lundi 27 septembre 2010

Course contre la montre pour sauver le dialogue israélo-palestinien

27/09/2010
Les États-Unis tentent toujours d’arracher un compromis de dernière minute pour sauver les pourparlers de paix israélo-palestiniens, menacés par la reprise programmée de la colonisation avec la fin du moratoire hier soir. De son côté, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a réaffirmé à Paris que le dialogue serait « une perte de temps » si la colonisation continue.
Les colons israéliens se préparaient à relancer la construction aujourd'hui en Cisjordanie à l'expiration du gel hier soir alors que les négociateurs tentent toujours d'arracher un compromis de dernière minute pour sauver les pourparlers de paix. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, inquiet de l'impact négatif international des images de bulldozers démarrant les travaux, a toutefois appelé les colons à « faire preuve de retenue et de responsabilité ».
Malgré ces admonestations, les représentants des colons ont symboliquement jeté les fondations d'une crèche dans l'implantation de Kiryat Netafim, dans le nord de la Cisjordanie, à quelques heures de la fin du moratoire. Le député Danny Danon, membre de l'aile ultra du parti Likoud de M. Netanyahu, a exhorté le chef du gouvernement « à être fort et à résister aux pressions américaines pour prolonger le moratoire ». « De la même façon que le gel a été total, la reprise des constructions doit être totale, comme s'y est engagé le gouvernement », a plaidé le dirigeant des colons de Cisjordanie, Danny Dayan.
Quelque 2 000 colons, ultras du Likoud et sympathisants ont également manifesté dans la colonie de Revava, près de Kiryat Natafim. Selon la radio publique, les mises en chantier de plus de 1 500 logements, ayant obtenu tous les permis nécessaires des autorités israéliennes, peuvent commencer « immédiatement ».
Malgré ces signes d'une reprise imminente de la construction, le président palestinien Mahmoud Abbas a laissé entendre qu'il ne se retirerait pas aussitôt des négociations.
Il a annoncé que la Ligue arabe tiendrait le 4 octobre, à sa demande, une réunion sur la poursuite des négociations. M. Abbas a précisé qu'il réunirait auparavant les instances de décision palestiniennes « pour discuter de la poursuite des négociations au regard de la décision du gouvernement israélien au sujet du moratoire sur la colonisation, qu'elle soit positive ou négative, soit la prolongation du moratoire, soit la reprise de la colonisation ». Le dirigeant palestinien a prévenu à maintes reprises qu'il exigeait pour continuer à négocier rien moins que la prorogation du moratoire.
Israël, qui s'est dit disposé à un « compromis agréé par toutes les parties », a signifié que le gel des nouvelles constructions dans les colonies, décrété il y a dix mois, ne serait pas reconduit tel quel au-delà de dimanche. Dans le même temps, le ministre de la Défense Ehud Barak, qui représente les travaillistes (centre gauche) au sein du gouvernement de droite, a affirmé à la BBC qu'Israël ne pouvait se permettre de « faire dérailler un processus (de paix) qui a un impact sur la vie de millions de gens et la stabilité de toute la région ».
À Gaza, le Hamas, qui contrôle ce territoire, a qualifié les négociations de « crime contre le peuple palestinien ». « Face à l'arrogance des sionistes, Mahmoud Abbas doit immédiatement se retirer de ces négociations et annoncer leur fin », a estimé le porte-parole du mouvement islamiste, Fawzi Barhoum.
De son côté, l'administration américaine poursuivait jusqu'à la dernière minute ses efforts pour conjurer l'effondrement prématuré des discussions, moins d'un mois après leur lancement à Washington.
« Nous allons continuer d'exhorter, exhorter, et faire pression toute la journée pour obtenir une résolution » sur la question de la colonisation, a déclaré David Axelrod, principal conseiller du président américain Barack Obama, qui a solennellement appelé à la poursuite du moratoire ainsi que des pourparlers. Le conseiller a indiqué que la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton maintenait le dialogue entre les deux camps.