lundi 6 septembre 2010

Processus de paix : l’arbitre (ré)apparaît

publié le dimanche 5 septembre 2010
Gilles Paris

 
Pourquoi la présence d’une tierce partie est-elle nécessaire ? Sans doute à cause de l’asymétrie qui caractérise les relations israélo-palestiniennes
Il s’agit sans doute du principal enseignement, pointé par le chroniqueur israélien du Yédioth Aharonoth Nahum Barnéa, de la relance formelle des discussions directes entre Israéliens et Palestiniens, mercredi et jeudi, à Washington. Les Etats-Unis semblent prêts à reprendre le rôle qui a été le leur par le passé d’ “honest broker”, d’arbitre. On dira que Bil Clinton puis George Bush ont tenu ce rôle sans succès lors du sommet de Camp David en juillet 2000, puis avec le processus d’Annapolis à partir de novembre 2007, mais il s’agissait dans les deux cas de présidents parvenus au terme de leur second mandat et donc affaiblis politiquement.
Pourquoi la présence d’une tierce partie est-elle nécessaire ? Sans doute à cause de l’asymétrie qui caractérise les relations israélo-palestiniennes, comme le rappelle avec pertinence un universitaire bon connaisseur du dossier, Vincent Romani.
Le “processus de paix”, formule presque magique souvent déconnectée d’une réalité complexe, est assez ancien pour avoir déjà fait l’objet d’examens critiques. La “feuille de route”, plan international rédigé en décembre 2002 par les Européens et les Américains pour traduire la “vision” de George Bush exprimée à l’occasion de son discours de juin 2002, évoquait justement cette nécessité même si elle s’appliquait à un autre mécanisme : l’adoption de mesures parallèles destinées à restaurer la confiance entre les deux parties sous le contrôle d’un “juge de paix”.
L’agenda suivi depuis le lancement des discussions de “proximité”, indirectes, est resté américain. Les Etats-Unis travailleraient déjà à la formule qui permettrait de passer l’obstacle du 26 septembre, terme du gel partiel de la colonisation décrété unilatéralement par Israël (dont il conviendrait de dresser un bilan impartial). En cas d’échec de la piste de Washington, la Maison Blanche pourra encore formuler ses propres “paramètres” pour un règlement du conflit, comme l’avait fait en son temps M. Clinton, mais trop tard. Réapparition d’un arbitre, donc, et d’un seul. Les Européens n’étaient pas conviés à Washington.
publié sur le blog du Monde "Guerre ou Paix"