samedi 9 octobre 2010

Ultimatum arabe à Washington : Un mois pour relancer les négociations directes

09/10/2010
Réunis hier à Syrte en Libye, les Arabes ont décidé d’accorder un délai d’un mois à Washington pour relancer les négociations directes entre Israël et les Palestiniens avant d’envisager des alternatives. Ils ont également réaffirmé qu’il ne pouvait pas y avoir de négociation sans arrêt de la colonisation
La Ligue arabe a décidé hier de se réunir à nouveau dans un mois pour étudier des alternatives proposées par le président palestinien Mahmoud Abbas, si les négociations avec Israël ne reprennent pas. Les ministres des Affaires étrangères de 13 pays de la Ligue arabe, qui ont rencontré M. Abbas hier soir à Syrte en Libye, ont également appelé Washington à poursuivre ses efforts pour stopper la colonisation israélienne. Selon un communiqué publié à l'issue de la réunion, ils ont réaffirmé qu'il ne pouvait pas y avoir de négociation directe avec Israël sans arrêt de la colonisation.
C'est la reprise par Israël de la construction dans les colonies juives de Cisjordanie occupée le 26 septembre, après un moratoire de dix mois, qui menace les négociations de paix relancées le 2 septembre à Washington après 20 mois de suspension.
M. Abbas, qui se trouve déjà à Syrte, a prononcé un « important » discours devant le comité arabe de suivi du processus de paix. Il avait auparavant mis sa démission dans la balance si les négociations avec Israël capotaient, selon ses proches. De son côté, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a estimé hier que la situation n'est « pas favorable à des négociations directes ». Interrogé sur les alternatives arabes en cas de suspension des négociations, il a évoqué de « nombreuses alternatives, notamment d'aller au Conseil de sécurité ».
Le processus de paix est en outre suspendu au résultat des pressions américaines sur les deux camps. Jeudi, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a téléphoné à M. Abbas. « Elle n'a rien apporté de neuf, sinon pour dire que les Américains continuent leurs efforts pour obtenir un gel de la colonisation et qu'ils vont travailler sur ce dossier avec Netanyahu jusqu'à la toute dernière minute », a dit le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeina. M. Abbas a de son côté réitéré son exigence d'un arrêt de la colonisation avant toute reprise des discussions.
Pour les Palestiniens, la colonisation vide de son sens la négociation sur les frontières d'un futur État palestinien, en créant des faits accomplis risquant d'être irréversibles. Les États-Unis, qui comme la communauté internationale ont appelé à un nouveau moratoire sur la colonisation, font pression pour que les pays arabes continuent de soutenir les négociations. Mais le Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le Fateh, mouvement de M. Abbas, ont approuvé le 2 octobre une suspension des pourparlers si Israël poursuit la colonisation. Selon Saleh Rafat, membre du Comité exécutif de l'OLP, la direction palestinienne espère que « les Arabes et les acteurs internationaux portent les activités de colonisation devant l'ONU ».
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, se borne quant à lui à renvoyer la balle dans le camp palestinien. « Israël manifeste son intérêt dans la poursuite des négociations directes », et espère que les Palestiniens « ne quitteront pas les négociations », a déclaré à l'AFP l'un de ses porte-parole. L'ambassadeur d'Israël aux États-Unis a confirmé que Washington avait offert des « incitations » en échange d'un gel de la colonisation. M. Netanyahu, qui n'a pas encore répondu positivement à cette offre considérée comme particulièrement favorable à Israël, exigerait que le président Barack Obama entérine les engagements écrits pris en 2004 par son prédécesseur George W. Bush. Ce dernier avait appuyé l'annexion par Israël des grands blocs de colonies dans le cadre d'un accord final, un engagement que l'administration Obama refuse de reprendre à son compte, selon les médias israéliens. En échange du gel, Washington aurait promis à Israël des armes sophistiquées, de bloquer toute tentative de discuter de la proclamation d'un État palestinien à l'ONU et de soutenir une présence militaire israélienne dans la vallée du Jourdain pour une période limitée après la création d'un État palestinien, ont-ils indiqué.