vendredi 30 juillet 2010

Accord de principe arabe à des pourparlers directs israélo-palestiniens

30/07/2010
Des colons, affirmant avoir racheté le bâtiment, ont chassé hier une famille palestinienne d’un immeuble de la vieille ville de Jérusalem où elle résidait depuis 70 ans. Ahmad Gharabli/AFP
Des colons, affirmant avoir racheté le bâtiment, ont chassé hier une famille palestinienne d’un immeuble de la vieille ville de Jérusalem où elle résidait depuis 70 ans. Ahmad Gharabli/AFP
Réunie au Caire, la Ligue arabe a donné son accord sur le principe de négociations directes avec Israël, mais seulement quand Abbas le voudra.

Les pays arabes sont d'accord sur le principe de pourparlers directs avec Israël, mais laissent au président palestinien Mahmoud Abbas le soin de juger quand les conditions seront réunies pour qu'ils débutent, a-t-on appris hier à l'issue d'une réunion de la Ligue arabe. « Je serai clair. Il y a un accord mais en sachant ce qui sera discuté et comment les négociations directes seront menées », a déclaré Hamad ben Jassem ben Jabr al-Thani, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, qui présidait au Caire la rencontre à laquelle participait M. Abbas. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a, quant à lui, insisté sur la nécessité d'obtenir des « garanties écrites » pour ces discussions directes, qui doivent selon lui « être sérieuses » et porter sur le « statut final » d'un futur État palestinien et d'un accord de paix.
Un haut diplomate arabe, sous le couvert de l'anonymat, a déclaré à l'AFP qu'il s'agissait d'appuyer toute décision que les Palestiniens prendront. Un autre participant a affirmé que la réunion n'avait « pas rejeté la reprise de discussions directes et laissé la porte ouverte aux efforts américains ». Le responsable a ajouté qu'une lettre allait être envoyée à Barack Obama exposant « comment nous voyons tout processus de paix ou négociation directe ». Cette lettre « comprendra une confirmation des principes généraux du processus de paix », avec en particulier l'arrêt de la colonisation israélienne en Cisjordanie et Jérusalem, a-t-il ajouté également sous couvert d'anonymat.
Les Palestiniens, de leur côté, ont réitéré hier les exigences qui conditionnent leur participation à des négociations de paix directes avec Israël et se sont félicités de l'appui à leur point de vue apporté par les ministres arabes des Affaires étrangères. Des exigences que Mahmoud Abbas avait déjà réaffirmées mercredi lors d'une rencontre avec la presse égyptienne. Le responsable palestinien avait notamment déclaré qu'il « n'entamerait pas de négociations directes tant que l'on n'aurait pas de perspectives sérieuses sur les frontières de 1967 et la fin de la colonisation », des conditions jugées inacceptables par le gouvernement de Benjamin Netanyahu. M. Abbas avait aussi assuré qu'il faisait face à « des pressions comme je n'en ai jamais connues avant dans ma vie, de la part de l'administration américaine, de l'Union européenne et du secrétaire général de l'ONU ». Le président américain avait dit, le 6 juillet, espérer que les négociations directes reprennent avant le 26 septembre.
Côté israélien, un communiqué du bureau du Premier ministre indiquait, hier soir, qu'« en réponse à la décision de la Ligue arabe, Benyamin Netanyahu a indiqué qu'il était prêt à commencer, dès les prochains jours, des discussions directes et franches avec l'Autorité palestinienne ». « Le Premier ministre a ajouté qu'il est possible de parvenir à un accord de paix entre les deux nations dans un avenir proche grâce à des pourparlers directs », a assuré le communiqué.
Les États-Unis ont, pour leur part, estimé que les signes de soutien manifestés par la Ligue arabe à une reprise des pourparlers directs étaient « encourageants ». Plus tôt dans la journée, les États-Unis avaient appelé le roi Abdallah d'Arabie saoudite et le président syrien Bachar el-Assad, qui se sont rencontrés hier à Damas, à encourager les Palestiniens à reprendre des négociations de paix directes avec Israël. « Nous espérons qu'ils arriveront à la même conclusion que nous : plus vite nous aurons des négociations directes, mieux ce sera », avait déclaré à la presse le porte-parole du département d'État, Philip Crowley, qui a ajouté que la secrétaire d'État Hillary Clinton s'était entretenue par téléphone avec le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal.
Dans la soirée, un responsable du ministère syrien des Affaires étrangères a estimé que Washington n'avait pas le droit de s'ingérer dans les relations entre Damas et Riyad.

Assad et Abdallah appellent à la levée du blocus de Gaza et à la fin de la colonisation
Lors de leur rencontre hier à Damas, Bachar el-Assad et le roi Abdallah ont souligné, concernant la question palestinienne, « la nécessité de réaliser la réconciliation » entre les deux frères ennemis : le Hamas et le Fateh. Ils ont par ailleurs rendu hommage aux positions adoptées par la Turquie « pour soutenir le peuple palestinien et briser l'embargo imposé à la bande de Gaza » et ont appelé la communauté internationale à « assumer ses responsabilités en exerçant des pressions sur Israël pour qu'il lève le blocus de Gaza et cesse la colonisation » des terres arabes. Le président syrien et le roi saoudien ont en outre jugé « nécessaire la formation dans les plus brefs délais d'un gouvernement en Irak qui préserverait le caractère arabe de ce pays, sa sécurité et sa stabilité ».
Les deux hommes d'État, dont les relations étaient tendues depuis l'assassinat de Rafic Hariri, ont opéré un rapprochement avec une rare visite à Damas du roi Abdallah en octobre 2009. L'Arabie saoudite veut construire autour d'elle une unité arabe pour tenter, entre autres, d'isoler l'Iran chiite, un allié-clé de Damas, qui inquiète certains pays de la région en raison de son programme nucléaire controversé.
Le monarque saoudien avait rencontré mercredi le président égyptien Hosni Moubarak dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh. Apèrs sa visite au Liban, aujourd'hui, il doit également se rendre en Jordanie.