mardi 24 mai 2011

La réconciliation palestinienne sanctionne l’échec des négociations

24/05/2011
La réconciliation entre le Fateh et le Hamas, qualifiée par Barack Obama d'« obstacle à la paix », tire les conséquences de l'échec des négociations avec Israël. Dimanche devant l'Aipac, principal lobby proisraélien aux États-Unis, le président américain a réitéré les exigences du quartette (États-Unis, Union européenne, ONU, Russie) au Hamas : reconnaissance d'Israël, renonciation à toute violence et respect des accords signés. Mais le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a défendu l'accord conclu le 27 avril par le Fateh avec le Hamas, qui « fait partie de la société palestinienne ». Il a rappelé qu'il conduisait les pourparlers en tant que président de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), interlocuteur officiel d'Israël depuis une reconnaissance mutuelle en 1993. Un haut responsable de l'OLP, Yasser Abed Rabbo, a expliqué hier qu'« Israël et les États-Unis n'avaient pas besoin de traiter individuellement avec chaque mouvement palestinien ». « Si nous devions traiter avec chaque parti de l'actuelle coalition gouvernementale israélienne, nous n'en trouverions aucun qui soit disposé à nous parler », a-t-il ajouté à la radio officielle Voix de la Palestine.
Lors de l'accord Fateh/Hamas, les deux parties ont précisé que la faillite des négociations depuis plus de sept mois avait contribué au rapprochement. Le mouvement islamiste a toutefois indiqué qu'il ne tenterait pas de faire obstacle aux pourparlers. « C'est le Hamas qui s'est rallié à notre programme », a assuré le négociateur palestinien Nabil Chaath, vétéran du processus de paix, en référence à la réaffirmation solennelle le 4 mai par le chef du mouvement, Khaled Mechaal, de « l'objectif national commun » d'un État palestinien sur les territoires occupés depuis 1967 : la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est. « Si le Hamas est engagé à un règlement négocié, à la non-violence et à ce que le résultat final soit les frontières de 1967, c'est suffisant », a estimé M. Chaath, jugeant « ridicule de demander au Hamas aujourd'hui de reconnaître Israël ». « Je pense que cela satisfait l'Europe, la Russie et les Nations unies, le problème se pose pour l'interprétation de l'administration américaine », a-t-il indiqué.
Lors de deux discours, jeudi puis dimanche, le président américain a repris à son compte la position du quartette définissant les lignes de 1967 comme base des négociations, moyennant des échanges de territoire. L'UE et la France ont appelé en conséquence hier à une réunion rapide du quartette. « Les changements fondamentaux intervenus dans le monde arabe ont rendu encore plus urgente la nécessité d'enregistrer des progrès dans le processus de paix au Proche-Orient », indique une déclaration adoptée lors d'une réunion à Bruxelles par les chefs de la diplomatie des pays européens.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a sèchement récusé cette base de discussion. Depuis l'annonce surprise de la réconciliation, M. Netanyahu répète que « la paix avec Israël et avec le Hamas » est incompatible, au motif que le programme officiel du mouvement islamiste prévoit l'élimination d'Israël. Le 10 mai, M. Abbas avait néanmoins jugé essentiel à la paix que les Palestiniens parlent d'une seule voix. « Lorsque nous sommes allés à Annapolis (pour des négociations avec Israël en novembre 2007), les Américains et les Israéliens nous ont dit : Quel que soit l'accord que vous obtiendrez, il ne sera pas appliqué tant qu'il n'y aura pas d'unité » palestinienne, avait-il confié.
(Source : AFP)
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