jeudi 4 août 2011

L'Autorité palestinienne doit se serrer la ceinture

03 août 2011
Hossam Ezzeddine
Agence France-Presse
Ramallah
L'Autorité palestinienne traverse une crise financière, au moment même où elle aspire à se transformer en État, en raison des retards dans les versements des pays donateurs et des restrictions israéliennes.
Les quelque 170 000 fonctionnaires de l'Autorité ont été payés mardi en intégralité à la suite d'une menace de grève alors que leurs traitements n'avaient été versés que pour moitié en juin.
«Étant donné nos difficultés financières permanentes, le versement total des salaires va réduire sensiblement la capacité du gouvernement à répondre à d'autres besoins dans les prochains mois», a prévenu le Premier ministre Salam Fayyad.
M. Fayyad, qui met en garde depuis des mois contre une crise financière chronique due au retard persistant dans l'aide financière promise par les donateurs, en particulier des pays arabes, avait exhorté le 26 juillet ces derniers de tenir leurs engagements.
Selon lui, l'Autorité palestinienne n'a reçu que 79 millions de dollars d'aide en 2011 des pays arabes, outre un don saoudien supplémentaire de 30 millions, alors que les pays arabes s'étaient engagés à débloquer 330 millions tous les six mois.
L'Union européenne a annoncé mardi avoir versé 22,5 millions d'euros pour permettre à l'Autorité de «payer les salaires et les retraites du mois de juillet de près de 83 000 fonctionnaires et retraités».
Afin d'atténuer l'impact de la crise sur la population, le ministère de l'Économie a décrété en juillet le plafonnement des prix de denrées alimentaires de base qui pèsent le plus dans le budget des ménages, à l'approche du mois de ramadan, qui a débuté lundi.
«Nous n'avons pas limité les prix, mais limité le profit maximum pour les commerçants qui vendent ces produits», a expliqué à l'AFP le ministre palestinien de l'Économie Hassan Abou Libdeh.
Le prix d'un kilo de pain est ainsi plafonné à 3,50 shekels (1 dollar), celui d'un sac de 10 kilos de riz à 57 shekels (15 dollars), et de sucre à 44 shekels (12 dollars).
Mais au-delà de l'actuelle crise, M. Abou Libdeh impute les difficultés structurelles de l'économie palestinienne à l'impact de l'occupation israélienne.
«Il y a de nombreux États membres des Nations unies qui ne parviennent à payer leurs fonctionnaires qu'en empruntant et la crise financière que traverse actuellement l'Autorité palestinienne est essentiellement due au fait qu'elle ne peut pas tirer pleinement profit de son économie», déplore-t-il.
«Si Israël levait ne serait-ce que 10% de ses restrictions sur l'économie palestinienne, cela représenterait un revenu supérieur à nos besoins mensuels», affirme-t-il.
«Si Israël levait ses restrictions sur l'agriculture, la part de ce secteur dans le revenu national serait multipliée par huit», ajoute le ministre palestinien.
«Nous ne sommes pas inquiets quant à la capacité de l'Etat palestinien à atteindre un minimum de prospérité économique», a-t-il néanmoins confié, alors que les institutions internationales multiplient les satisfecit à l'égard de la gestion de M. Fayyad.
Les Palestiniens sont «prêts à assumer la responsabilité d'un État dans un avenir proche», a déclaré le 26 juillet mardi Robert Serry, coordonnateur de l'ONU au Moyen-Orient lors d'un débat aux Nations unies sur le conflit israélo-palestinien.
Ces derniers mois, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont publié des rapports concluant à la capacité des institutions palestiniennes à assumer la gestion d'un État.
Lien