samedi 25 juin 2011

Une flottille, dix bateaux, deux camps

25 juin 2011
Laura-Julie Perreault, envoyée spéciale
La Presse
Mavi Marmara ou pas, la seconde «flottille de la liberté» compte mettre le cap sur la bande de Gaza dès la semaine prochaine. Baptisé le Tahrir, du nom de la place centrale du Caire où s'est déroulé le soulèvement populaire qui a mené à la chute d'Hosni Moubarak, le bateau canadien participera à l'aventure.
On sait d'ores et déjà qu'un petit groupe de Québécois montera à bord, dont la militante de Québec solidaire Manon Massé, ainsi que Stephan Corriveau d'Alternatives, un des principaux organisateurs de la mission. Seront aussi à bord Marie-Ève Rancourt, de la Ligue des droits et libertés, et le cinéaste indépendant Santiago Bertolino.
Le bateau canadien, décrié par l'actuel ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, qui qualifie la flottille «d'action provocatrice», devrait partir d'un port grec, dont l'emplacement est gardé secret pour le moment.
Les quelque 10 autres navires qui participeront à la flottille, baptisée «Rester humain» en l'honneur d'un militant pro-palestinien assassiné récemment dans la bande de Gaza, battront tous des pavillons occidentaux. Certains des quelque 350 à 600 militants qui monteront à bord sont originaires de Turquie et du Moyen-Orient.
Pour le moment, deux navires français, un américain, un irlandais, un italien, un espagnol et deux bateaux gréco-suédo-norvégiens ont confirmé leur participation. Un cargo de la diaspora palestinienne devrait aussi prendre part au périple.
L'ONU fait volte-face
En préparation de l'arrivée de la flottille la semaine prochaine, Israël a fait plusieurs exercices maritimes au large de Gaza. En soutien au gouvernement israélien, plusieurs gouvernements, dont celui de Stephen Harper, ont demandé à leurs ressortissants de ne pas participer à la mission.
D'abord critique du blocus israélien à Gaza, le Secrétaire général des Nations unies a récemment modifié sa position et invité les organisateurs de la flottille à abandonner la seconde tentative de briser le siège maritime.
En guise de réponse, quatre lauréates du prix Nobel de la paix, dont l'avocate iranienne Chirine Ebadi et la militante guatémaltèque Rigoberta Menchu ont interpellé Ban Ki-moon et lui ont demandé de fournir des inspecteurs qui pourront confirmer que seules des denrées humanitaires se trouvent à bord.
«Nous sommes déçues que vous ayez récemment tenté de persuader des gouvernements membres de l'ONU de stopper la livraison de l'aide humanitaire à Gaza par la Flottille de la Liberté II», ont écrit les signataires.
Le bras de fer entre les deux camps se terminera au cours des prochains jours au milieu de la Méditerranée.
Lien