dimanche 5 septembre 2010

Sayed:"Nous sommes dans la bonne position et plus proches que jamais d'Al Qods"

03/09/2010
Le Secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a tenu un discours ce vendredi via un grand écran devant des milliers de partisans dans la banlieue Sud de Beyrouth à l’occasion de la Journée mondiale d’Al Qods. Pendant une heure, Sayed Nasrallah a commenté l’annonce du lancement des négociations dites de paix entre Israéliens et Palestiniens à Washington, expliqué brièvement les raisons du retrait américain partiel de l’Irak, s’est félicité de l’échec du projet américain dans la région, et mis en garde les parties libanaises qui cherchent de toutes leurs forces à semer la division confessionnelle parmi les Libanais. Voici le texte du discours de Sayed Nasrallah :
« Nous commémorons en ce dernier vendredi du mois béni du Ramadan, et en ce meilleur jour du meilleur mois de l‘année, avec toutes ses valeurs religieuses, la journée  mondiale d’Al Qods, une journée proclamée par l’Ayatollah l’imam Khomeiny.
L’importance de cette journée grandit d’un an à autre, au milieu de l’accentuation des dangers qui menacent Al Qods, du conflit israélo-palestinien et de la lutte contre le projet sioniste dans la région.
En vérité, nous avons peur pour cette cause, vu les multiples complots externes, le désespoir et la faiblesse qui frappent la nation. Nous avons peur que cette cause soit oubliée avec le temps, parce que d’habitude le temps laisse tout oublier.  Mais il n’est pas permis pour la nation arabe et islamique d’oublier Al Qods, parce qu’elle fait partie de notre religion, de notre passé, de notre présent et de notre avenir. Il faut que la cause d’Al Qods soit présente et évoqué à chaque occasion.
En cette journée, nous réitérons notre attachement à nos constantes, en cette journée, nous confirmons devant le monde entier notre attachement à nos droits. Nous disons à ce monde : les souffrances et les maux ne changeront rien de nos constantes. La Palestine, de la mer au fleuve appartient au peuple palestinien et aux Arabes. Personne n’a le droit de renoncer à un pouce de sa terre, ni à une goutte de son eau, ni même à une lettre du mot Palestine. La journée d’al Qods est le jour de la vérité et le reste n’est que mensonges.
Al Qods ne peut en aucun cas être la capitale éternelle d’un Etat appelé Israël. Un simple quartier ou une petite rue d’Al Qods ne pourront l’être, Al Qods est la capitale de la terre et du ciel. Cet Etat d’Israël ne peut jamais acquérir de légitimité, c’est un Etat bâti sur les crimes et la discrimination.
Par ailleurs, la journée d’Al Qods est une occasion mondiale pour mettre la lumière sur les dangers auxquels font face la mosquée d’Al Aqsa, la ville sainte d’Al Qods, et les villes musulmanes et chrétienne à al fois. Cette région souffre de la judaïsation, des expulsions, des confiscations des terres, des tueries, et les négociations futiles ne sauront en aucun cas résoudre ces problèmes compliqués.  
Regardons ce qui se passe dans les territoires de 1948 à cause du projet américano-sioniste, et ce qui se
passe dans la bande de Gaza à cause du siège imposé à la population.
Je vais évoquer au début deux évènements importants: L’annonce du soi disant début des négociations de paix aux Etats-Unis et le retrait américain de l’Irak.
1-    Ces négociations sont en effet mort-nées. Leur objectif au niveau politique est clair : la réussite des élections américaines, et le dernier à en bénéficier est Al Qods. Côté palestinien, la majorité des factions politiques ont rejeté ces négociations.  Certains refusent le principe de négocier avec Israël, nous faisons partie de ce camp, mais même les autres parties qui acceptent de négocier en principe rejettent les conditions actuelles pour ces pourparlers. Les factions palestiniennes, tout comme le peuple, ont rejeté ces négociations. L’expérience a démontre, même par rapport à ceux qui étaient assis hier ensemble à la même table, l’échec de la voie des négociations qui dure depuis plus de 17 ans.  Malheureusement, les négociations avec cet ennemi tyrannique ne font que donner plus de vie et de légitimité à cette entité.
2-    Le retrait américain de l’Irak est une annonce de la défaite. Personne, dans l’administration américaine, n’a osé parler de victoire dans son discours, et si quelqu’un a mentionné le mot « exploit », ce terme est apparu banal, vide de sens.
Les Américains sont venus occuper l’Irak non pas pour s’en retirer après quelques années. Mais ils étaient choqués par la résistance farouche qui est née dès les premiers jours de l’occupation, et quand je parle de résistance, je distingue entre la résistance qui a frappé les bases et les intérêts de l’occupation américaine, et les extrémistes terroristes qui attaquent les civils. Ces derniers commettent des crimes contre l’humanité.  
Les Américains n’ont pas supporté toutes les pertes infligées par la résistance irakienne, et le budget américain est devenu incapable de financer cette guerre. Donc la résistance armée irakienne et l’endurance du peuple irakien sont deux facteurs principaux qui ont favorisé le retrait américain.  
Depuis des années, de différents services de renseignements ont tenté de semer la division parmi les Irakiens de toutes confessions, mais l’endurance et la ténacité du peuple irakien qui a supporté tous les crimes et qui a refusé de s’entretuer ont saboté les projets de ces services. Ce peuple, grâce à sa conscience et à sa volonté, et grâce à ses directions religieuses, a torpillé tous les projets de division. Les renseignements israéliens sont aussi impliqués dans les attaques anti-irakiennes, ils sont en contact avec les kamikazes qui tuent les civils. Le Mossad recrute des gens en Irak pour tuer les Irakiens. Il  veut pousser les Irakiens à s’entretuer pour ensuite diviser leur pays. Mais, quand le projet de division a échoué, il est devenu très couteux de rester dans ce pays. L’occupant n’a plus alors de choix que de quitter le pays. C’est une règle générale, dans n’importe quel pays occupé, les sacrifices du peuple assurent la réalisation de sa victoire.
Ce qui se passe en Irak est un grand exploit et une grande victoire pour le choix de la résistance. Et là toujours je distingue entre la vraie résistance et ceux qui commettent des opérations terroristes pour tuer les innocents, ces derniers n’ont rien à voir avec l’Islam et collaborent étroitement avec les services de renseignements. Voyez la dernière attaque qui a eu lieu au Pakistan ce vendredi. Dans ce  pays sinistré par les inondations, les habitants ont manifesté pour le soutien d’Al Qods, voyez comment les terroristes, aveugles, muets, et sourds, les ont attaqués, faisant pour l’instant près de 40 martyrs.
En Palestine, il ya des difficultés, tout comme au Liban, en Irak et dans la région, mais si nous regardons d’un œil plus large, nous trouverons que l’axe de la résistance a pu ces dernières années réaliser un exploit historique au niveau de toute la région, qui aura des effets sur le monde entier.
Après le 11 septembre, les néo-conservateurs aux Etats-Unis ont présenté un nouveau projet pour notre région. Cette grande puissance mondiale a rassemblé ses navires de guerre de par le monde pour les transférer au Proche Orient, au monde arabo-islamique, où se trouvent les plus grandes réserves pétrolières et ressources naturelles. Cette action avait un seul objectif : fixer définitivement l’existence de l’entité sioniste sur le plan politique, à travers le processus de paix globale. En effet, leur projet vise à liquider la résistance palestinienne, qu’elle soit populaire, politique et culturelle. Il fallait également liquider la résistance au Liban pour que ce pays s‘engage définitivement dans le projet américano sioniste, il fallait renverser le régime syrien, mettre fin à la résistance en Irak, et frapper l’Iran afin de renverser aussi son régime islamique. Le but ultime de cette politique est de permettre aux Etats-Unis de prendre le contrôle de la région.
 Je prétends que dans les dix années qui se sont écoulées, les Américains avaient une capacité énorme pour réaliser ce projet : ils contrôlaient et dirigeaient le monde entier, l’économie mondiale et les médias. Les plus grandes armées, tout genre de guerres psychologiques et les services de renseignements ont été mis à leur service. Mais lorsque ce projet a été confronté à la résistance en Palestine, au Liban, en Syrie, en l’Iran comme en Irak, le projet a échoué.
Ceci ne signifie pas que le conflit a pris fin, mais nous sommes passés à une nouvelle phase de la bataille, et je vous assure que de nouveaux échecs saboteront ce projet.
Sur le plan économique, toutes les tentatives de régler la crise économique mondiale et notamment américaine ont échoué, et dans l’avenir nous allons assister à des changements radicaux sur ce sujet. Les Etats-Unis ne peuvent plus faire de guerre à cause de leurs multiples crises sociales, économiques et populaires.
Pourquoi ce projet a-t-il échoué ? Grâce à la ténacité de la résistance en Palestine, à Gaza, au Liban, et grâce à l’endurance de la Syrie, de l’Iran et la décision de la résistance en Irak.
Aujourd’hui nous sommes appelés à continuer sur la voie de la résistance, il y a des difficultés mais nous nous approchons plus que jamais de la victoire, Israël d’aujourd’hui diffère d’Israël à la veille du 12 juillet 2006, du 1982, le grand Israël n’existe plus.  
Nous sommes appelés à poursuivre notre résistance, consolider notre unité et à présenter notre aide au peuple palestinien et à sa résistance. Les brigades de la résistance, à l’instar du Hamas qui a effectué sa dernière opération militaire a besoin de toute voix de soutien, de tout argent et de toute arme disponible.
Sur le plan libanais, nous confirmons toujours notre attachement à  l’équation en or, ou comme certains l’appellent l’équation en diamants : armée-peuple-résistance.
S’agissant de la résistance, nous avons commémoré ces derniers jours l’anniversaire de l’enlèvement de l’Imam Moussa Sadr et de ses deux compagnons. L’Imam Sadr est l’imam et le fondateur de la résistance.
 Il est notre père qui nous a dirigés vers cette route, vers Al Qods, il nous a inculqué comment aimer et tomber en martyre pour l’amour d’Al Qods. Tout le monde sait qu’ils ont été enlevés alors qu’ils étaient en Lybie. A propos de la cause de l’imam Sadr, le Président frère Nabih Berri a parlé en détails il y a deux jours. Moi, je confirme une nouvelle fois chaque mot prononcé par le Président tant sur le plan politique que judiciaire. La justice libanaise doit assumer ses responsabilités face à l’enlèvement de citoyens voire de dirigeants libanais. Nous avons tant attendu et nous ne sommes pas allés au Tribunal international pour revendiquer notre droit. Des milliards de dollars sont offerts à la famille de Sayed Sadr et au Président Berri pour clore cette affaire mais nous ne vendons même pas un enfant par ces milliards de dollars. Nous savons comment opère le Tribunal international, donc, nous avons recouru à la justice libanaise.
Nous soutenons le boycott de tout sommet arabe qui se tient en Libye, l’imam et ses compagnons sont toujours en vie et ils sont détenus en Lybie. Il faut les libérer pour qu’ils retournent à leur patrie et à leurs familles. Nous ne cherchons de conflit avec personne.
Concernant l’affaire de l’enquête internationale, nous avions dit voilà plusieurs semaines que la résistance se sentait prise pour cible, et avions proposé quelques idées et révélé des preuves. Le procureur général s’est enfin exprimé pour dire que nos données sont incomplètes. Nous avons dit que nous ne sommes pas concernés par le TSL. Nous n’allons pas répondre aux questions du TSL. Nous avons fourni aux autorités compétentes libanaises les preuves dont
nous disposions, à leur demande. Si elles sont intéressées ou concernées par nos données et par les enquêtes avec les collaborateurs et les faux témoins, nous sommes prêts à coopérer avec elles mais si elles ne sont
qu'une boîte aux lettres entre nous et le procureur, nous ne sommes pas prêts à le faire. Peu nous importe si le procureur général est intéressé ou non par  nos données, cela revient à lui, mais de toute façon, sa réaction constitue un indice sur son travail.  
Passons à l’armée libanaise, nous appelons de nouveau à l’équiper,  nous avons demandé au gouvernement de contacter les pays arabes pour nous offrir des armes, mais la réponse du gouvernement était négative. Ce gouvernement ne demandera rien des pays arabes! J’espère que l’équipement de l’armée soit une affaire sincère. Le Liban a levé la tête des arabes et de la nation. Chaque arabe est fier de l’être grâce au Liban. Il est de notre droit de réclamer d’eux des quantités de leurs armes stockées dans les dépôts. Nous avons  proposé au gouvernement l’aide iranienne, et les Iraniens ont dit qu’ils sont prêts à offrir des armes sans aucune condition, pourtant les Américains et les Européens conditionnent leurs aides. Mais l’ironie du sort, certains Libanais ont posé des conditions à l’Iran pour accepter ses aides. Certains ont alors demandé de la République Islamique de ne plus fournir des armes à la résistance.
Quant à l’incident de Bourj Abou Haydar, nous avons assuré dans un  communiqué conjoint avec les Ahbaches que l’incident est douloureux, et le Hezbollah a considéré avoir perdu trois martyrs. Cet événement constitue une perte sur tous les niveaux. Il n’y a eu aucun exploit humain, sécuritaire, ou politique. C’était un incident isolé. Certains Libanais ont tout fait pour exploiter politiquement les affrontements sur le terrain. Tout le monde sait que le grand projet des Américains a échoué, mais quelques libanais misent toujours sur ce genre d’incidents pour réaliser un quelconque exploit. Ils sont complètement désespérés après avoir perdu tout atout de force : une éventuelle guerre israélienne, une attaque contre la Syrie à travers le TSL, une séparation entre l’Iran et la Syrie, et là je vous assure que l’alliance irano-syrienne est plus meilleure que jamais.
De même, la relation entre la résistance et la Syrie n’a jamais été aussi solide. Donc, à ceux qui cherchent à semer la division qu’ils trouvent d’autres issues.
Cet incident a été beaucoup exploité dans les médias, mais quand nous sommes descendus sur le terrain, nous avons trouvé que les choses ont été exagérées. Ca me rappelle l’assassinat de Rafic Hariri, quelques heures après le crime, d’aucuns ont jugé, condamné et accusé des responsables.  
L’incident a été donc exploité au moment où nous avons gardé le silence parce que nous étions en douleur, mais en contrepartie, quelle était la réaction de l’autre partie? Ils ont exagéré et amplifié l’affaire. Au lieu qu’ils cherchent a éteindre le feu, ils ont mis du  poudre et exploité d’une façon dangereuse les sensibilités confessionnelles. Ce qui a été fait déchire le pays et ne l’unit pas. A ceux qui se sont mal comportés et qui n’ont pas traité l’affaire sagement, je leur dis : Vous avez enfoncé un couteau dans notre cœur blessé.
Dès le premier instant nous avons dit que l’armée et les services de sécurité assument leurs responsabilités.
On constate qu’il y a une mauvaise politique pour la direction de ce pays, quand un incident a lieu, certains se précipitent pour rouvrir des grands dossiers controversés. Ils ont immédiatement ouvert le dossier de l’arme de la résistance; dans chaque maison il y a des armes, et ça date depuis longtemps, depuis la guerre civile et l’invasion israélienne, ce dossier nécessite du temps et des traitements convenables. La politique actuelle est erronée, comme le traitement des dossiers de l’électricité, des réformes administratives, et des revendications ouvrières.
L’administration politique au Liban est mauvaise, elle est bâtie sur les réactions. J’appelle à l’accalmie, et je vous propose une initiative unilatérale. Cette affaire a été close, les indemnisations vont être payées très prochainement. Revenons alors à la table pour se mettre d’accord sur une politique convenable visant à diriger ce pays calmement.
L’approche des droits palestiniens a besoin de plus de débats. Les droits de réfugiés palestiniens étaient toujours un sujet constant évoqué dans la journée d’Al Qods, cette une affaire qui date de 60 ans. Je propose qu’un parti libanais ou palestinien entame une série de rencontres avec les différentes personnalités libanaises pour s’informer sur leurs craintes, qui sont légitimes, et pour les rassurer en contrepartie. Ceci doit aboutir à un consensus.
Enfin, en cette journée d’Al Qods, nous sentons que la résistance au Liban se trouve dans la bonne position, dans l’axe victorieux. Nous, en cette année de 2010, sentons que nous sommes plus proches que jamais d’Al Qods, après plus de 62 ans. C’est une question de temps entre le projet sioniste et les mouvements de résistance dans la région. Cette entité est destinée à la disparition, grâce à la volonté populaire, de la résistance, de la patience et de la lutte. Ce peuple palestinien a enduré 62 ans, il n’a ni capitulé, ni désespéré, ni renoncé à ses terres, à ses droits et à ses lieux saints. Ce sont les principaux atouts de force qui décideront de la fin du conflit avec ce projet.