jeudi 24 avril 2014

Israël : une spirale suicidaire

Cette fois, l'impasse est totale. Une impasse annoncée. En concluant à Gaza un accord avec le Hamas sur la formation d'un gouvernement d'union "d'ici à cinq semaines", l'OLP a signé la fin des négociations entre Israël et l'Autorité palestinienne. De toute façon, elles étaient en carafe depuis longtemps sur l'ensemble des questions au coeur du conflit. Nétanyahou s'était déjà interrogé au sujet de Mahmoud Abbas : "Veut-il la paix avec le Hamas ou la paix avec Israël ?". Des scènes de liesse ont éclaté dans la bande de Gaza après l'annonce de l'accord. C'est en effet sous la pression d'une base de plus en plus excédée par le surplace des négociations que les deux organisations ont décidé de s'unir, même si ce n'est pas la première fois que ce type d'accord est signé. Le ping-pong diplomatique ne cesse jamais, chacun accusant l'autre d'être à l'origine d'une "nouvelle provocation".
Dernièrement, le refus d'Israël de libérer un ultime contingent de prisonniers palestiniens a conduit l'autorité palestinienne à répliquer en demandant son adhésion à une série de traités internationaux. Puis, c'est Israël qui a répliqué en menaçant de sanctions financières, Mahmoud Abbas annonçant qu'il pourrait dissoudre l'OLP. Dans ce cas, Israël aurait dû administrer elle-même les territoires palestiniens ! Ensuite, c'est Israël qui décide de suspendre le transfert aux Palestiniens de droits de douane qu'il perçoit en leur nom. Sans cet argent, les fonctionnaires palestiniens ne peuvent plus être payés. Ce ping-pong pseudo-diplomatique ne pouvait évidemment que provoquer la fureur d'une base palestinienne qui, depuis 21 ans, date des accords d'Oslo, attend sans jamais rien voir venir, sinon la continuation du processus des implantations dont le but évident est de transformer le territoire palestinien en une peau de léopard ingérable. Un processus avivé par la relance le 1er avril d'un appel d'offres pour la construction de 700 logements à Jérusalem-Est.
Tout ceci a conduit le secrétaire d'État américain, John Kerry, très patient jusque-là, à pointer les responsabilités israéliennes dans cette dégradation. Même si les responsabilités sont évidemment partagées entre radicaux palestiniens et radicaux israéliens, l'exigence de la reconnaissance d'un État juif - et plus simplement de l'État d'Israël - apparaît comme une façon d'exiger que les Palestiniens admettent leur défaite et reconnaissent le droit exclusif des Juifs à la propriété sur ce pays. Il y a cette spirale quelque chose de suicidaire. Que veut Nétanyahou ? Alors que cinq de ses prédécesseurs ont choisi la voie politique, lui semble choisir une voie suicidaire, celle d'un État binational dans lequel les Israéliens seraient bientôt minoritaires, vu la faiblesse de l'immigration des Juifs en Israël.