jeudi 22 juillet 2010

Le gouvernement libanais va transmettre au Conseil de sécurité un rapport sur le réseau d’agents à la solde d’Israël

22/07/2010
Le calme qui a prévalu hier en Conseil des ministres a contrasté avec la tension extrême soulevée par les propos inquiétants tenus par Hassan Nasrallah.
Un Conseil des ministres plutôt calme s'est tenu hier, à Baabda, sous la présidence du chef de l'État, en contraste total avec le climat de tension et d'inquiétude créé par les propos explosifs tenus la semaine dernière par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Ces propos ont été au centre des débats de la réunion, mais n'ont pas soulevé les passions comme ils l'ont fait dans la presse, le chef de l'État et le Premier ministre se relayant pour faire prévaloir les éléments positifs de la situation. Décision a été prise de faire parvenir au Conseil de sécurité de l'ONU un rapport circonstancié sur le réseau d'espionnage monté par les Israéliens au Liban, et de protester contre cette politique qui viole directement la résolution 1701.
Le calme un peu surréaliste qui a prévalu au cours de la réunion a fait dire au ministre Waël Bou Faour (PSP) qu'il aurait fallu diffuser en direct la séance du Conseil des ministres pour calmer les esprits. Pour Adnane Sayyed Hassan, le Conseil des ministres d'hier était « l'un des plus importants » du mandat du président Sleiman, à ce jour. Il faudra attendre toutefois le discours de Hassan Nasrallah, ce soir, pour en juger vraiment.
C'est comme de coutume le président Sleiman qui a ouvert la réunion par un préambule dans lequel il a fait le point des consultations qu'il a effectuées hier, et qui se poursuivront aujourd'hui. M. Sleiman a insisté sur la nécessité de maintenir le discours politique dans le cadre de l'accord consensuel passé entre les divers groupes politiques. Ce même discours a été repris par M. Saad Hariri, qui a affirmé que tous les dossiers conflictuels peuvent être réglés par le dialogue.
Évidemment, tout n'a pas été lisse. C'est Boutros Harb qui a soulevé le point le plus conflictuel du discours de vendredi dernier, à savoir l'existence, selon Hassan Nasrallah, d'un « environnement d'accueil » au travail des agents à la solde d'Israël. Le ministre du Travail s'est demandé si le chef du Hezbollah désignait ainsi les chrétiens ? M. Harb a demandé aussi à savoir si le Hezbollah avait perdu toute confiance dans le Tribunal international.
Consensus sur le tribunal
La réponse à ses interrogations, qui sont celles de nombreux Libanais, M. Harb les a obtenues de Hussein Hajj Hassan et Mohammad Fneich. Ce dernier a affirmé que les propos du chef du Hezbollah « sont clairs comme le jour et qu'il a désigné comme environnement d'accueil toute société où l'on minimise la gravité de l'acte de trahison que constitue l'espionnage ».
Presque tous les ministres ont ensuite tenu à s'exprimer au sujet du Tribunal international, et tout le monde a été forcé de reconnaître que l'appui à cette instance est exprimé clairement dans la déclaration ministérielle. M. Fneich a essayé de qualifier cette unanimité en affirmant qu'elle se fait moyennant l'assurance que le tribunal ne sera pas politisé. C'est enfoncer des portes ouvertes, s'est-il vu répondre par ses collègues, qui n'ont pas donné suite à sa demande et lui ont rappelé que cette réserve va de soi.
Le ministre Sélim Sayegh a ensuite tenu à préciser que la condamnation d'un agent ne doit entraîner aucun stigmate de la part des Libanais contre la communauté religieuse dont il relève ou contre sa famille. Le crime d'espionnage au profit de l'ennemi nous concerne tous, et non seulement le Hezbollah, a souligné M. Sayegh, malgré nos réserves sur l'équation avancée par ce parti qui met sur un même plan l'armée, le peuple et la résistance. Et d'ajouter que la classe politique ne doit pas tomber dans le piège du chef d'état-major israélien Gaby Echkenazi, et discréditer le TSL pour la seule raison que ce dernier en a parlé, au service d'intérêts qui ne sont pas ceux du Liban. Le ministre Hassan Mneimné devait intervenir un peu dans le même sens.
Propos surprenants
La Premier ministre a ensuite repris la parole pour saluer les progrès effectués au cours de sa récente visite d'État en Syrie. Les ministres ont noté avec une légère surprise que M. Hariri, en parlant de la période antérieure au départ de l'armée syrienne du Liban, a affirmé qu'il ne faut pas insister sur son seul aspect négatif, mais reconnaître aussi qu'elle comportait des éléments positifs, et qu'elle avait notamment servi le besoin de stabilité et de sécurité des Libanais.
Pour répondre au besoin qui se fait sentir de faire avancer certains dossiers qui stagnent ou avancent trop lentement, et notamment celui des nominations à des postes-clés, le président Sleiman a annoncé qu'à partir de la semaine prochaine, un Conseil des ministres se tiendra deux fois par semaine.
Avant l'examen de l'ordre du jour, le ministre Charbel Nahas a exposé le cas de l'agent Charbel Azzi, affirmant qu'il a réagi immédiatement à la demande d'écoute de ses communications téléphoniques présentée par le service des renseignements des FSI, ajoutant que le retard mis à l'exécution de ses instructions (quelque 11 jours) était dû à « la routine bureaucratique » et aux lenteurs propres à son département ministériel. Le ministre de l'Intérieur, Ziyad Baroud, a montré à son tour que son département n'était pas fautif sur ce plan, ce qui a fait dire au chef de l'État : « En somme, les deux départements ont fait leur devoir. L'important, c'est que l'agent a été découvert. »
En fin de réunion, le ministre de l'Intérieur et M. Gebran Bassil devaient s'expliquer sur le parti sunnite extrémiste al-Tahrir, dont M. Bassil souhaitait l'interdiction, se demandant pourquoi l'Intérieur n'avait pas pris ses dispositions à cet égard. Pour sa part, M. Baroud, sans préjuger de ce qu'il pense du parti en question, a affirmé qu'il refusait qu'on s'adresse à lui à travers des déclarations de presse, et a clarifié les choses en affirmant que « c'est au Conseil des ministres, et non à l'Intérieur, de décider si un parti mérite d'exister ou non », et qu'il n'y avait donc pas lieu d'interdire la réunion en salle close d'un parti reconnu par la loi.
Lien