dimanche 2 octobre 2011

Un ami d’« Israël » à la tête de l’Institut du monde arabe

France - 2 octobre 2011
Par Youssef Girard
Inauguré en novembre 1987, l'Institut du monde arabe (IMA) est le fruit d'un partenariat entre la France et vingt-deux pays arabes. L'IMA a officiellement pour but « de développer la connaissance du monde arabe, d'animer une recherche en profondeur sur sa langue, ses valeurs culturelles et spirituelles, ainsi que de favoriser les échanges et la coopération, en particulier dans les domaines des sciences et des techniques, entre la France et le monde arabe, contribuant par là au développement des relations entre celui-ci et l'Europe. » (1)
Un ami d’« Israël » à la tête de l’Institut du monde arabe
Délégation de parlementaires français posant fièrement devant le "mur des lamentations", Al-Quds occupée, octobre 2007. R. Muselier est le quatrième en partant de la droite (source : blog Claude Goasguen)
Le 2 septembre 2011, nous avons appris par voie de presse la nomination du député des Bouches-du-Rhône et ancien secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Renaud Muselier à la tête de l'IMA, en remplacement de Dominique Baudis. Proposée par le ministère français des Affaires étrangères, actée par Nicolas Sarkozy, cette nomination a été validée le 7 septembre par le conseil d'administration de l’IMA qui se compose de représentants français, d'ambassadeurs des pays arabes à Paris, d'un représentant de l'Union européenne et d'un autre de la Ligue arabe sous la direction de Bruno Levallois.
Ainsi, Renaud Muselier est devenu président du Haut Conseil de l’Institut du monde arabe. Docteur en médecine et directeur d'un hôpital privé, Renaud Muselier est depuis 1993 député de la 5ème circonscription des Bouches-du-Rhône. En 2002, puis en 2004, il a été Secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et depuis 2007, il est vice-président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale. En 2009, il a été nommé, par décret du Président de la République, Président du Conseil culturel de l'Union pour la Méditerranée (UPM).
Un tel curriculum vitae honore certainement son possesseur mais en quoi celui-ci répond-il au profil d’un homme chargé de diriger un institut dédié à la culture arabe ? Renaud Muselier n’est pas particulièrement connu pour ses travaux sur le monde arabe, son histoire, sa culture ou sa pensée. Son expérience au ministère des Affaires étrangères doit visiblement être jugée suffisante par certains « décideurs » pour lui confier la direction d’un institut culturel dédié au monde arabe.
Cependant, même au niveau diplomatique, Renaud Muselier s’est-il exprimé dans un sens particulièrement favorable au monde arabe ? A-t-il montré une sensibilité particulière envers les problèmes qu’affronte le monde arabe ?
Ces dernières années, cette « sensibilité particulière » à l’égard du monde arabe, Renaud Muselier l’a exprimée en tant que membre du groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée nationale (2). Ce groupe d’amitié qui rassemble 19,4% des députés français, a pour principale fonction de défendre inconditionnellement le projet sioniste de colonisation de la Palestine. Le nouveau président de l’Institut du monde arabe est donc membre d’un groupe d’amitié qui a pour objectif essentiel de soutenir une politique coloniale dont les victimes sont les Palestiniens et l’ensemble des Arabes. Autrement dit, le nouveau président de l’Institut du monde arabe est un ennemi déclaré du monde arabe.
Toutefois, ce qui peut apparaître comme une incongruité n’a rien d’original puisque son prédécesseur à la tête de l’IMA, Dominique Baudis, était membre de l’association France-Israël dont l’un des objectifs déclarés est de « défendre l'image et les droits d'Israël » (3). La devise de cette association est d’ailleurs sans aucune ambiguïté : « A son attitude à l'égard d'Israël, on peut juger de la valeur spirituelle d'un peuple. »
Il semble donc que l’une des principales qualités dont doit être pourvu un président de l'Institut du monde arabe est d’être un partisan officiellement déclaré de l’entité sioniste qui opprime les Palestiniens et l’ensemble des Arabes depuis plus de soixante ans. Un « bon » candidat à la présidence de l'Institut du monde arabe doit tout simplement être un ennemi des Arabes.
Quelle a été la réaction des ambassadeurs des pays arabes à Paris qui participent au conseil d'administration de l’IMA devant la nomination d’un ami d’« Israël » à la tête de l’Institut ? Une approbation sans l’expression de la moindre réserve officielle.
A l’heure des révolutions arabes, il est grand temps d’en finir avec les manipulations vipérines, les politiques d’asservissement et autres mystifications. L'Institut du monde arabe doit être au service des peuples arabes en butte à la domination de l’Occident impérialiste et à la colonisation sioniste. Le reste n’est que stérile bavardage.
(1) « Acte de fondation »
(2) Groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée nationale
(3) Présentation de l’association France-Israël
Photo
Renaud Muselier (UMP) et Sylvia Pinel (Parti radical de gauche), "opposés" politiquement, mais "rapprochés" dès qu'il s'agit de soutenir "Israël".