jeudi 22 juillet 2010

Les déchets de colons en Cisjordanie... une catastrophe qui ravage fermes et générations

Cisjordanie - 21-07-2010

Par Middle East Monitor 
Les colons sionistes en Cisjordanie sont une menace majeure pour les territoires palestiniens, en particulier en ce qui concerne les dangers posés par les déchets industriels que leurs usines déversent sur la terre. Ces eaux polluées polluent la nappe phréatique en s'écoulant dans les vallées, sur les terres agricoles, et de là dans les eaux souterraines, et causent des dommages immenses tant aux fermiers qu’à l’environnement.

















Berger palestinien, en Cisjordanie, près d’une source polluée par le rejet des eaux usées. (photo : Karim Lebhour/RFI)
Les eaux usées de la colonie illégale de Jalbou, à Jenin, par exemple, polluent toutes les terres arables du secteur. Alors qu’il est déjà extrêmement dangereux de décharger des ordures ménagères à l’air libre, cela devient particulièrement alarmant quand l’effluent est composé d’eaux usées et de matières solides industrielles, de peintures minérales et autres matériaux variés, comme c’est le cas de la décharge de la colonie de Barquan, à Qalqiliya. Les déchets déversés par la colonie d’Emmanuel contiennent une concentration importante de sels venant de l’usine de désalinisation mélangés avec les eaux usées déversées dans la vallée voisine de Qana.

A l'arrière plan, la colonie d'Emmanuel, au premier plan, le canal d'eaux usées provenant de la colonie.
De même, les eaux usées venant de la colonie d’Alfei Menashe coulent par des canalisations fermées dans la station de pompage à « Kibbutz Eyal », en Israël, en passant par le village d’Habla, près de Qalqiliya. Toutefois, le mauvais état des pompes et l'insuffisance d'usines provoquent des fuites et les eaux usées coulent dans le village d’Habla et à Qalqiliya, créant un lac d’eaux usées préjudiciable à la fois à la santé des habitants locaux et à l’environnement.
Les eaux usées de la colonie d’Efrat s’écoulent elles aussi sur les terres agricoles de Bethléem, endommageant de grands pans de terre lorsqu’elles rejoignent les eaux usées de la colonie Daniel al-Dara. La terre agricole du village d’al-Khadar est elle aussi gravement touchée.
Contamination de l’eau potable
Nazma Sulaiman, maire de Deir Istiya, près de Salfit, déclare : “Les eaux usées qui passent dans les canalisations qui traversent la colonie Yakir fuient, comme l’a révélé une inspection des sources qui passent dans la vallée de Qana. Ces eaux usées coulent le long de la vallée entière, ce qui a provoqué un mélange avec les eaux de source naturelles. »
Il ajoute : « En conséquence, la source ‘Ayn al-Jawsa est polluée, une des neufs sources naturelles utilisées par les fermiers pour irriguer leurs terres, donner à boire à leur bétail et arroser les orangers et les citronniers. Les eaux usées sont le principal polluant des eaux souterraines dans cette région. »
Les fermiers du village Wadi Fuqeen (1), dans la province de Bethléem, se plaignent régulièrement ; de grandes quantités d’eaux contaminées mélangées à une substance granuleuse venant de l’usine de broyage de la colonie Betar Ilit s’écoulent sur les terres agricoles, en particulier dans la région d’Ain Mudeeq, au sud du village.
Ibrahim Manasira, président de l’assemblée de Wadi Fuqeen, dit : « Cette eau provoque l’inondation de dizaines de dunums de terres agricoles plantées d’oliviers et de divers autres arbres fruitiers qui appartiennent à de nombreux fermiers. » Il souligne également que l’eau a une très forte densité, ce qui entraîne des dommages considérables aux arbres et rend la terre agricole impropre à la culture.
Vidéo : Avril 2008 : les eaux usées de la colonie israélienne Beitar Illit se déversent dans la vallée de terres fertiles de Wadi Fuqeen.  
Selon Muhammad Manasira, fermier de Wadi Fuqeen, « En hiver, cette eau couvre la majorité de la terre de Wadi Fuqeen, sans parler de l’érosion due à cette eau le long des routes agricoles, ce qui les rend inutilisables pour les fermiers. De plus, les fermiers subissent d’énormes pertes financières en raison de la baisse des niveaux de production. » Il ajoute que l’écoulement continue de cette eau blanche dans la terre agricole finira par endommager complètement le sol et par le rendre inutilisable à l’agriculture.
La situation n’est pas très différente dans les secteurs qui entourent Jérusalem. Là, la terre du village d’al-Jayb est touchée par les eaux usées qui viennent de la colonie de Givat Ze’ev et du camp militaire israélien d’Ofer, les deux étant situés sur une partie du territoire qui appartient au village. Les eaux usées provoquent des dommages graves aux cultures et aux arbres fruitiers et représentent un risque sanitaire pour les habitants locaux.
Omar al-Jayb vit dans le secteur et affirme que « ces terres que les résidents utilisaient pour cultiver des oliviers, de la vigne, des figues et des légumes, font maintenant partie des territoires détruits d’un point de vue agricole et constituent un foyer de reproduction des insectes qui représentent un grave danger pour les habitants de la région. »
Des millions de tonnes de pollution
L’organisation israélienne pour les droits de l’homme B'tselem a affirmé dans un de ses rapports que « selon les estimations, les 121 colonies de Cisjordanie, sans compter celles de Jérusalem, produisent environ 17,5 millions de m3 d’eaux usées par an. »
Elle déclare également qu'« aujourd’hui, 81 colonies sont reliées à des usines de retraitement des eaux usées qui utilisent de vieilles méthodes d’exploitation très différentes des usines modernes qui opèrent en Israël. Ceci exclut Jérusalem, où 10,2 autres millions de m3 d’eaux usées s’écoulent, sans être traitées, dans le bassin de Wadi Kadarou, au sud-est de Jérusalem, où elles pénètrent dans le bassin montagneux dans une région considérée comme sensible à la pollution. »
Cependant, le problème – selon B’tselem – est que plus de la moitié de ces usines de retraitement des déchets sont petites et équipées pour traiter les déchets produits par seulement quelques centaines de familles ; le système actuel ne prend pas en considération l’accroissement rapide de la population des colons.
La plupart des ces usines ont de fréquents problèmes techniques et, de temps en temps, s’arrêtent complètement de fonctionner, ce qui aggrave le problème.
Comme pour le reste de la population coloniale qui n’est pas raccordée à des réseaux de traitement des eaux usées, elle produit 5,5 millions de m3 d’eaux usées par an qui ne sont pas complètement retraitées et qui, sous la forme d’eaux usées non traitées, sont déversées dans les vallées et les ruisseaux de diverses régions de Cisjordanie. Ce qui, en soi, est une catastrophe sanitaire et environnementale.
(1) Visiter le site « Friends of Wadi Fuqeen ».