mardi 4 janvier 2011

Bilan du nettoyage ethnique à Jérusalem Est occupée

Jérusalem - 03-01-2011 
Rapport du Centre d'Information Wadi Hilweh pour le mois de décembre 2010


Par Wadi Hilweh Information Center 
Tandis que les démolitions de maisons, les ordres d'expulsion, les violences, les blessures, les arrestations et les attaques militaires sont devenus monnaie courante dans la Ville Sainte, décembre 2010 a vu ces tragédies à l'excès, avec le village de Silwan comme cible de l'essentiel des agressions. L'événement le plus triste qui a marqué ce dernier mois de l'année fut le bannissement insidieux par l'armée israélienne d'une personnalité politique palestinienne de premier ordre, Adnan Ghaith.














En décembre 2010, le Centre d'information Wadi Hilweh a recensé :
- 13 arrestations d'habitants palestiniens de Silwan, dont 9 enfants,
- 5 démolitions de maisons à Sur Baher et Silwan,
- plus de 6 ordres d'expulsion remis à des habitants palestiniens de Silwan et al-Thuri,
- au moins 8 habitants blessés par balles et des dizaines souffrant des effets asphyxiants d'un grand nombre de salves de gaz lacrymogènes tirées dans tout Silwan pendant les affrontements qui déchirent le village presque quotidiennement. Dernièrement, une petite fille de 5 ans a été blessée par un véhicule de la police israélienne dans le quartier Wadi Hilweh de Silwan.
VIOLENCE ET BLESSURES

Silwan a été le témoin d'attaques presque quotidiennes pendant le mois de décembre, avec des affrontements entre Palestiniens et colons israéliens soutenus par des gardes appointés par les colons, l'armée, la police et les forces spéciales israéliennes. Maintes et maintes fois, le village a été submergé par les tensions et la violence chaque vois que les colons israéliens, les gardes et les forces armées provoquaient les habitants palestiniens.
La pire vague d'affrontements violents en décembre a suivi les tentatives d'expulser la famille Abu Nab, de Bateh al-Hawa. Les autorités israéliennes avaient annoncé leur intention d'évacuer la maison familiale le 26 décembre, et des affrontements ont éclaté ce jour là tandis qu'une présence militaire lourde se répandait dans tout le secteur et que de nombreuses rues étaient fermées aux résidents. Les affrontements et les confrontations se sont répandus dans plusieurs quartiers de Silwan mais la violence est restée concentrée sur Baten al-Hawa, où elle s'est poursuivie sans relâche les deux jours suivants tandis que des députés israéliens du Parti National d'extrême droite visitaient la colonie Beit Yonatan, construite à Baten al-Hawa près de la maison de la famille Abu Nab.
ARRESTATIONS ET DETENTIONS

13 arrestations et détentions ont été recensées à Silwan pendant le mois de décembre. 9 des personnes arrêtées étaient des enfants entre 11 et 17 ans, dont 6 d'entre eux ont été enlevés de chez eux pendant des raids militaires, les 3 autres dans les rues du village.
4 des enfants arrêtés ont raconté en détail leur expérience à Silwanic. Ils ont tous les 4 raconté qu'ils avaient été battus et humiliés par les officies de police et les enquêteurs israéliens pendant leur détention et leur interrogatoire. A.Q., 15 ans, a dit à Silwanic qu'il a été arrêté à 4h du matin le 27 décembre, lorsque 25 policiers des forces spéciales israéliennes, masqués et surarmés, ont fait une descente dans la maison familiale à Wadi Hilweh. La police a pénétré dans la maison, a raconté A.Q., en escaladant la grille qui sépare la cour de la maison de la colonie israélienne adjacente. La police s'est saisi de A.Q. et l'a poussé dans un véhicule de police où elle l'a obligé à rester assis dans une position douloureuse, la tête coincée entre les jambes et menacé de coups s'il se redressait. La police est allée ensuite chez un autre enfant de 13 ans pour l'arrêter, et A.Q. a été tabassé par les officiers lorsqu'il a protesté contre l'arrestation de l'autre enfant. Ils ont été tous les deux transférés rue Salah al-Din où, avec un autre enfant de 15 ans arrêté chez lui la même nuit, ils ont été soumis à un interrogatoire. Selon A.Q., ils ont été obligés de signer des documents rédigés en hébreu puis transférés au poste de police Maskubya où ils ont été interrogés par un autre enquêteur qui les a accusé d'avoir volé son arme à un garde des colons, d'avoir mis le feu à sa propriété et d'avoir tiré sur des gardes, avec lesquels ils ont échangé des tirs.
Le plus jeune des enfants détenus a été libéré avant le procès qui devait avoir lieu à cause des marques sur son visage qui trahissaient clairement la brutalité de la police à laquelle il avait été soumis. La détention des deux autres enfants a été prolongée d'une autre journée avant qu'ils soient finalement libérés sous caution le 28 décembre après leur procès devant la Cour centrale israélienne.
Ahmed Dana, 13 ans, a été arrêté le 26 décembre par les policiers des forces spéciales israéliennes, qui ont détenu l'enfant dans la voiture privé d'un garde de colons avant qu'il soit transféré au poste de police. Sa détention a duré plus de 24 heures avant qu'il soit libéré sous caution (10.000 NIS – 2.100€).
Mustafa Jamjoum, 13 ans, a été arrêté le 16 décembre dans le district Bir Ayyub de Silwan, blessé à la tête lors d'affrontements dans le quartier. Pendant le procès de Jamjoum, le procureur israélien a exigé que sa détention soit prolongée de 3 mois. Jamjoum a été assigné à résidence, chez lui, pendant une semaine, en grande partie grâce à son avocat, envoyé par Addameer et le Mouvement mondial en faveur des enfants.
DEMOLITIONS DE MAISONS

La Municipalité de Jérusalem a accéléré sa campagne de démolition à Jérusalem Est en décembre, usant fréquemment du prétexte éculé de construction illégale, ou de construction sans permis. 2 maisons palestiniennes ont été détruites à Silwan et 2 à Sur Baher par les bulldozers de la municipalité flanqués d'un nombre impressionnant de policiers et de soldats israéliens. 2 autres maisons à Sur Baher ont été démolies par leurs propriétaires, après que la municipalité leur aient donné une semaine pour les détruire eux-mêmes pour éviter les frais énormes imposés par le gouvernement israélien aux habitants des maisons qu'ils démolissent et la perte de leurs affaires écrasées la plupart du temps sous les roues des bulldozers pendant la destruction.
Une des plus grandes hypocrisies du prétexte de non possession de permis de construire utilisé par le gouvernement pour démolir les maisons est que la grande majorité d'entre elles, dans les secteurs palestiniens de Jérusalem Est, ont été construites avant l'annexion de la ville en 1967 et ne peuvent donc pas avoir été bâties dans le cadre du schéma d'urbanisme israélien en cours. Il n'y a pas de schémas d'urbanisme pour les secteurs palestiniens et les permis de construire sont pratiquement impossibles à obtenir pour les habitants palestiniens de Jérusalem, beaucoup sont donc obligés de construire sans permis.
BANNISSEMENT D'UN MEMBRE DU COMITE DE SILWAN

Décembre 2010 a été marqué par la bataille juridique menée par Adnan Ghaith (à droite sur la photo ci-dessus), membre du Comité populaire d'al-Bustan, contre l'ordre de l'armée israélienne de l'expulser de Jérusalem pendant 4 mois. Ghaith, personnalité clé de la communauté et secrétaire général du Fatah à Silwan, a retiré son appel final contre l'ordonnance militaire fin décembre lorsqu'il est apparu évident qu'il était impossible de lutter contre l'ordre par le système judiciaire israélien. L'ordre entrera en vigueur le 12 janvier 2011 et durera jusqu'au 12 avril. Les résidents voient cette mesure comme une évolution alarmante de la répression israélienne contre l'activité politique et l'identité palestiniennes dans la Ville Sainte.
Traduction : MR pour ISM