vendredi 1 juillet 2011

Le parti de gauche allemand Die Linke protégeant l’occupation et l’apartheid israéliens ?

vendredi 1er juillet 2011 - 06h:28
Comité national palestinien du BDS
Die Linke (« La Gauche ») est un parti politique allemand né de la fusion le 16 juin 2007 du Parti du socialisme démocratique (PDS, ex-SED) et de l’Alternative électorale travail et justice sociale (WASG)-(ndt).
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Chers membres du Comité directeur de Die Linke,
Il est venu à l’attention du Comité national palestinien de la Campagne de boycott, désinvestissement et sanctions (BNC), large coalition des plus grandes organisations de la société civile palestinienne, que le parti politique de gauche d’Allemagne, Die Linke, avait assimilé les appels au boycott des produits israéliens à de l’antisémitisme. De telles accusations incendiaires sont manifestement sans fondement, intellectuellement et moralement malhonnêtes, et ne servent qu’à discréditer et faire taire toute forme de critiques dirigées contre les violations israéliennes des droits humains et du droit international. Le mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), dirigé par le BNC et dont les objectifs fondamentaux sont de faire respecter la justice et l’égalité pour tous, condamne sans équivoque toutes formes de racisme, et notamment l’antisémitisme et l’islamophobie. Les tentatives pour museler toute critique de l’État d’Israël avec l’épithète intimidante et répressive de racisme antijuif apportent un soutien tacite aux nombreuses violations israéliennes des droits humains et du droit humanitaire international, et par conséquent, manquent aux principes les plus chers de tout mouvement qui se classe lui-même à gauche.
L’appel BDS de 2005 (1), approuvé par une majorité écrasante d’organisations de la société civile palestinienne, adopte une démarche basée sur les droits et axée sur les violations israéliennes des droits humains et du droit international, à savoir, sa colonisation et son occupation toujours en cours de la terre palestinienne occupée depuis 1967, son système institutionnalisé de discriminations contre ses propres citoyens palestiniens (2), et son déni du droit, consacré par les Nations-Unies, des réfugiés palestiniens de revenir dans leurs foyers d’où ils ont été expulsés par la violence en 1948. Dans cet appel historique, la société civile palestinienne appelle à imposer de larges boycotts, désinvestissements et sanctions contre Israël, en tant que formes de pressions non violentes et efficaces sur Israël jusqu’à ce que celui-ci respecte ses obligations issues du droit international. Les Palestiniens en sont arrivés à cette forme civile de résistance à l’occupation, à la colonisation et à l’apartheid israéliens après qu’Israël ait violé des centaines de résolutions des Nations-Unis qui condamnent son occupation et ses politiques discriminatoires et exigent des recours immédiats et efficaces, et après que toutes les formes d’interventions internationales et de recherches de la paix aient échoué à convaincre ou contraindre Israël au respect du droit international et des droits palestiniens.
Depuis 2005, le mouvement BDS s’est considérablement développé à l’échelle internationale, et il a inclus des étudiants, syndicats, universitaires, artistes et investisseurs, dont beaucoup sont d’éminents penseurs juifs, comme Judith Butler, Naomi Klein et Ilan Pappe. Il est important aussi de noter que l’Appel palestinien au BDS a recueilli des réponses d’un certain nombre d’organisations israéliennes respectées, telles que la Coalition des Femmes pour la paix, Boycott ! Soutenez le BDS palestinien ! Appel de l’intérieur, et le Comité israélien contre les démolitions des maisons (ICAHD). Tous ces groupes susmentionnés, qui comptent parmi leurs membres des étudiants, salariés, universitaires, intellectuels, féministes, défenseurs des LGBT (lesbiennes, gays, bisexuelles et transsexuelles), militants des droits de l’homme, entre autres, tous sont unis dans leur conviction qu’Israël ne respectera le droit international qu’au travers de pressions internationales soutenues, et spécialement sous la forme de BDS. Le mépris total d’Israël pour le droit international et les droits humains ne fait que grandir, comme il en ressort clairement de son agression illégale en 2008/2009 contre la bande de Gaza, et de son assaut meurtrier contre la Flottille de la Liberté en mai 2010. A la lumière de la complicité des gouvernements occidentaux, et notamment de l’Allemagne, dans l’oppression israélienne à multiples facettes du peuple palestinien, BDS est devenu un impératif moral pour la fin de l’impunité d’Israël.
Qualifier le boycott d’Israël d’antisémite est à l’évidence trompeur, étant donné que c’est confondre une critique et une opposition légitimes à la politique d’Israël avec le racisme contre les juifs, assimilant ainsi Israël au monde juif, et réduisant ce dernier à un ensemble monolithique où tous penseraient la même chose. C’est cette assimilation qui est en elle-même antisémite. Le mouvement BDS a lancé un appel pour que les trois droits fondamentaux, consacrés par les Nations-Unies, du peuple palestinien soit appliqués, et il cible Israël à cause de son déni de ces droits, pas en raison de l’identité religieuse de la plupart de ses citoyens. Les appels ou boycott international de l’Afrique du Sud de l’apartheid étaient dirigés contre le caractère raciste de l’État réservé aux Blancs, mais pas contre les Blancs pour la couleur de leur peau en elle-même. De même, les appels au boycott d’Israël ne sont pas dirigés contre les juifs israéliens en tant que juifs, mais contre l’occupation et l’apartheid.
Le BNC exhorte Die Linke à dépasser cette calomnie infondée et à examiner honnêtement l’appel BDS, lequel prend ses racines dans les principes universels du droit international. « Jamais plus », la première leçon de l’un des plus terribles crimes de génocide de l’histoire, l’Holocauste, doit s’appliquer à tous les êtres humains, après tout, et elle doit conduire toute personne de conscience à écarter les tentatives d’un État d’adopter et d’appliquer des lois racistes, comme le fait Israël à l’encontre de toute une partie de la population sous son contrôle, lois basées sur l’ethnie ou l’identité nationale. L’impératif pour l’Allemagne à faire respecter et garantir la mise en conformité d’autres États avec le droit international doit être valable indépendamment des considérations religieuses ou ethniques. Israël, avec son gigantesque arsenal d’armes nucléaires et son passé d’agressions contre les États voisins, et son système d’occupation, de colonialisme et d’apartheid, ne doit pas en être dispensé.
Compte tenu de ce qui précède et du fait que les principes fondateurs de Die Linke incluent la paix, la démilitarisation, l’opposition aux armes de destruction massive et le refus d’une guerre avec des objectifs politiques, le BNC se demande avec quelle cohérence Die Linke peut mettre en conformité ses principes, quand il traite les questions politiques allemandes à l’égard d’Israël, avec les violations persistantes de celui-ci du droit international et ses menaces redoutables pour la paix du monde.
Quelle est la position de Die Linke sur la récente vente de sous-marins allemands à capacité nucléaire dans une « zone de conflit », comme celui provoqué par Israël, un pays qui possède des ogives nucléaires (3) ? quelle est sa position sur l’usage des drones israéliens Heron par l’Allemagne dans sa participation à la guerre en Afghanistan (des drones qui ont été, avec efficacité, « testés en réel » par Israël lors de l’opération Plomb durci sur la bande de Gaza assiégée) ? et quelle est sa position sur la coopération entre Rheinmetall AG (conglomérat industriel allemand spécialisé notamment dans l’armement - ndt) et l’industrie aéronautique israélienne pour une version plus sophistiquée du drone Heron (4) ? Où vous situez-vous par rapport aux millions d’euros d’impôts européens actuellement acheminés, par le biais du financement du programme de recherche et de développement de l’Union européenne (FP7), vers des sociétés israéliennes impliquées dans des violations graves du droit international, tels que le mur illégal et les colonies, sans parler de l’industrie d’armement israélienne (5) ? Nous sommes impatients de recevoir vos éclaircissements.
Le secrétariat du BNC
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[1] BDS Movement - en français : Collectif Palestine 69
[2] Même le rapport annuel du Département d’État US sur les droits de l’homme condamne systématiquement la « discrimination institutionnelle, juridique et sociétale d’Israël contre (ses) citoyens arabes ». Voir par exemple le rapport 2010.
[5] Europa
Palestine occupée, le 21 juin 2011 - BDS - traduction : JPP
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