dimanche 3 octobre 2010

Washington marchande la poursuite du gel des colonies

publié le samedi 2 octobre 2010
Adrien Jaulmes

 
Barack Obama aurait promis de généreuses garanties, sans parvenir à vaincre la résistance du premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou.
Les Américains ont proposé à Israël de payer au prix fort des concessions israéliennes sur la poursuite du moratoire des constructions dans les colonies. Les négociations auraient culminé dans la rédaction d’une série de propositions américaines à Benyamin Nétanyahou, négociées entre le ministre de la Défense israélien Ehoud Barak et Dennis Ross, le conseiller spécial du président américain pour le Moyen-Orient. Selon plusieurs sources, les États-Unis se seraient engagés auprès d’Israël pour une série de garanties concernant les négociations en cours, mais aussi à des livraisons de matériel militaire et d’engagements sécuritaires, en échange d’une prolongation de soixante jours du gel des constructions dans les colonies.
Les Américains auraient ainsi promis aux Israéliens de ne pas demander de nouvelle extension du moratoire après les soixante jours supplémentaires. Ils se seraient aussi engagés à opposer leur veto à toute initiative du Conseil de sécurité de l’ONU concernant le processus de paix pendant l’année des négociations, et notamment à la proclamation unilatérale d’un État palestinien, sujet d’inquiétude pour Israël. Les États-Unis auraient en outre accepté par avance toutes les exigences sécuritaires israéliennes, qui vont d’un embargo total des livraisons d’armes au futur État palestinien jusqu’au maintien, pour une durée indéfinie, du contrôle israélien de la vallée du Jourdain, donc des frontières du futur État. Washington aurait enfin promis une augmentation de l’assistance militaire à Israël, incluant la livraison de nouveaux chasseurs F-35, de systèmes antimissiles et de moyens de surveillance satellitaires.
L’Administration Obama irritée par le refus israélien
Nétanyahou aurait cependant refusé cette alléchante proposition, de loin l’une des plus généreuses formulées par les Américains, suscitant des critiques en Israël. Selon des diplomates, l’Administration Obama - qui a démenti le marchandage - serait particulièrement mécontente du refus israélien. Nétanyahou est sans doute tenté d’accepter le marché. Mais le premier ministre n’a pas oublié le précédent du mémorandum de Wye River, en 1998, durant son précédent mandat, où il avait cédé aux pressions de la Maison-Blanche pour voir sa coalition se disloquer.
L’affaire du moratoire est devenue une question de crédibilité pour tous les acteurs. Nétanyahou court le risque de perdre le pouvoir s’il cède aux pressions américaines. Abbas joue dans son refus le peu de légitimité qui lui reste auprès des opinions palestinienne et arabe. Et Obama, qui a demandé publiquement à plusieurs reprises une poursuite du gel, y joue la crédibilité de son engagement en faveur de la paix au Proche-Orient.
Les symboles étant souvent plus importants que la réalité, la question du gel de la colonisation pourrait ainsi précipiter une nouvelle fois la rupture prochaine des négociations directes.
publié par le Figaro
http://www.lefigaro.fr/internationa... ajout de note : CL, Afps