mardi 19 octobre 2010

Le système sioniste montre son vrai visage


Israel - 18-10-2010
Par Michael Khaled > mid@miftah.org
Michael Khaled travaille au service Média et Information de l’Initiative palestinienne pour la promotion du dialogue mondial et la démocratie (MIFTAH). 
Les récents titres et éditoriaux ont sonné l’alarme sur une nouvelle mesure israélienne qui exige que les immigrants non juifs en Israël prêtent un serment d’allégeance à un Etat « juif et démocratique. » Les commentateurs et spécialistes du monde entier qualifient la décision de fasciste et certains vont même jusqu’à la comparer aux lois racistes prises en Europe et qui ont conduit à l’holocauste. En Israël, les sionistes « libéraux » la considèrent comme un tournant qui marque le début de l’inexorable éloignement d’Israël d’un régime politique démocratique. Bien que cette dernière mesure soit l’expression la plus flagrante de la politique discriminatoire de la Knesset, elle est loin d’être la première.
















"Je suis née à Austin, Texas. Israël me paierait pour que j'aille m'installer sur SA terre parce que je suis juive."
"Je suis né en Palestine. Je ne peux pas revenir sur ma terre parce que je ne suis pas juif."
Hier, j’ai passé l’après-midi à me baguenauder à travers le labyrinthe démocratique agencé par le ministre de l’intérieur israélien. Balloté de bureau en bureau, d’immeuble en immeuble, par un jour d’octobre particulièrement chaud, des employés, les uns après les autres, m’ont dit que j’étais au mauvais endroit et que je devais aller voir quelqu’un d’autre. Mais l’aspect le plus alarmant de tout le processus fut de remplir la demande elle-même avant que j’arrive.
J’ai d’abord été surpris de voir, sur la première page, un champ où je devais indiquer ma religion. Venant des Etats-Unis, où la religion est à juste titre considérée comme un sujet personnel ne pouvant faire l’objet d’un examen par le gouvernement, j’ai sérieusement envisagé d’écrire « aucune » ou de laisser le champ en blanc. Dans un pays qui se proclame la seule démocratie libérale du Moyen Orient, cette question est un soufflet aux principes d’égalité et de libéralisme.
Indiquer sa religion peut ne pas être aussi inquiétant que ça, mais que les candidats doivent la signer implique qu’ils font une déclaration religieuse. J’ai dû jurer que je n’avais commis « aucune infraction pénale ou aucun acte dirigé contre le peuple juif. » Ce qui fait spécifiquement référence à la seule partie de la société israélienne que le programme sioniste considère comme légitime : les Juifs. Peu importe aux fonctionnaires qui décideront d’approuver ou non ma demande que j’ai fait quoi que ce soit qui nuise au cinquième des citoyens d’Israël, les Palestiniens.
Il est certain que le gouvernement israélien a glissé encore davantage vers la droite et a accéléré sa descente vers l’autoritarisme avec l’élection du Premier ministre Benjamin Netanyahu et son acolyte ultranationaliste Avigdor Lieberman, qui a été le fer de lance de la campagne pour le nouveau serment de loyauté pour les immigrants. De telles exigences mettent une nation – que vous la définissiez comme raciale, culturelle, ethnique ou religieuse – au-dessus de toutes les autres, ce qui est l’antithèse de la démocratie dans un Etat binational.
Les lois qui étayent ce système ont toujours été masquées par un voile de légitimité, en prétendant hypocritement protéger l’égalité, promouvoir la justice sociale ou répondre aux préoccupations sécuritaires toujours présentes. Une loi de 2003 prise par le gouvernement d’Ariel Sharon empêche les Palestiniens ayant une carte d’identité israélienne et qui ont épousé un(e) Palestinien(ne) des Territoires occupés d’emmener leur conjoint vivre avec eux. En 2007, sous le gouvernement Olmert prétendument centriste, la Knesset a voté pour permettre au Fonds National Juif semi-gouvernemental de discriminer sur la race lorsqu’il décide de louer des terres à des non-Juifs.
ll fut un temps où les dirigeants israéliens pouvaient pointer les garanties de l'égalité des droits dans les lois fondamentales d'Israël qui sont censées empêcher la discrimination fondée sur la race ou l'identité nationale, mais maintenant la lettre de la loi devient tout aussi discriminatoire que la pratique D'un côté c'est un affichage dégoûtant d'hypocrisie et de racisme, mais d’un autre côté, au moins maintenant la subtilité et la nuance disparaissent. Le monde entier peut maintenant voir la discrimination, la citer et la dénoncer.
La visibilité croissante du système raciste d’Israël est en train de réveiller l’activisme international parmi les citoyens avec un mouvement croissant de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), et même une poignée de gouvernements expriment de plus en plus leur mécontentement, comme le Royaume-Uni, la Turquie et l’Espagne, qui se sont retirés de la conférence sur le tourisme que l’OCDE organise du 20 au 22 octobre à Jérusalem.
Pourtant, ces efforts ne sont guère plus qu’un léger inconvénient quand il s’agit de la position internationale d’Israël. L’inertie du statu quo international exige non seulement un mouvement des acteurs en Europe ou du camp de la paix international, mais des allées du pouvoir au centre de tout cela : Washington D.C. Bien qu’il y ait peu d’espoir que les choses changent dans un avenir proche, les conversations de la rue se transforment, les gens n’ont plus guère peur de critiquer ouvertement Israël, les campus étudiants abritent de plus en plus d’activistes contre l’occupation israélienne et, parmi les Etats-uniens juifs, le soutien aveugle laisse la place à une vision plus nuancée d’Israël, en particulier chez les jeunes Juifs qui voient les pratiques sur les droits de l’homme de l’Etat juif et qui se demandent comment Israël peut les représenter en tant que Juifs.
Traduction : MR pour ISM