mercredi 9 avril 2014

Israël passe aux sanctions contre les Palestiniens

Israël, montré du doigt par l’allié amé­ricain pour le blocage du pro­cessus de paix, a réagi en incri­minant les Pales­ti­niens, contre les­quels il a com­mencé à prendre des sanc­tions. Les ministres du gou­ver­nement de Ben­jamin Neta­nyahu ont reçu mer­credi la consigne de limiter les contacts avec leurs homo­logues pales­ti­niens, sauf en matière de sécurité et de négo­cia­tions, a indiqué à l’AFP une source gou­ver­ne­mentale israélienne.
« En réponse aux vio­la­tions pales­ti­niennes des pro­messes faites dans le cadre des négo­cia­tions de paix, il a été demandé aux ministres du gou­ver­nement israélien de s’abstenir de ren­contrer leurs homo­logues pales­ti­niens », a précisé cette source sous couvert de l’anonymat, en allusion à la signature des demandes d’adhésion de la Palestine à 15 conven­tions et traités internationaux.
Le ministre pales­tinien du Travail Ahmad Maj­dalani a tou­tefois minimisé la portée de cette décision, sou­li­gnant que « 90% des affaires quo­ti­diennes se traitent avec l’administration mili­taire israélienne ».
« Dans les faits, il n’y a pas de ren­contres orga­nisées entre ministres pales­ti­niens et israé­liens, à part entre ministres des Finances », a déclaré M. Maj­dalani à l’AFP.
Une source gou­ver­ne­mentale pales­ti­nienne a indiqué à l’AFP qu’il pourrait s’agir d’un début de gel du transfert des taxes col­lectées par Israël pour le compte de l’Autorité pales­ti­nienne, car l’essentiel des ren­contres entre les ministres des Finances porte sur ces taxes qui servent à payer les fonc­tion­naires palestiniens.
Selon l’entente conclue en juillet sous l’égide du secré­taire d’Etat amé­ricain John Kerry, Israël s’engageait à libérer en quatre phases 104 pri­son­niers incar­cérés avant les accords d’Oslo de 1993. En contre­partie, la direction pales­ti­nienne avait consenti à sus­pendre toute démarche d’adhésion aux orga­ni­sa­tions inter­na­tio­nales jusqu’à la fin des pour­parlers, le 29 avril.
Mais Israël a refusé de libérer le 29 mars, comme prévu, un qua­trième et dernier contingent de pri­son­niers, réclamant désormais une pro­lon­gation des négo­cia­tions au-​​delà du 29 avril.
Le pré­sident Mahmoud Abbas a alors répondu en signant le 1er avril les demandes d’adhésion de la Palestine à 15 conven­tions et traités inter­na­tionaux, estimant que les nou­velles exi­gences posées par Israël pour ces libé­ra­tions le déliaient de son engagement.
« Implosion du processus de paix »
M. Kerry a cri­tiqué mardi les deux parties pour leurs récentes déci­sions « qui ne contri­buent pas » à la pour­suite du dia­logue, mais s’en est pris plus par­ti­cu­liè­rement à Israël.
« Mal­heu­reu­sement, les pri­son­niers (pales­ti­niens) n’ont pas été libérés le samedi (29 mars) quand ils devaient l’être », a déploré M. Kerry devant la com­mission des Affaires étran­gères du Sénat.
« Puis, un jour, deux jours, trois jours sont passés et dans l’après-midi, quand ils (les Israé­liens, NDLR) pou­vaient peut-​​être le faire, 700 loge­ments de colo­ni­sation étaient annoncés à Jéru­salem et +pouf+, voilà où nous en sommes », a-​​t-​​il regretté.
Le gou­ver­nement israélien est resté lar­gement silen­cieux sur cette mise en cause amé­ri­caine, mais les rares ministres à s’exprimer ont rejeté sur les Pales­ti­niens la res­pon­sa­bilité de la crise.
« J’ai entendu qu’Israël avait fait imploser le pro­cessus de paix avec son pro­gramme de construction », a ironisé le ministre de l’Economie Naftali Bennett, chef du parti natio­na­liste reli­gieux Foyer Juif.
« Pendant des années, ce sont les Pales­ti­niens qui ont tenté, avec leurs explo­sions, de nous empêcher de vivre dans la capitale éter­nelle du peuple juif et Israël ne pré­sentera jamais ses excuses pour ses construc­tions à Jéru­salem », a lancé M. Bennett, en réfé­rence aux 700 unités prévues dans le quartier de colo­ni­sation de Gilo.
Le pré­sident pales­tinien assistait de son côté mer­credi au Caire à une réunion des ministres arabes des Affaires étran­gères consacrée à la crise du pro­cessus de paix.
M. Neta­nyahu avait menacé dimanche de prendre des « mesures uni­la­té­rales » en repré­sailles aux démarches de M. Abbas.
Malgré ces échanges d’accusations, les ren­contres entre négo­cia­teurs israé­liens et pales­tinien sous médiation amé­ri­caine devaient reprendre après la réunion de la Ligue arabe.