoi le Hamas sera plus prudent dans ses rapports avec Abbas qui est clairement du côté de l’alliance contre le mouvement  de l’Islam politique. Il se peut que la conjoncture des frères musulmans en Egypte et ailleurs amplifie la sensibilité de la situation. Aujourd’hui le Hamas comprend que la situation peut le faire sortir de la scène politique palestinienne voire même la tentative de l’exclure. C’est une chose qu’aucun parti ne peut mais l’arrogance du pouvoir peut les laisser tenter.
En conclusion, il est indispensable pour tout accord qui veut voir le jour, que la situation de singularité de la décision palestinienne que mène le mouvement Fatah prenne fin. Et que chaque palestinien participe dans la gestion du projet national selon de nouvelles bases. Mais aussi que le Hamas puisse avoir un rôle signifiant dans la gestion des affaires de la question palestinienne vu sa présence et ses actions de résistance. Il faut aussi que l’AP cesse de considérer la réconciliation comme une tactique, et qu’elle délaisse l’équation israélienne « soit les négociations soit la réconciliation »,  enfin qu’elle enlève de son esprit l’idée d’exclure le Hamas ou de déstabiliser sa présence nationale, que ce soit avec la réconciliation ou non.