vendredi 9 juillet 2010

Israël pousse les Etats-Unis à faire pression sur l’Autorité Palestinienne pour liquider la cause palestinienne

jeudi 8 juillet 2010 - 07h:13
Palestine Times
Alors que le régime d’apartheid israélien continue ses politiques de purification ethnique et d’expansion coloniale en Cisjordanie, et particulièrement à Jérusalem-Est, l’envoyé spécial américain au Moyen-Orient George Mitchell a essuyé une nouvelle visite stérile en Palestine occupée. 
Mitchell s’est rendu dans la région de nombreuses fois. Cependant, toutes ses visites n’ont pas réussi à faire accepter à l’élite sioniste fanatique le gel de l’expansion des colonies juives au détriment des territoires palestiniens, la laissant seule prendre la décision de renoncer aux spoliations depuis la guerre de 1967.
La dernière visite de Mitchell en Palestine occupée avait pour objectif de pousser “les parties” à poursuivre les moroses négociations de paix. Des sources à Washington et en Palestine occupée ont toutefois suggéré que la réelle motivation derrière ce regain d’effort américain est d’aider l’administration Obama dans son actuelle posture vis-à-vis de l’Iran et aussi d’augmenter les chances du Parti Démocrate aux élections législatives de novembre. Depuis quelques semaines, plusieurs officiels américains ont, implicitement ou explicitement, appelé à une solution rapide au conflit israélo-palestinien « afin de priver l’Iran d’un élément de propagande important qui, judicieusement utilisé, ferait oublier son programme nucléaire. »
Les mêmes sources laissent entendre que les récents efforts américains pour obtenir le soutien arabe pour la construction d’une coalition régionale contre l’Iran ont rencontré un « succès modéré » dans plusieurs capitales arabes, parmi lesquelles Riyad et le Caire, considérées comme des acteurs majeurs de l’arène arabe.
Cela a incité l’administration Obama à se concentrer, au moins publiquement, à arriver à une résolution « acceptable » à la situation palestinienne avant de « s’attaquer au problème du nucléaire iranien sous tous ses aspects. »
Il va sans dire, Israël étant farouchement opposé à l’initiative américaine, qu’ils insisteront sur le fait qu’il n’y a aucun lien entre le programme nucléaire iranien et l’occupation israélienne prolongée en Palestine.
En fait, l’élite israélienne a déjà recommandé au lobby américano-sioniste d’exercer une « pression maximale » sur l’administration Obama pour qu’elle abandonne ses efforts pour résoudre le conflit avec les Palestiniens avant de s’occuper de la question iranienne.
Dans ce contexte, l’AIPAC, le plus puissant lobby sioniste des Etats-Unis, a envoyé des lettres à des centaines de sénateurs et de député(e)s, exigeant qu’ils s’opposent à l’approche de l’administration Obama.
Plus efficacement, des célèbres figures sionistes aux Etats-Unis, telles qu’Elie Wiesel et Ed Koch, pour ne citer qu’eux, ont aussi fait campagne contre l’administration, pensant que faire pression sur Israël pour stopper la purification ethnique contre les Palestiniens aurait pour conséquence de rendre la paix encore plus difficile.
Faisant face à la pression croissante du lobby juif, principalement à travers le Congrès, l’administration Obama et le Parti Démocrate à Washington résistent en déclarant qu’un conflit continu en Palestine occupée était dangereux pour les intérêts stratégiques américains (et les soldats) dans une des régions les plus géopolitiquement sensibles.
A ajouter à cela, l’administration semble essayer de persuader qu’il serait plus facile pour les Etats-Unis et l’Occident de s’attaquer au problème du nucléaire iranien si la question palestinienne n’entrait pas en ligne de compte. L’administration Obama pense que l’Iran utilise la situation palestinienne comme une diversion pour encourager l’"extrémisme", par exemple le radicalisme islamique, au Moyen-Orient.
Sur ce point, le gouvernement américain semble de plus en plus convaincu qu’en l’absence d’une solution viable à la question palestinienne, les intérêts américains dans la région vont continuer de pâtir des régimes pro-américains, ou plus exactement les dictatures à la solde des Américains chez les Arabes ou plus largement dans le monde musulman, et feraient face à des perspectives précaires aux mains des mouvements d’opposition islamistes. De tels régimes incluent entre autres l’Egypte et le Pakistan aussi bien que l’Autorité Palestinienne.
Néanmoins, l’administration Obama est confrontée à un réel dilemme. Premièrement, sa capacité à efficacement et significativement faire pression sur Israël est très limitée, étant donné la manipulation des députés par les partisans d’Israël.
Mitchell a réclamé de l’élite palestinienne qu’elle accepte un Etat Palestinien temporaire avec des frontières temporaires comme l’exigent plusieurs officiels israéliens. Le projet américain envisage un accord, orné d’une formidable couverture médiatique pour la naissance de la République Palestinienne, mais la prive de souveraineté et d’intégrité territoriale tout comme de réelle substance. Selon des sources sures de Ramallah, l’Autorité Palestinienne, sous réserve éventuelle de conditions, donnerait son consentement pour le contrôle de 30 à 45% de la Cisjordanie, dans lequel elle se déclarera comme Etat Palestinien indépendant. Toutefois, Israël gardera un solide contrôle de Jérusalem, des colonies juives tout comme la plus grande partie de la Cisjordanie reconnue comme zone israélienne, et mêmes celles situées à l’est du Mur de Séparation, aussi bien que les routes frontalières et les ressources en eau.
Les frontières et l’espace aérien resteraient sous contrôle israélien en plus des principales routes d’accès à la Cisjordanie.
Officiellement, l’Autorité Palestinienne dément qu’elle acceptera la proposition américaine. Cependant, des experts proches de l’Autorité Palestinienne pensent que la direction menée par Mahmoud Abbas va finalement se plier aux exigences américano-israéliennes, particulièrement si l’administration américaine agite le drapeau de l’aide financière. L’Autorité Palestinienne est très dépendante de l’aide financière étrangère, spécialement celle des Etats-Unis et de l’Union Européenne, aussi bien que les pays arabes qui doivent leur salut aux Etats-Unis.
Mitchell aurait dit à l’Autorité Palestinienne que les Etats-Unis ferait pression sur Israël pour permettre l’entrée dans les zones contrôlées par l’Autorité Palestinienne de blindés russes offerts pour être utilisés contre les futurs émeutiers, comme par exemple les partisans du Hamas.
Le plan envisagé par les Américains, qui ignore et s’indiffère du droit de retour, en plus de repousser indéfiniment les questions cruciales telles que la position de Jérusalem, rencontrerait une forte opposition par seulement des groupes de libération islamiques, comme le Hamas et le reste du camp islamiste, mais aussi par une grande partie du Fatah, particulièrement de ses partisans. De même, un vaste segment chez les nationalistes palestiniens et les gauchistes feraient aussi preuve d’une grande hostilité à l’adoption du projet américain par l’Autorité Palestinienne.
Comme mentionné ci-dessus, les Américains sont le plus conscients de cela. Toutefois, l’administration Obama, probablement en coopération avec plusieurs acteurs régionaux comme l’Egypte et la Jordanie, y verrait que l’accord est conclu en dépit de l’opposition et du rejet populaire de celui-ci.
Pendant ce temps, le régime palestinien à Ramallah prépare psychologiquement les Palestiniens à une déclaration unilatérale de la création de son Etat au cours de l’année. Le premier ministre de l’Autorité Palestinienne Salam Fayyad a fait de nombreux discours promettant aux Palestiniens que l’aube de la liberté va se lever et que l’occupation israélienne va bientôt arriver à son terme. Pourtant, il est très probable que les mots euphoriques de Fayyad ne représentent plus que du vent envoyé au contrôle israélien total en Cisjordanie et une augmentation de la méfiance américano-européenne à reconnaître un Etat Palestinien autoproclamé comme légitime au vu des récentes déclarations faites par nombre d’officiels européens.  Finalement, il est crucial de se souvent qu’Israël, dont l’occupation armée contrôle chaque rue et chaque coin de Cisjordanie, incluant Ramallah, le siège du gouvernement Fayyad, a le dernier mot dans cette affaire en dépit de tout autre considération.
 En gardant cela en tête, on est incité à comprendre que chaque nouvelle déclaration de création d’Etat par l’Autorité Palestinienne n’est qu’une reproduction réchauffée de la rhétorique de la déclaration d’Indépendance de 1988. Il va sans dire qu’Israël n’aurait aucun souci à se faire avec une telle déclaration. En fait, faire ce premier pas pourrait même recevoir la bénédiction tacite d’Israël.
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Traduction de l’anglais : Yazid Slaim
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