samedi 14 août 2010

Au nom de qui l’Egypte martyrise-t-elle la population de Gaza ?

Egypte - 13-08-2010

Par Khaled Amayreh 
Un afflux d’histoires à faire dresser les cheveux sur la terre continue à venir du côté égyptien du terminal frontalier de Rafah. Presque toutes ces histoires soulignent le traitement dégradant auxquels sont soumis les Gazaouis, déjà soigneusement torturés par le siège criminel imposé par Israël sur l’enclave côtière, en coordination avec plusieurs acteurs régionaux et internationaux, dont l’Egypte elle-même. En fait, selon les témoignages des Gazaouis qui sont allés dans « l’enfer égyptien », le traitement des Gazaouis par l’Egypte est bien pire que celui que leur inflige Israël.
C’est plus que scandaleux. C’est criminel.
Il y a quelques semaines, une Palestinienne de Gaza est morte alors qu’elle attendait à la frontière égyptienne. Bien sûr, la mort est un acte de Dieu, mais elle peut aussi être le résultat d’une négligence criminelle et d’un traitement dégradant, en particulier si la personne décédée était malade et nécessitait des soins particuliers.
Un journaliste fiable de Gaza m’a dit que son frère, qui était allé en Egypte, a été laissé sans nourriture pendant quatre jours. Habituellement, les Egyptiens ne donnent aucune explication sur leur conduite vis-à-vis de la population de Gaza.
De plus, il semble que les autorités égyptiennes traitent tous les Palestiniens visitant ou voyageant en Egypte comme des coupables, jusqu’à preuve du contraire. Cette politique insolente et brutale est menée au prétexte de la sécurité.
Nous ne contestons pas bien sûr les droits de l’Egypte à protéger sa sécurité. Sa sécurité est la nôtre et les Palestiniens sont les derniers sur terre qui songeraient à saper la sécurité d’un pays arabe musulman, et encore moins celle de l’Egypte.
Cependant, torturer les Palestiniens, à l’occasion à mort, ne sert en aucune manière la sécurité de l’Egypte. Au contraire, cela mine gravement la fiabilité en un pays frère voisin, sans laquelle aucune protection sécuritaire ne peut être efficace.
Nous savons que le régime égyptien méprise le Hamas à cause de son idéologie islamique. Nous savons aussi que le régime du Caire s’inquiète que le succès du Hamas dans la Bande de Gaza n’ait un impact positif sur les Frères Musulmans, le principal groupe d’opposition en Egypte.
Ceci étant dit, il n’y a pourtant aucune justification à incriminer et à dévaster tous les Gazaouis car le seul bénéficiaire de cette politique stupide et inutile est Israël, l’ennemi tant de l’Egypte que des Palestiniens.
Plus précisément, loin de chercher à justifier le traitement dégradant de l’Egypte contre un peuple systématiquement torturé par l’oppression néo-nazie d’Israël, l’Egypte a le devoir légal, moral et religieux de faciliter les déplacements des Gazaouis sur son territoire.
Puisque Dieu, dans son infini sagesse, a voulu que Gaza soit limitrophe de l’Egypte, pour qui se prend le régime égyptien pour tourmenter ainsi les gens de Gaza dès qu’ils ont besoin d’aller en Egypte pour des raisons d’étude, de traitement médical ou d’affaire ?
Que sont donc supposés faire ces gens opprimés pour satisfaire les volontés morbides du régime égyptien ? S’envoler vers une autre galaxie ? Se suicider collectivement ? Ou devenir, pour survivre, des informateurs et des espions pour Israël ?
Nous nous rendons compte que l’Egypte a une coordination sécuritaire étroite avec Israël, cette même entité qui s’acharne à miner la sécurité, l’économie et la force de l’Egypte. Cette coordination est une réalité scandaleuse, exactement comme la coordination sécuritaire de l’Autorité palestinienne avec Israël est une réalité scandaleuse, et qui atteint des proportions pornographiques.
La coordination sécuritaire entre l’Egypte et l’entité raciste signifie une chose, c’est que l’Egypte considère Israël comme un ami et un allié, alors qu’elle voit le peuple de Gaza, et probablement les Palestiniens en général, comme des ennemis, ou du moins des ennemis potentiels. En dernière analyse, la coordination sécuritaire égypto-israélienne, et n’importe quels autres arrangements tacites que les deux côtés peuvent avoir, n’est pas dirigée contre la Côte d’Ivoire ou la Colombie, mais contre le peuple palestinien, en particulier le camp islamique.
Un tel discours empoisonné ne peut être que le résultat d’un aveuglement moral de la part du régime égyptien, qui est probablement le pire et le plus corrompu que l’Egypte ait connu depuis les Pharaons.
En ce qui concerne le Hamas, le régime égyptien devrait réaliser que le Hamas est un mouvement démocratiquement élu dont la légitimité découle non pas de pots-de-vin et de documents faits pour protéger des intérêts étrangers, mais du soutien populaire dont il jouit et qui s’est manifesté par les urnes.
Que le régime égyptien l’aime ou non, le Hamas est le choix d’une majorité de Palestiniens, et tous les complots, qu’ils viennent de Ramallah, du Caire ou de Washington, ne réussiront pas à le marginaliser.
Il n’y aura pas de paix réelle et durable en Palestine occupée sans le Hamas et autres groupes palestiniens aux positions similaires, qui insistent et luttent pour la restauration des droits palestiniens et la préservation de la dignité nationale palestinienne.
C’est peut-être notre destin, en tant que peuple, de supporter et de tenir, non seulement en face des crimes de l’ennemi, mais aussi en face de la traîtrise, la stupidité et les conspirations de nos supposés frères et amis. Et nous ne fuirons pas notre destin.
Toutefois, les traîtres et les hypocrites qui ont choisi d’être de minables esclaves servant les intérêts des puissances étrangères en échange de quelques millions de dollars payés par l’empire du mal de notre époque doivent savoir que leur place dans l’histoire ne sera pas meilleure que celle des pires traîtres et collaborateurs, comme Abi Rughal, Iban al Alqami, and Abdullah al Saghir.
Ravager et torturer d’innocents Palestiniens pour le compte d’Israël n’apporteront aucune gloire à l’Egypte, ni au régime égyptien l’amour de ses propres masses. L’inverse est vrai. Cela ne fera que générer du mépris pour le régime, et rien d’autre que du mépris.
Moubarak et son régime partiront, tôt ou tard. On se souviendra de lui comme le leader du plus grand et du plus puissant pays arabe, qui a aidé à affamer, martyriser, persécuter et tuer ses frères musulmans de l’autre côté de la frontière.
L’histoire ne montrera aucune pitié pour un tyran qui n’a pas montré la moindre pitié envers son propre peuple, sans parler des Palestiniens.
Mais la manière dont l’histoire traite les tyrans et les dictateurs, bien qu’elle soit importante et qu’elle serve de leçon pour les générations à venir, n’est rien comparée à ce qui attend ces scélérats le jour du Jugement dernier.
Dans la Sourate Abraham, le Tout-Puissant nous montre ce qui attend les oppresseurs :
42. Et ne pense point qu'Allah soit inattentif à ce que font les injustes. Il leur accordera un délai jusqu'au jour où leurs regards se figeront.
43. Ils courront [suppliant], levant la tête, les yeux hagards et les cœurs vides.
44. Et avertis les gens du jour où le châtiment les atteindra et ceux qui auront été injustes diront : "Ô notre Seigneur accorde-nous un court délai, nous répondrons à Ton appel et suivront les messagers". - N'avez-vous pas juré auparavant que vous ne deviez jamais disparaître?
45. Et vous avez habité, les demeures de ceux qui s'étaient fait du tord à eux-mêmes. Il vous est apparu en toute évidence comment Nous les avions traité et Nous vous avons cité les exemples.
(Abraham, 42-45)
48. au jour où la terre sera remplacée par une autre, de même que les cieux et où (les hommes) comparaîtront devant Allah, l'Unique, Le Dominateur Suprême.
49. Et ce jour-là, tu verras les coupables, enchaînés les uns aux autres,
50. leurs tuniques seront de goudron et le feu couvrira leurs visages.
51. (Tout cela) afin qu'Allah rétribue chaque âme de ce qu'elle aura acquis. Certes Allah est prompt dans Ses comptes.
(Abraham, 48-51)