mercredi 9 avril 2014

Mme Om Hassan défend sa terre toute seule contre la machine de la colonisation

Silfit – CPI
Nous vivions ces jours-ci la 38ème commémoration du « Jour de la terre ». Nombreux sont les Palestiniens qui restent attachés à leur terre, coûte que coûte. Om Hassan en est devenue un symbole. Elle symbolise le défi palestinien face aux troupes de colons qui n’ont dans la tête que dévorer la terre palestinienne, y faire leur mainmise malveillante, la voler au maximum. Elle les défie, bien qu’elle soit toute seule dans sa ferme "Abou Bassal", après le départ de son mari il y a quelque mois.
La terre est notre vie
Notre Centre Palestinien d’Information (CPI) l’a rencontrée. Elle a confirmé à notre envoyé : « La terre est notre vie, notre histoire, notre patrimoine, notre civilisation. Je resterai dans la ferme d’Abou Bassal et défierai la colonisation et les menaces, les menaces de vol de ce qui reste de la ferme et ses environs ».
Elle parle de sa localité avec amertume. En fait, « il y avait des dizaines de familles qui travaillaient la terre et faisaient paître leurs troupeaux. Tout le monde vivait en paix, avant l’arrivée de l’occupation sioniste et ses colons. Ils ont commencé à voler la terre et agresser tout le monde. Et tout le monde est parti, sauf moi et mon mari Abou Hassan. Nous y sommes depuis plus de 55 ans. Abou Hassan est mort en décembre de l’année dernière (2013). Et moi j’y resterai, avec le soutien d’Allah (le Tout Puissant), résistante, toute seule ; je ne quitterai jamais la localité ».
La terre martyre
Om Hassan n’a pas quitté la localité, bien que les occupants sionistes en aient rasé une partie, bien qu’ils aient démoli une autre partie durant l’Intifada d’Al-Aqsa, bien que son fils Mohammed soit tombé en martyre. Mohammed était connu comme le sixième élève du grand chef martyr l’ingénieur Yahya Al-Ayyach.
« Mon fils est tombé en martyre ici. Et moi, j’y reste, même toute seule entourée par ces colons sionistes. Je n’ai peur que d’Allah (le Tout Puissant). J’y resterai et j’attendrai la décision d’Allah », dit-elle avec insistance.
Le jour de la terre
A la commémoration du jour de la terre, Om Hassan Blasma refuse les célébrations par les manifestations et les discours.
« Planter un olivier, prendre soin de la terre, résister face aux troupes de colons sont mille fois mieux que les mots. La faute, toute la faute vient de ceux qui nous regardent sans bouger le petit doigt, sans soutenir les zones marginalisées, sans faire quelque chose pour les zones menacées de confiscation », propose-t-elle.
Notons que la localité d’Abou Bassal est entourée par Ariel, la deuxième plus grande colonie de la Cisjordanie occupée. Cette colonie est composée de deux parties : la partie résidentielle la partie industrielle. Et les usines de cette deuxième partie ne se trouvent qu’à quelques dizaines de mètres au loin.
Mme Om Hasan évoque la manière dont les colons sionistes sont venus mettre des repères autour de la terre. Les géomètres sont aussi venus. Les bulldozers de l’occupation sioniste sont venus ouvrir une route autour de la localité. Ils disent qu’ils vont confisquer la terre un jour.
« Les chefs nous gavent de leurs discours, avec rarement des idées concrètes. Je leur demanderai : le temps du travail n’a pas encore sonné pour venir soutenir notre endurance sur cette terre irriguée par notre sang !? », se demande-t-elle.
A noter enfin que quelque vingt-trois colonies sionistes entourent le département de Silfit où il n’y a que dix-huit groupes palestiniens. Les colons sionistes pompent l’eau souterraine palestinienne et la vendent aux Palestiniens à un prix exorbitant !
Et les occupants sionistes ont divisé le département de Silfit en quatre cantons, à partir du barrage de Zaatara jusqu’au village de Kafr Qasem, à l’intérieur des territoires occupés en 1948.