vendredi 10 décembre 2010

Netanyahu : le champion des colons

vendredi 10 décembre 2010 - 01h:16
Khaled Amayreh - Al Ahram
Tandis que le processus de paix bricole dans de l’inapplicable, Israël, pousse les feux de façon éhontée dans ses activités de colonisation, écrit Khaled Amayreh depuis Ramallah.
Alors que le premier ministre israélien Binyamin Netanyahu était à peine arrivé aux Etats-Unis cette semaine, le gouvernement israélien a fait connaître des plans pour construire jusqu’à 1300 unités d’habitation coloniales supplémentaires en Cisjordanie occupée.
Le nouveau projet - qui s’ajoute à de nombreux autres plans pour installer des milliers, voir des dizaines de milliers de nouvelles unités coloniales — décapitera définitivement les maigres espoirs qui pouvaient rester sur un accord de paix entre Israël et une autorité palestinienne (AP) mécontente et tenue pour négligeable.
La plus grande partie des unités coloniales prévues seront établies dans la colonie de Har Homa dans la région de Bethlehem-Beit Sahur, comme dans d’autres colonies juives à l’intérieur ou à côté de Jérusalem-est. La colonie de Har Homa, connue en arabe sous le nom de Jabal ab Ghuneim, a été créée — en dépit d’un concert de protestations au niveau international - il y a presque 20 ans avec pour but d’isoler les Palestiniens du sud de la Cisjordanie méridionale, de Jérusalem-est.
Jérusalem elle-même a été constellée de douzaines de colonies qui rendent bien sombres les perspectives d’un Etat pour les Palestiniens [dans les frontières du cessez-le-feu de 1949 - N.d.T]. La semaine dernière, on a appris que le gouvernement israélien s’était entendu avec des groupes de colons pour construire 238 autres appartements dans Jérusalem-est. Cette révélation a coïncidé avec une autre information divulguée par des militants pacifistes [israéliens] et prouvant que le gouvernement, en coordination avec les colons, avait falsifié les droits sur les terrains et d’autres documents afin de confisquer encore plus de propriétés arabes dans la ville occupée.
La révélation du nouveau plan d’expansion colonial souligne la nonchalance et le complet mépris avec lesquels le gouvernement d’Israélien considère le processus de paix. Elle illustre également la défiance israélienne face aux efforts désespérés faits par l’administration d’Obama pour remettre à flot le processus déjà précaire, dans l’espoir que « quelque chose » peut être réalisé avant la fin du mandat présidentiel d’Obama.
L’administration d’Obama, encore sous le choc de sa défaite électorale face aux Républicains la semaine dernière, a critiqué le nouveau plan de colonisation, disant être « profondément déçue » par l’annonce israélienne. « [L’annonce] est contre-productive pour nos efforts de reprendre des négociations directes entre les deux parties, » a dit Phillip J Cowley, porte-parole du Département d’Etat. « Nous avons longtemps invité les deux parties à éviter des actions, y compris dans Jérusalem, qui pourraient miner la confiance, et nous continuerons à travailler pour reprendre des négociations directes pour aborder cette question, comme d’autres liées à un accord définitif. »
Mais cette réaction semblait plus à vocation diplomatique pour apaiser les Palestiniens, qu’une indication selon laquelle l’administration d’Obama était sur le point de prendre une position plus active contre les continuelles extensions coloniales d’Israël. En fait, l’administration d’Obama a donné à Netanyahu toutes les assurances possibles que Washington ne pense rien de ce qu’il dit quand il prétend se distancier de l’expansion coloniale israélienne en Cisjordanie. Donc le premier ministre israélien n’a aucune raison de s’inquiéter.
Par exemple, le vice-président Joe Biden a déclaré à Netanyahu que les différences entre Israël et les Etats-Unis sur la question des colonies étaient de nature tactique et ne pouvaient pas miner ni même affecter les incontestables relations entre les deux alliés. Biden a été jusqu’à dire à Netanyahu que les relations US-israéliennes demeureraient de fer « en dépit » des différences sur les colonies. « Nos relations demeurent, à proprement parler, incassables. »
Ironiquement, les seules critiques que Netanyahu a reçues pour sa politique clairement opposée au processus [dit] de paix en Cisjordanie, sont venues des membres de la communauté juive américaine qui semblent avoir perdu une partie de leur patience face à la politique israélienne de longue date, consistant à exploiter la communauté juive américaine et son influence sur la politique intérieure américaine pour favoriser le développement du racisme, du fascisme et de la colonisation en Palestine occupée, aux dépens des efforts de paix. Alors qu’il donnait un discours devant l’Assemblée générale de la fédération juive [Jewish Federation General Assembly] à la Nouvelle-Orléans lundi, Netanyahu a été à plusieurs reprises interpellé par des membres de l’assistance.
Selon la presse israélienne, le premier élément perturbateur a interrompu Netanyahu à peine après qu’il ait commencé son discours de 30 minute, criant, « le serment de fidélité délégitimise Israël ! » Les interruptions suivantes ont été des protestations contre l’occupation par Israël de la terre palestinienne, aussi bien que contre la sauvagerie et le vandalisme des colons en Cisjordanie. Netanyahu a recouru à des échappatoires et à des déclarations creuses, disant espérer que « des entretiens sans conditions » avec les Palestiniens mèneraient à un accord de paix d’ici une année.
Le premier ministre israélien a ignoré les dizaines de milliers d’unités coloniales israéliennes établies illégalement selon le droit international dans les territoires palestiniens occupés, et les centaines de milliers de citoyens juifs israéliens que les gouvernements israéliens successifs ont transféré en Cisjordanie pour vivre sur des terres qui appartiennent à d’autres. En fait, au lieu d’aborder les problèmes réels liés à l’effet paralysant de l’expansion coloniale sur un processus de paix déjà moribond, Netanyahu a trouvé une diversion facile et confortable à travers la question iranienne, invitant les Etats-Unis à recourir à la menace de la force pour inciter les Iraniens à repenser leur supposé programme nucléaire.
Israël est le seul pays au Moyen-Orient largement soupçonné de posséder des armes nucléaires.
En conclusion, les officiels de l’AP [de Ramallah - N.d.T] ont répété leurs habituelles platitudes au sujet des obstacles à la paix posés par la politique coloniale d’Israël. Le dernier rapport venant du président [de l’AP de Ramallah - N.d.T] Mahmoud Abbas, est qu’il parlera fort quand le temps sera venu. C’est le souhait de tout le monde. Mais assurément, Abbas et ses collègues se sentent maintenant de plus en plus floués par l’administration d’Obama, laquelle n’a pas fait geler les activités israéliennes de colonisation en Cisjordanie. La popularité d’Abbas - avec celle du processus de paix - a considérablement diminuée.
(JPG) Khalid Amayreh est un journaliste qui vit à Dura, dans le district d’Hébron, Cisjordanie, Palestine occupée. Il a un bachelor en journalisme de l’université d’Oklahoma (1981) et un master en journalisme, de l’université de Southern, Illinois (1983)
http://weekly.ahram.org.eg/2010/102...
Traduction de l’anglais : Abd Al-Rahim
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