jeudi 3 novembre 2011

Rapport sur la situation entre juillet et septembre 2011

Rédigé par l'Institution Internationale al-Qods  (QII)
Mercredi 2 novembre 2011
Ce rapport examine l’évolution de la situation dans la ville d’al-Qods, tant sur le terrain que sur le plan politique, au cours des trois mois passés. Il présente une lecture méthodique des événements qui se déroulent, dans le cadre du conflit entre d’une part, un projet global de judaïsation de tous les aspects de la vie de cette ville, exécuté et supervisé par l’Etat de l’occupation et des associations qui en dépendent, et d’autre part, les tentatives de résister à ce projet menées par les maqdisis, en s’appuyant sur leurs propres capacités et le faible soutien extérieur.
Le rapport examine l’évolution sur le terrain du projet de judaïsation et les efforts consacrés pour y résister, selon deux parcours principaux :
Judaïsation religieuse et culturelle : ce parcours comprend les tentatives faites pour modifier l’idendité de la mosquée al-Aqsa et l’ancienne ville dans al-Qods, par les exacavations visant à construire une ville historique juive, sous et autour de la mosquée al-Aqsa, des synagogues et des musées, mais aussi à tenter de supprimer l’exclusivité islamique sur la mosquée al-Aqsa pour la transformer en un lieu religieux commun ouvert aux fidèles de toutes les religions. S’ajoutent à cela la tentative de changer la nature démographique de la zone entourant la mosquée al-Aqsa et l’ancienne ville, pour en faire une zone juive et l’expulsion des Arabes vers la périphérie. Ce parcours comprend aussi la tentative de présenter la ville d’al-Qods comme un lieu touristique en tant que « capitale juive », par le biais des festivals et des fêtes, l’encouragement du tourisme en vue de favoriser les fouilles et la construction des musées juifs dans toute la ville.
La judaïsation démographique : Ce parcours insiste sur deux points centraux, le premier étant les tentatives d’accroître le nombre des colons juifs dans la ville, par la construction et l’élargissement des colonies, et les facilités offertes à différentes catégories de population (juive) pour habiter dans al-Qods, le transfert des institutions centrales de l’Etat vers la ville et l’encouragement de la construction des usines et des centres de haute technologie dans la ville, pour y attirer la main d’œuvre (juive). Le second point est la tentative d’expulser les habitants d’al-Qods, en retirant les cartes de séjour, la confiscation des terres et des prpopriétés, l’imposition de conditions économiques difficiles ainsi que la construction du mur de séparation.
Quant au processus politique du projet de judaïsation, le rapport parcourt les différentes attitudes politiques des principaux acteurs dans al-Qods, l’Etat de l’occupation d’une part, et l’Autorité palestinienne et les organisations de la résistance, de l’autre, mais aussi les Etats-Unis, l’Union europénne et ensuite, les Etats arabes puis islamiques. Le rapport examine les positions de ces parties envers les principaux événements qui se déroulent dans al-Qods, ainsi que toute évolution de ces positions politiques.
Résumé
L’évolution de la situation dans al-Qods a été marquée, au cours des trois mois passés (juillet – septembre) par l’effort du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, pour obtenir le statut de membre de plein droit de l’Etat de Palestine au sein des Nations-Unies, cet événement ayant été le prétexte pour l’Etat de l’occupation pour intensifier ses mesures de judaïsation et de colonisation dans la ville, pour empêcher tout changement dans le futur, quel que soit le résultat de la demande palestinienne au sein du conseil de sécurité ou à l’assemblée générale. Au même moment, l’Autorité palestinienne n’a pris aucune mesure de protection pour limiter les retombées néfastes de cette « échéance » sur la réalité de la ville occupée d’al-Qods.
Concernant la judaïsation religieuse et culturelle, l’occupant et ses extrémistes ont intensifié leurs agressions contre la mosquée al-Aqsa, au cours de la période passée. Pendant le mois de Ramadan, la mosquée a été encerclée et des mesures restrictives serrées ont été imposées sur les fidèles, même sur les Palestiniens des territoires occupés en 1948. La plus grave incursion depuis l’occupation et une prière publique faite par les extrémistes juifs dans ses places, ont eu lieu, avec 500 colons qui ont envahi la mosquée le 9 août, à la date correspondant à la « destruction du temps », selon le calendrier hébraïque. Il faut noter que l’incursion a eu lieu au cours du mois de Ramadan, alors que par le passé, ils s’approchaient en nombre de la mosquée et la police de l’occupation les empêchait d’y entrer, par crainte des affrontements, qui pouvaient se développer en une nouvelle intifada. Ce qui indique que l’occupant est désormais rassuré, dans une grande mesure, à la structure sécuritaire qu’il a imposée sur la mosquée al-Aqsa et ses alentours, et il pense qu’il est capable de contrôler tous les affrontements, même à des moments cruciaux, ce qui l’encourage à aller de l’avant dans son projet de partage de la mosquée, dans le court terme.
L’occupant a accentué ses attaques contre tous les lieux saints islamiques dans la ville. Il a commencé à exécuter des mesures pour construire « le musée de la tolérance » sur les terres du cimetière historique de Ma’manullah, à l’ouest de l’ancienne ville, après que la commission régionale de la planification et de la construction, dépendant de la municipalité de l’occupation, ait ratifié de manière définitive le plan du musée. Dans la même perspective, il semble bien que la destruction des tombes et des corps qui reposent dans le cimetière soit prévue, puisque le côté ouest du cimetière Ma’manullah a subi le 25/9/2011 un éboulement, mais la compagnie israélienne responsable de la réfection des réseaux d’eau n’a rien fait pour arrêter l’eau qui a continué à couler, occasionnant des dégâts importants.
D’autre part, la municipalité de l’occupation a tenté, au mois de septembre, lors de la rentrée scolaire, d’imposer l’enseignement d’une version modifiée du programme palestinien, adopté par les écoles arabes d’al-Qods. La version modifiée par le ministre de l’éducation du gouvernement de l’occupation comporte des concepts israéliens, notamment dans les livres scolaires relatifs à l’histoire et la géographie, tout comme elle a supprimé quelques matières enseignées dans les livres en langue arabe, comme l’intifada et ne fait aucune référence au fait que la ville d’al-Qods est occupée. Cette tentative a été vivement repoussée par les différents milieux palestiniens et maqdisis, et les efforts des écoles et des parents d’élèves, en collaboration avec la direction de l’enseignement à al-Qods, a empêché l’application de la décision (de l’occupant).
Concernant la judaïsation démographique, la ville d’al-Qods a assisté, au cours des trois mois passés, à l’une des plus graves vagues de colonisation, depuis son occupation, le gouvernement de l’occupation et la commission de planification et de construction de la municipalité de l’occupation ont approuvé la construction de plus de 4000 unités de logement dans les colonies de la partie est de la ville d’al-Qods, dans le cadre d’un plan visant à séparer la ville de son environnement démographique palestinien, à Bethlehem. Cette approbation par le gouvernement de l’occupation a été accueillie par des protestations de colère, au niveau arabe et européen, alors que les Américains ont exprimé leur déception. Cependant, les réactions qui ont paru plus importantes que par le passé, se sont appuyées sur la base de la préservation de l’intérêt de l’Etat de l’occupation et non des Palestiniens. Les Européens « en colère » ont considéré que l’Etat de l’occupation affaiblissait ainsi leur attitude de refus à la démarche palestinienne aux Nations-Unies pour obtenir une reconnaissance de l’Etat de la Palestine, et renforçait la position palestinienne qui dit qu’il n’y a ni intention ni souhait de la part des Israéliens d’accorder leurs droits aux Palestiniens, ni de leur accorder un Etat indépendant. De toutes façons, les réactions de désapprobation ou de déception n’ont pas changé les mesures sur le terrain, où se poursuit la colonisation selon un rythme soutenu .
De même, au cours de cette période couverte par le rapport, le tramway reliant les colonies à l’est d’al-Qods les unes aux autres et les reliant à la partie ouest d’al-Qods a été mis en circulation. Ce tramway vise à empêcher la séparation de la ville d’al-Qods entre est et ouest, dans le cadre de tout règlement, et vise à installer le maximum de colons à l’est, et à relier l’est à l’ouest par un réseau de routes, d’infrastructures et d’installations économiques rendant impossible à toute personnalité politique de s’engager à se retirer de l’est d’al-Qods, quelles que soient les ambitions de la « paix ». Les premiers voyages ont commencé le 19/8/2011, et selon la presse de l’occupation, le tramway a été utilisé par plus de 40.000 voyageurs le premier jour de sa mise en place.
Face à tous ces projets colossaux de l’occupation, il faut noter la proclamation de plusieurs parties donatrices, arabes et islamiques, relative à des projets et des sommes qu’elles comptent spécifier pour le soutien à al-Qods, au cours de l’année, et notamment au cours du mois de Ramadan. Malgré l’importance de cette aide et son rôle consistant à consolider les maqdisis, il faut dire cependant que l’écart reste immense entre ce soutien d’une part, et l’ampleur des projets adoptés par l’occupation au cours des mois passés, ce qui nous montre la gravité de l’absence de protection, face à l’occupation, des maqdisis et la faiblesse de ce soutien en comparaison avec les besoins réels et effectifs de la ville d’al-Qods.
La situation est bien plus grave, dans le cadre à la campagne de judaïsation de la ville et la soumission de la municipalité aux juifs « haridim » qui constituent 29% des habitants juifs d’al-Qods, et qui sont considérés comme la catégorie qui se développe le plus dans la ville. Ils revendiquent l’adoption de politiques encore plus racistes envers les Maqdisis, qui seront traduites dans le futur par une menace d’expulsion qui pèse déjà sur eux bien plus prononcée, par une augmentation des taxes et la confiscation de leurs biens,  et cela de manière qui ne respecte plus les apparences, ce qui était jusqu’à présent la pratique des maires de l’occupation qui, même si elle n’accordait pas aux Maqdisis leurs droits, leur donnait au moins le temps de faire face aux menaces. Ce qui risque de ne plus être possible, dans l’avenir, dans al-Qods placée entre les mains des religieux juifs.
Sur le plan politique, l’événement le plus important fut incontestablement la demande de reconnaissance de l’Etat de la Palestine par les Nations-Unies, au cours de sa 23ème session, en septembre 2011, la ville d’al-Qods ayant participé de manière exceptionnelle à l’appui de cette démarche, sur le terrain et sur le plan politique. Plusieurs mesures de l’occupation ont visé, avant l’échéance, d’empêcher toute modification de la situation dans le cadre d’un règlement futur, quel que soit son contenu ou sa forme. Les responsables de la police de l’occupation l’ont clairement annoncé aux Maqdisis, leur disant qu’ils avaient pour ordres de modifier l’état présent et de renforcer la domination israélienne sur la ville, et de mettre un frein à la présence palestinienne dans la ville. 6 jours avant l’échéance, l’occupant a renforcé sa présence militaire dans al-Qods et fermé tous les points de passage, du nord au sud au moment où presque tous les quartiers arabes assistaient à des affrontements, qui se sont soldés par des dizaines de blessés et par l’arrestation de dizaines de Maqdisis.
Bien que l’Autorité palestinienne pouvait mesurer l’ampleur de l’agression qu’allait subir al-Qods, celle-ci n’a pris aucune mesure pour faire face aux mesures israéliennes, et la ville d’al-Qods fut seulement présente dans le discours du président et les déclarations des responsables palestiniens. Cela n’a eu aucun effet sur l’augmentation de la part d’al-Qods dans les finances spécifiques au soutien de la ville, ni pour ouvrir à nouveau la Maison de l’Orient et empêcher l’occupant de la maintenir fermée, ce qui pose la question du degré de sérieux de la proposition de l’Autorité palestinienne, consistant à faire de la ville d’al-Qods la capitale palestinienne. Les forces et organisations palestiniennes n’ont pas été plus sérieuses pour affronter cette agression qui a accompagné l’échéance de la proclamation de l’Etat palestinien. Une nouvelle fois, al-Qods n’a été qu’une matière pour les déclarations politiques, pour marquer des points, plus qu’une question devant rassembler les efforts pour affronter l’occupation.
Aux Etats-Unis, le lobby sioniste et ses supporters ont profité de l’événement palestinien pour agir. Il a commencé à agiter, dans le parlement américain, la question relative à la loi obligeant le président à transférer l’ambassade américaine vers al-Qods, avant janvier-février 2013 et la reconnaissance d’al-Qods en tant que capitale de l’Etat d’Israël, et la nécessité de maintenir la ville unifiée sous la souveraineté israélienne, considérant que cette loi représente une réponse adéquate à la démarche palestinienne à l’ONU.
La question des députés d’al-Quds a assisté à une évolution dramatique, lorsque les autorités de l’occupation ont arrêté à nouveau, le 6 septembre,  le député déplacé vers Ramallah, Mohammad Abou Tir, qui a été emmené au centre d’arrestation de Ofer, pour le traduire devant le tribunal militaire de Ofer, le 12 septembre à une détention administrative de 6 mois. De même, l’unité spéciale des musta’ribin, placée sous la direction de la police de l’occupation, a kidnappé le député Ahmad Attoun, le 26 septembre, de l’intérieur de la tente de protestation placée dans le siège du comité local de la croix rouge, à Sheikh Jarrah, dans la partie orientale d’al-Qods. Le tribunal de première instance de l’occupation, située dans la partie occidentale d’al-Qods, a décidé de prolonger l’arrestation du député Ahmad Attoun, après l’avoir accusé de se trouver illégalement dans la ville d’al-Qods, après la parution de la décision de sa déportation hors de la ville.
L’arrestation du député Attoun est considérée, dans sa forme et du point de vue du lieu où s’est déroulé l’enlèvement, une violation des lois internationales qui protègent les députés tout comme une violation du siège de la croix rouge internationale. C’est également une violation de la quatrième convention de Genève. Le tribunal israélien a décidé de libérer le 3 octobre le député, à condition de verser une garantie de 50.000 shekels   (près de 13700 dollars américains) et une garantie de deux personnes, tout comme il a posé comme condition la signature d’une promesse personnelle de ne pas entrer dans al-Qods, sauf s’il obtient une autorisation de la part des autorités israéliennes ou si la cour suprême le lui permet. Mais le député Attoun a refusé sa déportation de la ville d’al-Qods tout comme il a refusé de signer une quelconque déclaration l’empêchant d’entrer dans la ville.
Traduction : Rim al-Khatib
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