dimanche 3 octobre 2010

Fin du moratoire de la colonisation : où est le « processus de paix » ?

vendredi 1er octobre 2010 - 21h:03
Viviane Lafont - Lutte Ouvrière
Le 26 septembre, au terme du moratoire partiel décrété pour dix mois par le gouvernement de Benyamin Netanyahou sur les nouvelles constructions israéliennes en Cisjordanie, le mouvement de colons Yesha organisait plusieurs rassemblements spectaculaires, avec pose de première pierre d’une crèche et coulée de béton frais. « Nous allons mettre les bouchées doubles » se vantait un représentant des colons de Shilo.
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Partielle, cette suspension du processus de colonisation par Israël des territoires palestiniens l’était à double titre. D’une part, seule la Cisjordanie était concernée, où se sont déjà implantés 300 000 colons, les implantations ayant continué de s’étendre à Jérusalem-Est, où se sont installés près de 200 000 autres Israéliens juifs, rendant de plus en plus difficile, tant que le gouvernement israélien ne sera pas contraint de revenir en arrière, la constitution d’un État palestinien un tant soit peu géographiquement viable. D’autre part, les installations jugées nécessaires à la vie des colons déjà implantés n’ont pas cessé de se construire, comme les écoles, les crèches ou les maisons communes, rendant complètement formelle la prétendue « trêve », ou le moratoire.
De son côté, le chef du gouvernement israélien se réfugie derrière les pressions des associations de colons ou de l’extrême droite, représentée dans la coalition gouvernementale par le ministre Lieberman, pour annoncer une « reprise limitée » de la colonisation. Or, non seulement une partie du Likoud, la droite au pouvoir, soutient cette politique de colonisation agressive au motif hypocrite que les colons seraient les premières lignes de défense d’Israël contre les lanceurs de roquettes palestiniens, mais la politique de Netanyahou, comme celle d’Olmert, comme celle de leurs prédécesseurs, a toujours été, depuis 1967, de favoriser la poursuite de la colonisation des territoires palestiniens qu’Israël occupe militairement au mépris total des droits de leur population ; au mépris de la légitime et évidente aspiration des Palestiniens à pouvoir vivre sur leur sol, sans avoir à subir l’état de guerre permanente que leur impose Israël.
Plus de quarante ans de colonisation et de soi-disant « processus de paix » ont conduit les 7,6 millions d’Israéliens, dont 1,5 million d’Arabes, à une situation totalement invivable et inextricable. Les dirigeants israéliens ne se contentent pas d’avoir bâti sur la terre d’un autre peuple un État qui donne plus de droits à un immigrant juif venu des États-Unis qu’à des Arabes qui vivent là depuis des générations. Ils veulent encore étendre cet État au-delà des frontières de 1967, en grignotant petit à petit le territoire de la Cisjordanie, en y créant des « faits accomplis » par la colonisation et en proclamant ensuite « j’y suis, j’y reste » au nom d’un prétendu droit historique qui remonterait à la Bible.
C’est cette politique de spoliation qui entretient un conflit permanent auquel les grandes puissances prétendent de temps en temps trouver une solution en enclenchant un « processus de paix » toujours plus illusoire. Car sur le fond, États-Unis en tête, elles ne veulent en aucun cas contrarier Israël, dont la politique agressive et la puissance militaire leur sont trop utiles, au milieu d’un Moyen-Orient où leurs intérêts sont déterminants, pour qu’ils envisagent de s’en passer.
Tout cela, les dirigeants israéliens le savent, et c’est ce qui leur permet de continuer imperturbablement leur politique de colonisation à la face du monde et même du président des États- Unis.
Face à la décision israélienne de mettre fin au gel de la colonisation, le président palestinien Mahmoud Abbas a reporté à la réunion de la Ligue arabe du 4 octobre, sa décision d’interrompre les discussions. Mais quoi qu’il sorte de cette réunion, les dirigeants occidentaux et israéliens auront bien du mal à faire croire qu’un « processus de paix » est vraiment en marche.
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