jeudi 3 novembre 2011

Rumeurs de guerre au Moyen-Orient : cette fois, est-ce la bonne?

03/11/2011

Depuis 2006, chaque automne, les journaux du Moyen-Orient et les spécialistes de la région font état des mêmes bruits : Israël va attaquer l'Iran. Cette fois est-ce la bonne?
Disons que les conditions favorables sont, plus que jamais, réunies.
Israël est un pays qui prépare toujours sa prochaine guerre, mais depuis une semaine, les médias israéliens, de droite comme de gauche, insistent sur l'imminence d'un conflit avec l'Iran. Ils rapportent les démarches du premier ministre Netanyahu, de son ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman et du ministre de la Défense, Ehud Barak pour convaincre les derniers ministres récalcitrants du cabinet d'endosser une frappe contre les installations nucléaires iraniennes.
Les récalcitrants comme le ministre des Affaires stratégiques Moshe Yaalon et le ministre du Renseignement Dan Meridor ne sont pas contre en principe. Ils préféreraient simplement que le gouvernement israélien et son puissant lobby américain forcent les États-Unis à attaquer à la place d'Israël. Ministre de l'Intérieur, Eli Yishai dit que la question le garde éveillé la nuit. Ses services estiment qu'en représailles à une telle attaque, le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien ont la capacité de faire pleuvoir 100 000 roquettes et missiles sur l'ensemble du territoire israélien.
La situation a atteint un point tel que l'ancien directeur du Mossad, Meir Dagan a senti le besoin de mettre en garde publiquement le gouvernement contre ce geste fatidique pour Israël et le monde.
Le revers israélien au sujet de l'adhésion de la Palestine à l'UNESCO, celui, prévisible, de son admission à l'assemblée générale de l'ONU, tout comme la montée des sentiments anti-israéliens au Moyen-Orient dans la foulée du « printemps arabe » incitent Israël à agir. Les dirigeants israéliens croient que la situation exige qu'ils procèdent à une démonstration de leur primauté militaire dans la région pour maintenir l'ascendant stratégique d'Israël. Le programme nucléaire iranien est la cible idéale.
Le chef d'état-major américain, l'amiral Mullen, s'est rendu en Israël il y a quelques semaines pour dissuader les Israéliens de frapper l'Iran. Washington espère convaincre Israël de ne pas attaquer en obtenant du conseil de sécurité de l'ONU l'imposition de sanctions encore plus draconiennes contre Téhéran. Pour y arriver, les Américains vont devoir convaincre la Russie et la Chine qui ont des relations économiques profitables avec l'Iran. Ces deux pays contribuent aussi de façon non négligeable au programme nucléaire civil iranien.
Deux raisons principales font craindre une attaque imminente. Le rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique, qui doit être publié la semaine prochaine, va avoir un effet déterminant sur la décision d'Israël. Plusieurs experts affirment que l'AIEA a découvert que Téhéran a réalisé des progrès considérables dans le développement de son programme nucléaire militaire. Ensuite les conditions météorologiques. À compter de décembre, la couverture nuageuse hivernale au dessus de l'Iran va rendre difficiles les opérations aériennes.
L'Iran a averti à plusieurs reprises qu'elle considérerait les Américains comme des complices d'Israël dans le cas d'une attaque contre son territoire. La riposte pourrait donc frapper les installations militaires américaines dans l'ensemble du Moyen-Orient et en particulier en Irak.
Téhéran peut aussi perturber l'approvisionnement pétrolier mondial en bloquant le détroit d'Ormuz et en ciblant les installations pétrolières de la région particulièrement celles d'Arabie Saoudite, du Qatar et du Koweït. Cela entrainerait une montée en flèche du coût du pétrole aggravant la crise économique actuelle.
J'ai peine à croire, malgré le bellicisme connu des dirigeants israéliens actuels, qu'ils se risqueront à provoquer un tel cataclysme mondial. J'espère que les rumeurs de guerre actuelles ne sont que des manifestations de dépits pour leurs revers actuels.
Quoi qu'ils fassent, les Israéliens peuvent compter sur le soutien inconditionnel des États-Unis et Canada harpérien. Pour notre plus grand malheur.
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