mercredi 19 mars 2014

"Nous attaquons ceux qui nous attaquent", lance Netanyahu à l'intention de Assad

Israël a lancé mercredi une mise en garde au régime du président syrien Bachar el-Assad, pilonnant des positions syriennes sur le Golan après une explosion qui a blessé quatre soldats israéliens, des hostilités qui pourraient déclencher une confrontation ouverte entre les deux pays après des décennies de calme dans cette région.
"La nuit dernière, l'armée israélienne a attaqué des cibles en territoire syrien. Il s'agissait de cibles d'éléments syriens qui ont non seulement favorisé, mais aussi coopéré avec les attaques contre nos forces", a déclaré le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu en Conseil des ministres. "Nous attaquons ceux qui nous attaquent", a-t-il précisé, ajoutant qu'Israël continuerait également à "interdire le transfert d'armes par air, mer et terre", en allusion aux équipements militaires destinés au Hezbollah.
"La frontière syrienne fourmille d'éléments jihadistes et du Hezbollah, ce qui constitue un nouveau défi pour Israël", s'est déjà inquiété M. Netanyahu mardi. "Ces dernières années, nous avons réussi à maintenir le calme (sur le plateau du Golan) malgré la guerre civile en Syrie, mais là aussi nous agirons avec force, pour assurer la sécurité d'Israël", avait-il insisté.
Le ministre de la Défense Moshé Yaalon avait auparavant indiqué tenir "le régime d'Assad pour responsable de ce qui se passe sur son territoire". "S'il continue à coopérer avec les agents terroristes qui cherchent à nuire à l'Etat d'Israël il paiera un prix élevé", a assuré M. Yaalon.
Une menace pour la sécurité de la région
"Nous mettons en garde (Israël) contre les tentatives désespérées incitant à l'escalade et la tension. La répétition de ces actes agressifs menacent la sécurité de la région", a rétorqué, mercredi, l'armée syrienne dans un communiqué. Selon l'armée syrienne, "l'aviation israélienne a visé ce matin des positions autour de la ville de Quneitra, faisant un mort et sept blessés" dans la partie du Golan contrôlée par la Syrie. "Cette nouvelle agression vise à détourner les regards des victoires successives remportées par l'armée syrienne, notamment l'exploit à Yabroud, qui a porté un coup dur aux groupes terroristes et à ceux qui les soutiennent, à leur tête l'entité sioniste", ajoute le communiqué. Le régime syrien désigne par le terme "terroristes" les rebelles qui cherchent à renverser le régime du président Assad depuis trois ans.
Les raids ont visé "plusieurs positions militaires syriennes qui ont servi à mener l'attaque contre des soldats hier", touchant une infrastructure d'entraînement de l'armée syrienne, des QG militaires et des batteries d'artillerie, selon un communiqué militaire israélien.
Quatre parachutistes israéliens en patrouille ont été blessés par l'explosion d'une bombe dans la partie du plateau du Golan occupée par Israël, près de la ligne de cessez-le-feu avec la Syrie.
Certaines zones du côté sous contrôle syrien sont tenues par des rebelles, y compris des combattants jihadistes hostiles à Israël. Selon Israël, Hezbollah, allié du régime, est également présent dans cette région.
"Nous ne tolérerons aucune atteinte à notre souveraineté ou toute attaque contre nos soldats et nos citoyens et nous réagirons avec détermination et avec force contre quiconque tente d'agir contre nous, à n'importe quel moment et n'importe où, comme nous l'avons fait cette nuit", a prévenu M. Yaalon.
Changement des règles du jeu
A l'instar de plusieurs analystes de sécurité israéliens, le général Amos Yadlin, ancien chef des renseignements militaires, considère que le régime syrien est impliqué dans l'attaque de mardi contre une patrouille militaire israélienne. "L'attaque d'hier était professionnelle, il ne fait aucun doute que les Syriens étaient au courant, et peut-être même qu'ils l'ont menée pour le compte du Hezbollah", a estimé M. Yadlin sur la radio militaire. "Cela change les règles du jeu, et lorsque l'autre partie (la Syrie) change les règles du jeu, Israël doit faire passer le message que le prix va être très élevé", a-t-il ajouté.
Bien que les deux pays soient officiellement en état de guerre, la ligne de cessez-le-feu était considérée jusqu'à présent comme calme depuis l'armistice de 1974, après la guerre d'octobre 1973.
Mais, selon l'analyste militaire du Yediot Aharonot, "les Syriens et le Hezbollah veulent entraîner Israël dans une guerre d'usure à la frontière nord au moment et au rythme qu'ils imposent".
"Il y a un nombre croissant d'attaques dans la zone frontalière et nous devons nous y préparer", a déclaré mardi un porte-parole militaire, le lieutenant-colonel Peter Lerner après l'attaque contre les parachutistes, sans pouvoir dire si le Hezbollah en était responsable.
L'artillerie israélienne avait rapidement riposté en visant des positions de l'armée syrienne et Israël avait informé la Force des Nations unies chargée de superviser le cessez-le-feu en place depuis 1974 sur les hauteurs du Golan (FNUOD) de la "gravité" de l'incident.
La situation sur le Golan est tendue depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2011, mais les incidents sont restés jusqu'à présent relativement mineurs, se limitant à des tirs à l'arme légère ou au mortier, auxquels l'armée israélienne a généralement répliqué. 
Ces derniers jours, les incidents se sont néanmoins multipliés entre l'État hébreu d'une part, la Syrie et le Hezbollah d'autre part. Samedi, des soldats israéliens ont tiré vers plusieurs "suspects" qui s'étaient approchés de la frontière israélo-libanaise. La veille, l'artillerie israélienne avait ouvert le feu contre des positions attribuées par Israël au Hezbollah, dans le sud du Liban, après l'activation d'un engin explosif au passage de soldats israéliens dans une zone frontalière sensible aux confins du Liban et de la Syrie. Le 5 mars, l'armée israélienne avait annoncé avoir tiré sur deux membres du Hezbollah et les avoir blessés, alors qu'ils installaient un engin explosif dans le nord du Golan.
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